Sciences / Culture

Ecarter la mer en deux comme Moïse dans «Exodus», est-ce scientifiquement possible?

Capture d'écran des «Dix commandements», de Cecil B. DeMille, 1956.
Capture d'écran des «Dix commandements», de Cecil B. DeMille, 1956.

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Washington Post, The Wall Street Journal

Moïse qui sépare la mer Rouge en deux: voilà une image à laquelle on va avoir du mal à échapper en ce mois de décembre, entre la sortie cinéma d’Exodus: Gods and Kings, de Ridley Scott, et les inévitables rediffusions télévisées des Dix Commandements de Cecil B. DeMille à l’occasion des fêtes. Si dans ce dernier film, Moïse écartait les eaux en deux murs, Ridley Scott promet quant à lui que les eaux d’Exodus s’effaceront de manière plus réaliste, à la suite d’un tsunami, rapporte The Wall Street Journal. Quoi qu’il en soit, ce phénomène considéré comme un miracle a peut-être une (voire plusieurs) explications scientifiques.

Comme nous l’expliquions déjà sur Slate, une équipe du National Centre For Atmospheric Research de l’Université du Colorado avait effectué en 2010 des simulations du phénomène par ordinateur. Ces dernières auraient permis de découvrir qu’un vent de l’est aurait soufflé pendant 12 heures et aurait pu écarter les eaux en créant un passage d’environ 3 km sur 5, béant pendant quatre heures.

La direction supposée de ce vent laisse penser que la séparation des eaux n’aurait pas eu lieu dans la mer Rouge, mais dans le delta du Nil. Carl Drews, auteur du livre Between Migdol and the Sea: Crossing the Red Sea with Faith and Science, qui a dirigé les recherches, expliquait que la traduction originale des termes en hébreu «yam suf» seraient non pas la mer Rouge, mais la «mer des Roseaux». Les investigations archéologiques menées par le chercheur pour retrouver ce lieu donnent à penser qu’il s’agirait du lac de Tanis, situé sur l’une des branches du Nil, rapporte The Washington Post. Carl Drews le décrit:

«Un lac saumâtre peu profond, et c’était l’endroit idéal pour que les roseaux de papyrus grandissent. Alors si vous voulez trouver une mer de roseaux, même aujourd’hui, c’est ça.»

Quant au vent d’est, il s’agirait d’un «wind setdown», un phénomène où le vent crée une poussée sur l’eau côtière, ce qui entraîne une onde de tempête. L’eau s’éloigne alors du lieu d’où vient le vent, le laissant sec.

La version de Ridley Scott, selon laquelle les eaux se retireraient avant un tsunami provoqué par un tremblement de terre, ne tient pas, selon The Wall Street Journal. En effet, les eaux côtières reculent pendant 10 à 20 minutes devant un tsunami, ce qui aurait été insuffisant pour laisser passer les compagnons de Moïse, d’autant que ce dernier n’avait aucun moyen de prévoir le tremblement de terre.

En revanche, le retrait des eaux aurait bien une explication: il serait dû à la marée du Golfe de Suez. En 1798, le même phénomène s’est produit lorsque Napoléon Bonaparte et ses soldats ont voulu traverser le Golfe: la mer s’était retirée temporairement sur 1,6 kilomètre. Or Moïse connaissait les marées. Il avait vécu dans le désert, et savait à quel moment les caravanes traversaient la mer Rouge. Cette théorie pourrait être renforcée par une version de la traversée de la mer Rouge relatée par l’historien hellénique Artpanus, selon laquelle «Moïse, qui était familier avec le pays, a attendu le reflux et a fait traverser les gens quand la mer était sèche».

Encore faut-il, pour valider ces théories, être convaincu que les événements de la Bible peuvent avoir une explication scientifique. En 2010, l’étude de Carl Drews et son équipe avait ainsi suscité des critiques de la part des croyants et des athées, selon le Washington Post. Les premiers affirmaient qu’il s’agit d’un événement surnaturel dont la science n'avait pas à se mêler, tandis que les seconds voyaient dans le récit de l’Ancien testament un pur produit d’imagination.

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