Culture

Les jeux vidéo peuvent-ils nous apprendre l'Histoire?

Assasin's Creed Unity plonge en plein coeur de la Révolution Française / Ubisoft
Assasin's Creed Unity plonge en plein coeur de la Révolution Française / Ubisoft

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Verge

Dans un article publié le 18 septembre, The Verge s'intéresse à la fonction pédagogique des jeux vidéo. Ces derniers sont de plus en plus nombreux à offrir aux joueurs une reconstitution historique ludique.

En témoigne 1979 The Game, dont la sortie est prévu en mars 2015. Le joueur peut incarner un photojournaliste iranien pendant la révolution qui a renversé le Shah Mohammed Reza Pahlavi.

Navid Khonsari, le concepteur de 1979, qui a lui-même vécu les manifestations, explique sa démarche au site américain:

«Je veux que vous ressentiez ce que c’est que d’être une personne dans une foule de manifestants, et que vous puissiez voir comment votre propre moralité vous guide dans cette histoire.»

Selon Andrew Elliot, maître de conférences spécialisé en études médiatiques et culturelles, si chaque action du personnage a des conséquences sur le jeu, c'est pour mieux enseigner aux joueurs que des décisions, aussi mineures soient-elles, ont influencé l'Histoire. 

Les jeux vidéo immersifs peuvent ainsi être une façon de comprendre la chose la plus difficile à communiquer au sujet de l'Histoire: qu'entre le récit et les photos officielles d'un événement, il y avait aussi un millier de conclusions possibles. 

Assassin’s Creed Unity, qui sortira en novembre, plantera son décor à Paris, en pleine Révolution française de 1789.

Une invasion d'extraterrestres pendant la guerre d'indépendance des Etats-Unis

Mais, même si les développeurs d'Assassin's Creed, réputés pour leur perfectionnisme, collaborent étroitement avec des historiens pour reproduire un espace-temps cohérent, le jeu prend souvent le pas sur la véracité des faits.

Lors de la phase de développement d'Assasin's Creed III, sorti en 2012, les concepteurs canadiens interrogeaient régulièrement les fans américains sur leur connaissance de la guerre d’Indépendance des Etats-Unis pour trouver une histoire suffisamment surprenante pour un public américain. D’après Alex Hutchinson, le directeur créatif du jeu, les Américains avaient autant tendance à s'identifier à Christophe Colomb et Billy The Kid que George Washington ou Benjamin Franklin. Néanmoins, pour plus de 7 millions de joueurs, Assassin's Creed III a ainsi constitué une véritable découverte de la guerre d’Indépendance américaine. 

Reste qu'en faisant intervenir des extraterrestres, l'épisode devient par la même occasion un bon vieux jeu de science-fiction. Et, à quelques semaines de l'arrivée du cinquième opus, quelques blogueurs spécialistes en la matière craignent que le jeu n'ait pas respecté un devoir de véracité qu'ils estiment nécessaire.

La saga Ubisoft Montréal n’est pas la seule à prendre des libertés avec le réalisme historique. Les jeux de stratégies ne prennent pas forcément compte de la complexité de bâtir un Etat: mener les batailles de façon plus agressive est indispensable pour avancer dans Age of Empires, par exemple.

Le représentant d'une entreprise de développement de jeux, interrogé par The Verge, explique:

« S’il fallait faire un choix entre l’exactitude historique et le divertissement, nous choisirions le divertissement à chaque fois.»

Un terrain risqué

Les rares jeux vidéo qui choisissent de représenter des moments spécifiques de l'Histoire en demandant à leurs joueurs d'incarner de vrais personnages sont controversés. Avec en première ligne JFK : Reloaded, jeu vidéo dans lequel il est possible d'incarner le rôle de l'assassin du président américain. 

The Verge rappelle:

«Réécrire des événements de la vie réelle est risqué, et empiète sur le territoire du semi-sacré: l'Histoire est une des choses sur lesquelles l'identiténationale et autres– se construit.»

Réviser en jouant est à double tranchant. L’aspect historique, loin d’être un élément de fond anecdotique, influence toute l’expérience du jeu mais n’en devient que très rarement le motif principal. Le contexte sert uniquement à mieux intégrer une fiction. En définitive, que ce soit sur PC ou sur console, l’Histoire est certes votre terrain de jeu, mais ça s’arrête là.

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