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A quoi ressemblerait un hôpital psychiatrique conçu par les patients?

Le but du projet artistique de James Leadbitter et de Hannah Hull est de comprendre comment créer des espaces agréables et adaptés aux patients, au lieu des salles mornes et impersonnelles.

Un croquis de «Madlove» par les designers James Christian et Benjamin Koslowski
Un croquis de «Madlove» par les designers James Christian et Benjamin Koslowski

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A quoi ressemblerait le design d'un hôpital psychiatrique s'il était conçu par les patients? C'est la question posée par le projet «Madlove: A Designer Asylum» de l'artiste et militant britannique James Leadbitter (surnommé «the vacuum cleaner», l'aspirateur). James Leadbitter –dont les oeuvres ont été exposées, entre autres, au Tate Modern et au musée d'art contemporain de Chicago– a lui-même passé plusieurs séjours dans de nombreux hôpitaux psychiatriques publics.

Convaincu que le design triste des hôpitaux psychiatriques affecte les patients comme lui, James Leadbitter et sa collègue Hannah Hull ont passé des mois à organiser des ateliers à travers le Royaume-Uni pour récolter les idées de plus de 300 patients, psychiatres, architectes et designers.

Leur but était de comprendre comment créer des espaces agréables et adaptés aux patients, au lieu des salles mornes et impersonnelles.

Par email, Leadbitter m'a dit que les commentaires avaient été très variés, avec plusieurs idées mémorables, comme celle d'un jeune homme de Birmingham qui avait dit:

«Tout ce que je veux, c'est une chambre avec des oeufs de Fabergé et un marteau.»

Un croquis de Michael Duckett pendant un atelier à Newcastle pour générer des idées sur l'asile de fous idéal. 

Plus tôt en ce mois de mars, une version beta de «Madlove» a été présentée à la Foundation for Art and Creative Technology de Liverpool (FACT), où elle sera visible jusqu'au 17 mai, afin de tester le concept.

Créé avec le soutien du Wellcome Trust en partenariat avec la British Psychological Society, l'espace a été aménagé par les designers James Christian et Benjamin Koslowski. Pour James Leadbitter, il s'agit d'un «espace ludique et stimulant qui permet de repenser la folie, une tentative utopique d'imaginer ce que pourrait être un hôpital psychiatrique».

L'installation est composée d'une série de structures colorées dans un environnement «accueillant» avec un «somptueux» tapis bleu-vert, explique James Christian.

Chaque structure est une interprétation des suggestions entendues pendant les ateliers. Le but est d'offrir aux patients plusieurs niveaux «d'intimité, allant de l'isolement total à la convivialité».

Un croquis et une photo de l'intérieur de la Cooling Tower (tour rafraîchissante) 

James Christian décrit la Cooling Tower, avec son extérieur orange à rayures et son intérieur tapissé de coussins rouges comme une «version amusante des cellules capitonnées».

Elle est insonorisée afin que les gens puissent crier dedans et «se défouler». L'intérieur a été décrit, entre autres, comme une «poitrine accueillante» et «un oesophage en colère».

Croquis de Turkish Delight (délice turc), et photo de la version beta.

Le Turkish Delight est une structure rose pastel avec un intérieur anéchoïque (qui absorbe les sons) conçue comme un espace de discussion pour deux à quatre personnes. Grâce à l'effet acoustique, c'est comme «si vous chuchotiez à l'oreille de votre interlocuteur», explique Christian.

Le Staircase to Nowhere (escalier qui ne mène nulle part)

L'escalier qui ne mène nulle part est un «objet multifonction qui permet de se mettre en retrait par rapport à ce qui se passe en bas, tout en restant proche de l'action», explique le designer. Les marches servent aussi d'étagères avec des livres sur la santé mentale. Un placard sous les marches peut être utilisé comme rangement ou pour se cacher temporairement.

L'espace est couvert d'un auvent fait de parapluies retournés sur lesquels on peut projeter son choix de météo. Sur le bureau d'accueil, il y a des bouteilles avec des parfums agréables, dont un peu de lavande.

«Ce n'est qu'un aperçu d'un projet qui pourrait influencer la façon dont on conçoit les espaces de soins pour troubles psychiatriques, explique James Christian. Le défi est maintenant de lever assez d'argent pour que le projet se fasse à une plus grande échelle.»

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