Certains jours, des files d’attentes insensées se forment devant des food-trucks, des restaurants, des cafés à brunch. Il faut alors faire preuve d’une patience démesurée pour être capable d’attendre longuement sa pitance sur le trottoir. L’exemple le plus fou est sans doute celui du cronut de Dominique Ansel, cet hybride de croissant et de donut pour lequel des amateurs sont capables de se lever à 5h30 du matin pour attendre trois heures dans une rue de New York, par un temps glacial.
Alors pourquoi? Pourquoi attendre autant sur le trottoir, pour une glace ou un hamburger (certes délicieux)? NPR s’est posé la question. Apparemment, ce qui est du temps perdu pour les uns est du temps qui «fait partie de l’expérience» pour les autres.
Et patienter sur le trottoir derrière cinquante personnes peut servir à alimenter en photos Facebook, Twitter ou Instagram. «Les réseaux sociaux et les blogs nourrissent le battage autour de certains restaurants. (…) Je ne sais pas si les gens seraient si enthousiastes à faire la queue pour un ramen burger s’ils ne pouvaient pas le partager sur Intagram», explique à NPR Erin DeJesus, blogueuse sur Eater Portland.
Et puis, il y a l’attente, vue comme un moment intéressant… Selon le manager de Tartine Bakery, l’attente est aussi «une expérience sensorielle. Vous pouvez sentir et voir chaque chose, vous observez l’animation».
Enfin, l’attente boosterait le plaisir ressenti ensuite, explique NPR. «Vous avez le plaisir de la nourriture elle-même. Mais dans la mémoire des gens, l’attente fait partie de l’expérience. Cela fait partie de ce que les gens racontent», souligne Amit Kumar, doctorant en psychologie à l’Université de Cornell. Attendre aiguiserait l’appétit et donnerait aussi l’occasion de rencontrer d’autres gourmets (et parler du futur spot à tester où vous attendrez aussi deux bonnes heures).
Si vous n’êtes pas convaincu par ces explications et que vous n’attendriez pour rien au monde pendant deux heures pour manger un truc, vous n’êtes sans doute pas, comme les nomme NPR, un de ces «pèlerins de la nourriture».