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Qualification du PSG: faut-il abolir la règle du but à l'extérieur en prolongation?

Depuis trois ans, le club parisien est le meilleur promoteur d'un débat sur cette règle: deux fois éliminé dans le temps réglementaire à cause d'elle en 2013 et 2014, il en a cette fois profité.

Thiago Silva après le deuxième but parisien face à Chelsea, en huitièmes de finale de la Ligue des champions, le 11 mars 2014. REUTERS/Action Images.
Thiago Silva après le deuxième but parisien face à Chelsea, en huitièmes de finale de la Ligue des champions, le 11 mars 2014. REUTERS/Action Images.

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Qualifié pour la troisième année consécutive pour les quarts de finale de la Ligue des champions, le PSG est passé par toutes les émotions, mercredi 11 mars, sur la pelouse de Chelsea. Réduits à 10 à la demi-heure de jeu, après l'expulsion de Zlatan Ibrahimovic, les Parisiens ont été menés deux fois au score mais sont à chaque fois revenus dans les dernières minutes, d'abord par David Luiz à la fin du temps réglementaire (86e) puis par Thiago Silva en bout de prolongation (114e).

1-1, 2-2. Paris n'a pas gagné, mais Paris est qualifié. En une soirée, le scénario tant haï des supporters parisiens ces deux dernières saisons est devenu celui qu'ils peuvent chérir. Après les éliminations à Barcelone (2-2, 1-1) puis, déjà, à Chelsea (3-1, 0-2), c'est au tour du club de la capitale de profiter de la règle du but à l'extérieur, qui permet à un club de se qualifier sans avoir marqué plus de buts que son adversaire sur l'ensemble des deux matchs, comme le dispose l'article 8 du règlement de l'UEFA.

Une règle instaurée en 1965 pour (comme les tirs au but plus tard) éviter d'avoir à organiser un match d'appui en cas d'égalité, solution coûteuse en temps et en argent, et qui avait pour but de récompenser les équipes qui marquaient à l'extérieur, à l'époque où les déplacements étaient plus longs, plus fatigants et plus dépaysants, et les ambiances souvent plus hostiles. Comme nous l'écrivions en 2013, à l'époque, seulement 16% des matchs européens se terminaient par une victoire de l’équipe qui évoluait à l’extérieur: ces dernières saisons, la proportion est plus de l'ordre d'un tiers.

Cette règle fait de plus en plus débat. En 2013, le Guardian la jugeait ainsi illogique et contre-productive –elle inciterait les équipes à être excessivement prudentes à domicile, un 0-0 faisant figure de «bon» résultat– contrairement à d'autres qui estiment qu'elle apporte plus de spectacle.

Un débat qui prend un tour particulier autour de la question de la prolongation: certains observateurs jugent que cette règle ne devrait être appliquée que durant le temps réglementaire, mais pas durant la prolongation. Sur l'ensemble des deux matchs, Chelsea, qui a gagné le droit de recevoir au retour en terminant premier de son groupe, a disposé de 90 minutes pour inscrire des buts à l'extérieur. Paris, qui a terminé deuxième de sa poule, en a eu 120.

«Avantage injustifié»

Ce n'est qu'à partir de 1970 que la règle du but à l'extérieur s'est également appliquée à la  prolongation. En 2013, après l'élimination de l'Inter Milan face à Tottenham à cause de cette règle, un billet publié sur le site Sportskeeda pointait son injustice potentielle:

«Quand on y pense, il est logique de dire que ces 30 minutes supplémentaires doivent être considérés comme une nouvelle partie, avec aucun poids spécifique pour les buts à l'extérieur. Avec cette règle du but à l'extérieur, on a donné aux Spurs un avantage injustifié. Ils avaient 30 minutes de plus pour marquer ce but si important auquel l'Inter n'avait pas droit. Si l'UEFA veut que cela reste équitable, alors elle devrait supprimer la règle du but à l'extérieur lors de la prolongation. Si cela s'était produit, l'Inter aurait eu une chance de se qualifier pour le tour suivant, puisque le nul aurait conduit les deux équipes aux tirs au but.»

Ironie de l'histoire, c'est aussi ce que José Mourinho, l'entraîneur de Chelsea, avait avancé en mars 2014, avant de recevoir le PSG en quarts de finale:

«Le match retour est toujours un avantage pour l'équipe qui joue à l'extérieur, pas pour celle qui joue à domicile. Parce que, en cas de prolongation, les visiteurs ont trente minutes de plus pour marquer un but qui comptera double! Donc c'est mieux de se déplacer au retour.»

Sepp Blatter, le président de la toute puissante Fifa, s'était également interrogé sur ce sujet dans Fifa Weekly, en octobre dernier, rapportait alors L'Equipe:

«Pourquoi ne pas faire comme en MLS ou en C1 centre-américaine où la règle du but à l'extérieur s'applique uniquement pendant les 90 minutes initiales?»

Les entraîneurs européens avaient d'ailleurs évoqué la possibilité d'annuler cette règle en prolongation, en 2010, lors d'un forum organisé par l'UEFA, mais ils s'étaient finalement mis d'accord sur un statu quo.

«Equitable pour les deux équipes»

Et c'est peut-être ce qu'il y avait de mieux à faire, en fait. En 2013, sur son blog 5 added minutes, Omar Chaudhuri avait calculé qu'une qualification (en prolongation) sur trois d'une équipe à l'extérieur était due à cette règle.

Comme il l'explique, il est possible que la règle du but à l'extérieur rééquilibre le fait que l'autre équipe joue 30 minutes de plus devant son public. Sur la période 1970-2013, avec cette règle, l'équipe qui joue à domicile s'est qualifiée 50 fois avant les tirs au but (55%), l'équipe qui joue à l'extérieur 41 fois (45%). S'il n'y avait pas eu la règle du but à l'extérieur, 14 de ces rencontres seraient allées aux tirs au but, et l'équipe à domicile se serait qualifiée 50 fois avant l'exercice (65%) et celle à l'extérieur seulement 27 fois (35%).

C'était aussi l'argument avancé par Mark Taylor sur un autre blog, The Power of Goals. Il y estimait que, avec la règle du but à l'extérieur en prolongation, l'UEFA a «presque entièrement éliminé l'avantage de l'équipe à domicile de jouer une plus longue période sur son terrain. Les règles telles qu'elles existent permettent d'offrir une demi-heure spectaculaire et à suspense de jeu en plus, tout en restant équitable pour les deux équipes».

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