Santé

Ebola: les médecins africains sont-ils sacrifiés?

Au Liberia, le 2 septembre 2014. REUTERS/Reuters TV.
Au Liberia, le 2 septembre 2014. REUTERS/Reuters TV.

Temps de lecture: 2 minutes

Un médecin sierra-léonais, le Dr Olivet Buck, qui dirigeait l’hôpital public Lumley à Freetown, est mort, dimanche 14 septembre, d’une infection Ebola dans son pays. C’est le quatrième médecin qui meurt d’Ebola en Sierra Leone. La victime était âgée d’une soixantaine d’années et avait été diagnostiquée positive le 9 septembre.

«C’est une nouvelle triste perte pour la profession», a déclaré le Dr Brima Kargbo, responsable des services médicaux sierra-léonais, qui a précisé que le ministère de la Santé «déplorait la disparition d’un autre combattant dans la lutte contre Ebola».

On avait appris peu de temps avant la mort d'Olivet Buck que l’OMS avait indiqué «ne pas pouvoir répondre favorablement» à une demande de la Sierra Leone de transporter ce médecin à l’étranger, où elle aurait pu y être pris en charge de manière mieux adaptée. Les trois autres médecins sierra-léonais morts d’Ebola ces dernières semaines avaient aussi été pris en charge localement. Les médias anglo-saxons précisent qu’un document émanant du bureau du Président Ernest Bai Koroma avait approuvé l’évacuation du Dr Buck dans un hôpital de Hambourg, en Allemagne, qui «était prêt à la recevoir».

Ce document (vu par l’Associated Press) avait été adressé au représentant de l’OMS en Sierra Leone. Le 13 septembre, un porte-parole de l’OMS faisait savoir que l’institution onusienne ne pouvait répondre à cette demande. «L’OMS n’est pas en mesure d’organiser l’évacuation des ce médecin [vers Allemagne] mais explore toutes les options sur la façon d’assurer les meilleurs soins», a déclaré le porte-parole de l’organisation, Tarik JasarevicL’OMS facilitera les meilleurs soins possibles dans le pays pour le Dr Buck, y compris l’accès à des médicaments expérimentaux.»

Le premier médecin sierra leonais victime de l'épidémie avait été le Dr. Sheik Humarr Khan, son unique spécialiste en virologie. Son évacuation vers l’Europe avait un instant été envisagée. Une cinquantaine d’infirmières sont également mortes après avoir été infectées en donnant des soins aux malades.

Au moment où l’OMS expliquait que le Dr Olivet Buck ne pouvait être transporté à Hambourg, deux médecins néerlandais travaillant en Sierra Leone, suspects d’être infectés, ont été rapatriés aux Pays-Bas. Ils sont actuellement en quarantaine et soignés dans un hôpital de Leiden.

L’affaire se passe-t-elle de commentaires? Elle pose, au minimum, une question éthique quant à l’égalité des prises en charge (et des chances de survie) de celles et ceux qui sont en première ligne. La Sierra Leone devrait recevoir prochainement d’importants renforts de nationalité cubaine: 62 médecins et 103 infirmiers. Seront-ils ou non rapatriés s’ils s’infectent au combat? La même question se pose dès à présent pour les soignants américains qui sont attendus dans le plan que le président Barack Obama devrait dévoiler le 16 septembre, si l’on en croit le Wall Street Journal. Un début de réponse est d’ores et déjà fourni: l’armée américaine a annoncé récemment qu’elle allait construire un hôpital de campagne de 25 lits au Liberia pour les travailleurs de santé contaminés.

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