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Bienvenue dans l’ère de l’autocensure sur Internet

Alors qu’Internet et les réseaux sociaux étaient censés libérer la parole, on assiste aujourd’hui à l’inverse, notamment par crainte d’une vindicte populaire en ligne.

Speak no evil, See no evil, Hear no evil. <a href="https://www.flickr.com/photos/rosedavies/110850792/">Photo Flickr CC by Rose Davies</a>
Speak no evil, See no evil, Hear no evil. Photo Flickr CC by Rose Davies

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Medium, Pew Research Center

«Dois-je poster cette photo ?» Si vous êtes inscrit un ou plusieurs réseaux sociaux, vous avez déjà dû vous poser la question. Car, comment savoir ce qu’il en ressortira? Comment être sûr(e) que cette blague postée sur Twitter, ou cette photo publiée sur Facebook, ne vont pas vous attirer des ennuis?

Pour Dave Pell, qui écrit sur la plateforme Medium, nous allons entrer dans une «ère de l’autocensure» sur Internet. Car tout ce qui nous y publions est risqué, et peut avoir des conséquences graves sur le long terme.

Il cite par exemple le tweet de Justine Sacco, cadre de la société américaine IAC. Avant de décoller pour l’Afrique, elle avait posté sur le réseau social le message suivant:

«Je vais en Afrique. J’espère ne pas attraper le SIDA. Je plaisante. Je suis blanche!»

Pas le temps de l'effacer, le message a été retweeté, publié dans de nombreux médias, et a provoqué la colère de milliers d’internautes. «Une fois [qu’un tweet offensant] vous a ruiné, ça continuera de vous ruiner. Internet est comme la cafétéria du lycée. Sauf que cette cafétéria a des milliards d’étudiants», note Dave Pell.

Plus récemment, le CelebGate ou encore le leak Sony ont montré que même les photos privées et les mails personnels peuvent désormais être jetés sur la voie publique. Peu importe que l'on soit connu ou pas du grand public, comme l'a prouvé la fuite de photos des utilisateurs de l'application Snapchat. Facebook peut également être piégeux puisque, comme vous nous l'expliquions ici, il collecte les messages ou les statuts que vous tapez sur le site, même si vous n'appuyez pas sur «Envoyer» ou «Publier». L'entreprise américaine considérant que cela fait partie des données intéressantes en terme d'interaction. Désormais, toute trace laissée sur Internet, en privé ou pas, peut se retourner contre vous. «Le risque associé à la diffusion de nos pensées sera peut-être suffisant pour transformer l’ère de la "communication numérique ouverte" en âge du "fermez-là".»

Face à ce risque constant de se retrouver en délicatesse, qui que l'on soit, Dave Pell ironise:

«Alors ne tweetez pas. Cela n’en vaut pas la peine. Ne passez pas d’appel téléphonique. Vous allez être enregistré. N’envoyez pas d’emails. Tôt ou tard, nous allons les lire. Ne prenez pas selfies de vous nu, parce qu’un taré trouvera une façon d’aller dans votre téléphone pour les partager dans les endroits les plus minables d’Internet. Et nous devrons alors les regarder.»

Fin août, le Pew research center a publié une étude sur le sujet, évoquant une «spirale du silence» sur les réseaux sociaux. Ce genre de site Internet encourage en effet l’auto-censure. 1.801 Américains ont été interrogés sur leur comportement en ligne vis-à-vis de leur opinion sur l’affaire Snowden (sujet qui divise énormément aux Etats-Unis). Les utilisateurs de Twitter et Facebook seraient ainsi moins enclins à partager leur opinion en cas de face à face. Et encore moins en ligne «s’ils ont l’impression que leurs amis Facebook ou followers Twitter ne partagent pas leur point de vue», conclut l’étude. 

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