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Une partie des Roumains continue de penser que Ceausescu a été frappé par une malédiction

Nicolae Ceaușescu et Pol Pot en 1978, via Wikipedia, License CC.
Nicolae Ceaușescu et Pol Pot en 1978, via Wikipedia, License CC.

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Der Spiegel, Voyage Michelin

Le 25 décembre prochain, cela fera 25 ans que le dictateur roumain Nicolae Ceausescu et son épouse Elena [attention, images choquantes] ont été fusillés à la suite d'un procès expéditif. Beaucoup de Roumains continuent pourtant de croire que la mort du dictateur est liée à une malédiction, explique l'hebdomadaire Der Spiegel, car celui-ci s'est fait beaucoup d'ennemis au sein du peuple en faisant régner la terreur dans le pays durant près d'un quart de siècle.

Der Spiegel rapporte l'histoire d'un paysan roumain, Marin Craciun, qui s'était rebellé avec d'autres agriculteurs de Vadu Rosca, un petit village situé à environ 200 kilomètres au nord de Bucarest, contre la collectivisation de leurs terres. Cette révolte avait été réprimée dans le sang par l'armée roumaine en décembre 1957. Panzers et canons contre faux et râteaux. C'était Nicolae Ceausescu, alors âgé de 39 ans, qui dirigeait les opérations militaires. Au milieu de ses camarades blessés, le jeune Marin Craciun fit semblant d'être mort, et lorsque le futur dictateur posa sa botte sur son ventre, il se mit à le maudire, comme il s'en souvient plus de cinquante ans plus tard:

«Je l'ai maudit de toutes mes forces, de manière particulièrement mauvaise, avec tout son clan et à cause de tous nos morts.»

En 1984, lorsque Nicolae Ceausescu a décidé de détruire 22 églises et plusieurs bâtiments historiques pour moderniser Bucarest, parmi lesquels le Spitalul Brancovenesc, un hôpital qui avait été créé au XIXème siècle pour y soigner les pauvres, on pouvait lire sur une plaque de marbre apposée sur la façade que «celui qui toucherait aux murs du bâtiment périrait durant un jour férié». Comme le note Der Spiegel:

«La croyance de nombreux Roumains selon laquelle Ceausescu […] avait été bel et bien frappé par une malédiction le jour de Noël de l'année 1989, a ainsi été confortée. »

La tombe des époux Ceausescu, enterrés au cimetière de Ghencea, à Bucarest, est aujourd'hui à la fois un lieu de pèlerinage pour les nostalgiques de la dictature communiste et une attraction touristique, comme le rapportait le site du Guide Vert Michelin l'an dernier, citant l'AFP. À une centaine de kilomètres au nord-ouest de Bucarest, la base militaire de Targoviste, où ont été exécutés Nicolae et Elena Ceausescu, est d'ailleurs désormais ouverte au public. Comme l'explique Ovidiu Cârstina, directeur du musée d’Histoire de Targoviste:

«Notre but est de montrer les choses comme elles se sont passées, sans faire de commentaires sur le procès, la vie du couple ou le culte de la personnalité.»

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