Égalités / Économie

Comment lutter contre la confiscation de la parole des femmes au travail

Le visage d’une employée de la Tate Modern Gallery se reflète, travail de l’artiste Gerhard Richter, le 4 octobre 2011 à Londres. REUTERS/Luke MacGregor
Le visage d’une employée de la Tate Modern Gallery se reflète, travail de l’artiste Gerhard Richter, le 4 octobre 2011 à Londres. REUTERS/Luke MacGregor

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur NYT, Time

Quand Glen Mazzara produisait la série télé The Shield, il s'est rendu compte que deux jeunes femmes scénaristes ne disaient rien pendant les réunions. Il les a prises à part pour les encourager à prendre la parole, ce à quoi elles ont répondu: «Regarde ce qui se passe quand on parle».

Et en effet, presque à chaque fois qu'elles ont commencé à parler, elles ont été interrompues ou leur proposition descendue avant même qu'elles n'aient terminé. Quand c'était une bonne idée, un scénariste homme les interrompait et finissait leur proposition –se l'appropriant au passage. C'est avec cette anecdote que commence une tribune dans le New York Times de Sheryl Sandberg, la directrice des opérations de Facebook, et Adam Grant, professeur à l'école de finance de la prestigieuse université de Pennsylvanie. 

Ils y expliquent que dans le monde du travail, cette expérience est loin d'être inhabituelle. «Quand une femme parle, elle est sur la corde raide. Soit on ne l'entend presque pas, soit on la juge trop agressive».

Selon une étude récente d'une professeure de psychologie de la fac de Yale, les cadres hommes parlant plus que leurs pairs sont vus comme 10% plus compétents. Mais quand les femmes cadres parlent plus que leurs pairs, elles sont vues comme 14% moins compétentes. 

Pour Sandberg et Grant, cette inégalité –et sa conséquence qui est que de nombreuses femmes prennent moins la parole au travail– est néfaste pour les entreprises, qui se privent ainsi de bonnes idées. Comment les entreprises et les employés peuvent-ils lutter contre ces préjugés? Sur le tournage de The Shield, Glen Mazzara a instauré une règle de «non-interruption», demandant que personne n'interrompe un ou une scénariste en train de proposer une idée. En plus de fonctionner, cette nouvelle règle a rendu toute son équipe plus efficace.

Time.com surnomme ce phénomène «manterruptions» (contraction de «man» et «interruptions») et note que les femmes interrompent aussi davantage les autres femmes que les hommes. Le site propose quelques autres manières de lutter contre ces interruptions en tant qu'homme ou femme, membre d'une équipe ou patron, parmi lesquelles:

  • Agir en tant qu'observateur: si vous voyez quelqu'un interrompre quelqu'un d'autre, lui faire un signe ou dire que vous voudriez entendre ce que la première personne a à dire.
  • Assumer ses prises de position: ne pas s'auto-saper en commençant par des phrases comme «je ne sais pas si j'ai raison mais...» ou «je dis peut-être une bêtise mais...», parler en étant sûre de soi, et ne pas s'excuser avant de prendre la parole.
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