Culture

Pourquoi les bandes-annonces commencent vraiment à nous fatiguer

Sorties très longtemps à l'avance, les bandes-annonces créent une excitation démesurée, quitte à décevoir le spectateur qui aura payé son ticket pour voir le film en salle.

Extrait du dernier volet des aventures du Hobbit. <a href="http://www.allocine.fr/film/fichefilm-210516/photos/detail/?cmediafile=21160220">Via Allociné</a>
Extrait du dernier volet des aventures du Hobbit. Via Allociné

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Atlantic, Daily Mail, Vodkaster

Vous êtes confortablement installé dans votre siège de cinéma, du pop-corn de la séance précédente collé sous les chaussures, prêt pour voir le dernier volet des aventures du Hobbit. Mais avant ça, il faudra regarder entre 15 et 20 minutes de publicités, et surtout des bandes-annonces. Si à chaque fois vous les trouvez longues et révélant trop de détails sur l’intrigue, rassurez-vous, vous n’êtes pas seul: les bandes-annonces, ou trailer, ou teaser (on ne sait plus comment les appeler) agacent beaucoup de monde.

A commencer par les salles de cinéma. Le site The Atlantic rapporte que les l’Association nationale des propriétaires de salles aux Etats-Unis a demandé à ce que les bandes-annonces ne dépassent pas 2 minutes, contre 2 minutes et 30 secondes auparavant, et qu’elles ne soient pas diffusées plus de quatre mois avant la sortie en salle.

Mais plus important, le problème vient surtout du «style de ces publicités, surchargées, trop rapides, généralement incompréhensibles», selon le site, qui ajoute:

«Les bandes-annonces sont hyper-vendeuses, elles montrent, mais ne racontent pas: les trailers sont plus rapides, contiennent moins de narration et plus d’explosions, montrent des scènes-clé, et contiennent des images tournées juste pour le trailer. Visuellement, c’est pour la frime. Intrinsèquement, c’est fatigant.»

L’exemple parfait, c’est la bande-annonce du prochain Fast & Furious, le septième de la saga (oui, ça commence à faire beaucoup).

On y voit des explosions et de la bagarre, mais aussi et surtout une scène d’action quasi complète, très impressionnante il faut l’avouer, où feu Paul Walker échappe in-extremis à une chute dans un ravin. La séquence a beaucoup fait parler d’elle sur Internet et prend le risque d’en dévoiler trop sur l’intrigue, quitte à décevoir les spectateurs lors du visionnage du film en entier. Dans un sondage rapporté par le Daily Mail début novembre, 80 % des personnes interrogées ont estimé que la bande-annonce était souvent plus excitante que le film, et certains sont allés jusqu’à dire que les trailers de Man of Steel et de Grand Budapest Hotel étaient meilleurs que les films.

Qu’importe pour les producteurs, une bande-annonce qui a bien marché, c’est un succès quasi-assuré en salle, comme l’explique le site Vodkaster. Etant donné le succès de la bande-annonce du Cendrillon de Kenneth Branagh (4,2 millions de vues en 24 heures sur YouTube, 33 millions du Facebook), «la qualité du film devient accessoire. On n’ira pas voir Cendrillon tiré de l’œuvre de Charles Perrault, on ira voir Cendrillon, le film tiré de la bande-annonce à succès.»

Lors de la sortie du fameux teaser du prochain Star Wars, l’excitation des fans a atteint un niveau d’une rare intensité. Vodkaster raconte également ce moment d’hystérie dans les salles de certains cinémas américains où devaient être projetés en exclusivité les premiers extraits:

«Le comble, c’est que personne n’annonce avec assurance avant quel film il sera montré: on s’en fiche, on achètera son ticket pour n’importe quoi; comme le client d’une parfumerie achèterait un produit uniquement pour avoir des échantillons gratuits.»

Le film est toujours en production, et ne sortira qu’en décembre 2015. Mais The Atlantic reconnaît que J.J. Abrams a réussi avec ce teaser ce que beaucoup n’arrivent plus à faire: «C'est une masterclass sur comment tirer le maximum d'un temps court sans en dévoiler trop de contenu.» De quoi justifier un cinquantième visionnage. 

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