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Après la revendication de l’attaque de Charlie Hebdo, des questions restent sans réponse

al-Qaida a mis du temps à revendiquer l’attentat contre le journal, laissant planer de nombreux doutes sur son implication réelle.

Nasser Ben Ali al-Anassi, qui a revendiqué au nom d'al-Qaida l'attaque de Charlie Hebdo. Impression écran YouTube.
Nasser Ben Ali al-Anassi, qui a revendiqué au nom d'al-Qaida l'attaque de Charlie Hebdo. Impression écran YouTube.

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Quartz, The New York Times, Vocativ

Dans une vidéo diffusée mercredi 14 janvier, un des leaders d’al-Qaida au Yémen, Nasser Ben Ali al-Anassi, affirme avoir commandité l’attaque contre Charlie Hebdo en choisissant la cible et en finançant le plan d’attaque:

«En ce qui concerne la sainte bataille de Paris: nous, l'organisation al-Qaida du djihad dans la péninsule arabique, revendiquons notre responsabilité dans cette opération comme vengeance pour le messager d'Allah.»

Une revendication qui peut paraître étonnante au regard de ce que l’on sait du troisième terroriste, Amedy Coulibaly. Ce dernier, qui s’est «synchronisé» avec les frères Kouachi, a affirmé dans une vidéo posthume qu’il avait commis ses actes au noms de l'organisation Etat islamique, un rival de longue date d’al-Qaida.

De ce fait, comment deux groupes distincts auraient-ils réussi à coordonner leurs attaques? Ces questions et d’autres sont actuellement au cœur d’un débat entre des spécialistes de ces groupes terroristes, comme l’explique le site Quartz, qui explique par exemple que «si cela ne serait pas inhabituel pour les islamistes des deux groupes de sympathiser, une coopération rapprochée entre eux seraient surprenante».

Pour le New York Times, un autre point important et encore flou concerne le lien même entre les frères Kouachi et la branche d’al-Qaida dans la péninsule arabique. «Je pense que Chérif Kouachi s’est bien engagé comme membre d’al-Qaida au Yémen, mais qu’il n’a pas pleinement intégré l’organisation», explique au quotidien l’expert Brian Fishman, de la New America Foundation, avant d’ajouter: «Peut-être méfiant envers les agents occidentaux infiltrés, al-Qaida n’a alors offert qu’un entraînement minimal, les orientant vers la liste publique de leurs cibles, avant de les renvoyer.»

Cette attaque, comme le souligne le journal américain, montre une évolution tactique importante au sein d’al-Qaida: «La structure de commandement, plus souple, réduit les communications et donc les chances d’interceptions par les agents du renseignement».

Le site Vocativ estime de son côté que le fait de revendiquer une attaque une semaine après apporte un certains nombres d’informations précises. «Il est possible que le groupe al-Qaida n’ait pas été informé du plan spécifique de l’attaque», estime le site, avant de citer Michael Ryan, de la fondation d’analyse et de recherche Jamestown: «Cette vidéo n’a pas été montée à la va-vite. Ils ont pris du temps de faire une production de qualité pour la rendre impressionnante.» Ce délai d’attente aurait également été un moyen de ne pas dévoiler d’informations trop vite afin de permettre aux éventuels complices des frères Kouachi de quitter la France.

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