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Sur Twitter, la théorie des «six degrés de séparation» ne fonctionne pas

<a href="https://www.flickr.com/photos/thefangmonster/4684071240">Site graph of barnesandnoble.com</a> / Noah Sussman via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/">License By</a>
Site graph of barnesandnoble.com / Noah Sussman via Flickr CC License By

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur City Lab, PLOS One

La théorie des «six degrés de séparation», qui affirme qu’il suffit de six étapes au maximum pour relier tout être humain à un autre, par exemple un chauffeur de taxi de Pékin au président des Etats-Unis, est une des plus célèbres en sciences sociales. Mais aussi une des plus discutées.

Dans l’expérience «small world» réalisée par Stanley Milgram en 1967, qui a popularisé cette notion, le psychologue (auteur par ailleurs d'une des plus célèbres expériences de psychologie) demandait à un Américain du Midwest de transmettre un pli à un habitant de Boston, en passant par une connaissance, laquelle connaissance transmettait la lettre, etc.

L’expérience obtint des résultats mitigés: le nombre de degrés de séparation des lettres qui atteignaient leur destinataire final était proche de 6, mais un grand nombre de plis n’arriva jamais à destination pour diverses raisons. 

Illustration d'un chemin utilisé dans l'expérience «Small world» de Stanley Milgram, sur Wikipedia

Le site City Lab se penche sur une étude menée par le physicien Gábor Vattay et publiée sur la revue en ligne PLOS One. Les chercheurs de son équipe ont commencé à compiler il y a plus de deux ans des tweets auxquels correspond une localisation. La «carte virtuelle de l’amitié humaine» qu’ils ont réalisée sur la base de ces données rend compte de plus de 6 millions de «nœuds», chaque nœud étant un individu qu’ils ont pu localiser. Ils ont ensuite choisi des paires d’individus résidant dans deux agglomérations éloignées pour déterminer quel chemin entre les deux serait le plus court –histoire de soumettre à nouveau à l’examen l’hypothèse des six degrés de séparation.

Résultat: dans un premier temps, le nombre de sauts nécessaires pour aller d’un individu au voisinage géographique d’un autre est compris entre 3 et 6. Mais une fois cette étape franchie, les chercheurs constatent qu’une sorte de barrière empêche le message d’arriver à son destinataire final. Il devient impossible de «naviguer», écrivent les auteurs, dans le réseau une fois qu'on approche des portes de la cité. 

C’est le cas dans les villes les plus densément peuplées, «dans lesquelles la proximité spatiale perd de son efficacité pour localiser une personne». Des constats cohérents, note City Lab, avec les propres expériences de Milgram. Dans celles-ci, les intermédiaires rusaient et utilisaient d’autres informations que la proximité géographique pour atteindre la cible: par exemple envoyer le pli à un plombier qu'ils connaissaient si c’était la profession du destinaire final. 

L’avènement des réseaux sociaux numériques a été l’occasion de tester cette célèbre théorie avec de nouveaux outils. Par exemple, des chercheurs ont calculé que sur Facebook, le nombre de degrés de séparation était de 4,74 et non de 6. Une variante ludique de l’expérience consiste à calculer le nombre de professionnels du cinéma pour atteindre l’acteur Kevin Bacon, connu pour être le plus connecté d’Hollywood. Sauf qu'en fait, il faudrait l'appliquer à l'acteur Dennis Hopper qui, avec 2,89 degrés de séparation en moyenne, serait le vrai centre de l’univers cinématographique. 

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