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L'ancien procureur général d'Israël demande aux Européens de reconnaître l'Etat de Palestine

«Jérusalem» écrit en arabe sur la controversée barrière de sécurité israélienne, non loin de Ramallah, en Cisjordanie, en juillet 2013. REUTERS/Mohamad Torokman
«Jérusalem» écrit en arabe sur la controversée barrière de sécurité israélienne, non loin de Ramallah, en Cisjordanie, en juillet 2013. REUTERS/Mohamad Torokman

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur EU Observer, The Washington Post

«Le peuple palestinien a le droit a un Etat indépendant.»

Michael Ben-Yair est l'ancien procureur général d'Israël. Le 21 novembre, dans une tribune publiée sur EU Observer, il félicite la Chambre des communes britannique, le sénat irlandais et le parlement espagnol d'avoir suivi l'exemple du gouvernement suédois, qui a, en octobre, reconnu l'Etat de Palestine, aux côtés de celui d'Israël, selon les frontières reconnues en 1967. Et implore le reste de l'Europe de faire de même.

«Cette étape n'est pas seulement juste, elle protège aussi les intérêts de sécurité nationale des deux nations.»

Michael Ben-Yair fait également une violente critique de la politique israélienne:

«La Cisjordanie est un territoire occupé depuis plus de 47 ans. Pendant cette période, nous avons ignoré les traités, exproprié des terres, transféré des colons israéliens d'Israël vers les territoires occupés; avons déshérité et volé. Nous avons justifié toutes ces actions au nom de la sécurité.

Au fil des années, les raisons de cette occupation ont changé pour en arriver à ceci: l'exploitation économique des territoires occupés pour le bien-être des colons israéliens et leurs besoins.

Dans notre soif de maintenir le contrôle des territoires occupés, nous avons développé deux systèmes légaux: un système progressiste pour Israël et les colons israéliens; et un autre cruel et violent pour les Palestiniens dans les territoires occupés.

Dans les faits, nous avons imposé un régime d'apartheid dans les territoires occupés, immédiatement après leur conquête. Ce régime oppressif continue encore aujourd'hui.»

Cette tribune arrive alors que ce jeudi 27 novembre, rappelle le Washington Post, le Parlement européen va se réunir à Strasboug et voter pour savoir s'il doit ou non reconnaître la Palestine comme un Etat indépendant. Et comme l'explique le quotidien américain:

«La délibération arrive à un moment crucial: ces dernières semaines, plusieurs gouvernemens européens ont fait un pas vers la reconnaissance de la Palestine comme un Etat indépendant. La Suède l'a officiellement reconnue en octobre, devenant le pays européen le plus important à avoir agi ainsi. Des votes symboliques ont également eu lieu en Grande-Bretagne, Espagne et Irlande depuis. Le parlement français doit lui se prononcer le 2 décembre.»

Mais le vote –ou non– du texte examiné vendredi 28 à l'Assemblée nationale qui «invite le gouvernement français à reconnaître l'Etat de Palestine en vue d'obtenir un règlement définitif du conflit» n'aura aucune incidence immédiate.

Invité de France Inter, ce mardi matin, Laurent Fabius a été interrogé sur ce sujet (à partir de 3'45"). Le ministre des Affaires étrangères a tenu à rappeler que: 

« Il faut que ce soit bien clair et ça l’est pour tout le monde. Autant le Parlement, en l’occurrence, l’Assemblée nationale peut voter des invitations à quelque chose, autant la décision relève du gouvernement et du président de la République.»

Laurent Fabius a d'ailleurs laissé entendre que le gouvernement français n'était pas sur le point de reconnaître un Etat palestinien:

«Jusqu’à présent, il a toujours été dit: c’est dans le cadre d'une négociation qu’au moment venu, il y aura la reconnaissance. Et ça se comprend très bien, parce que, pour que la reconnaissance soit effective, il faut aussi que du côté d’Israël, il y ait un certain nombre de… bon... Mais comme la négociation n’a pas lieu, on se trouve dans une espèce de butoir, une espèce de voie sans issue.

La France, avec d’autres partenaires, essaie d’avoir une action sur trois fronts. D’une part, aux Nations unies pour voir si on ne peut pas trouver une résolution qui permette à tout le monde de se rassembler. Ensuite, nous sommes favorables à l’idée d’une conférence internationale, parce que ce que l’on constate, si vous voulez, c’est que les parties –c’est-à-dire Israël et la Palestine– discutent. Mais lorsqu’ils arrivent au bout de la discussion, historiquement, ils n’arrivent plus à se mettre d’accord. Et donc il faut un accompagnement international, et c’est dans ce cadre que peut intervenir à un moment venu la reconnaissance.»

Aux côtés de 137 autres pays, la France avait voté pour l'attribution du statut d'Etat observateur à la Palestine, en novembre 2012. Israël avait alors violemment critiqué ce choix, le qualifiant «d'obstacle à la paix».

Dans le même sens, Benyamin Netanyahou a averti la France le 23 novembre que «la reconnaissance d'un Etat palestinien par la France serait une grave erreur».

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