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Outre-Rhin, le président français est en pleine idylle (malheureusement, c'est une fiction)

«Die Staatsaffare»
«Die Staatsaffare»

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En plein psychodrame hexagonal sur la publication du livre de son ex-compagne Valérie Trierweiler, François Hollande pourra tenter de se distraire un peu avec la télé allemande: la chaîne privée Sat. 1 a en effet diffusé hier soir un téléfilm au scénario des plus funambulesques, Die Staatsaffäre («L'affaire d'État»). Il met en scène une histoire d'amour entre une chancelière allemande nommée Anna Bremer et un président français affublé d'un nom échappé des campagnes riantes du JT de 13 heures de TF1: Guy Dupont.

On dit «tenter de se distraire», car on est en plein bal des clichés. Elle est blonde, studieuse, excelle dans l'art du compromis. Il porte une Rolex, est impulsif et frimeur. Même si l'équipe du film s'en défend, il est impossible de ne pas voir une version édulcorée d'Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy (qui devait encore être au pouvoir lorsque l'idée du film a germé dans la tête du réalisateur Michael Rowitz) dans ces deux personnages qu'à première vue tout oppose, et qui vont pourtant trouver un terrain d'entente dans l'exercice difficile de leur fonction de chefs d'États.

Le rôle de la chancelière de prime abord froide comme un réfrigérateur Bosch a été confié à l'actrice allemande Veronica Ferres, la blonde de service des fictions du petit écran allemand. Elle interprète ce qu'on pourrait appeler une version sexy d'Angela Merkel: plus jeune, plus mince, célibataire, adepte de la trilogie chignon banane-tailleur gris anthracite-stilettos et accro au jogging.

Celui du président qui viendra lui réchauffer le coeur à coup de bonnes recettes (ben oui, évidemment), de traits d'humour et de séduction à la française est interprété par Philippe Caroit, connu des téléspectateurs français, entre autres, pour son interprétation du personnage de Gilles Sagnac dans la série R.I.S sur TF1. Il est l'un des rares acteurs français sachant parler allemand, et son accent français à couper au couteau lui assure un succès de taille outre-Rhin: ces derniers jours, toutes les interviews parues dans la presse au sujet de la diffusion du téléfilm tournaient principalement autour de ses connaissances en allemand et de son accent «si mignon», selon les mots de sa partenaire de jeu.

Ces deux-là font connaissance lors d'un sommet européen et se rendent vite compte qu'ils se sont en fait déjà rencontrés il y a 25 ans de ça... à Berlin, et ce, comme par hasard, le soir où le Mur est tombé! Une idylle d'une nuit sous les étoiles d'un ciel réunifié, deux adolescents énamourés pris au piège d'un gros malentendu: il était parti faire une course à l'aube, elle a cru qu'il avait décampé sans lui faire ses adieux, quand il est revenu elle n'était plus là. Dans un monde sans Internet, ce genre de situation a tout d'un drame.

Pour reconquérir le cœur de son amour de jeunesse, le président français ne reculera devant rien, et surtout pas devant le ridicule: courser la chancelière en plein jogging une clope à la main jusqu'à s'écrouler évanoui, se déguiser en groom pour parvenir à se faufiler dans sa suite d'hôtel: «Est-ce que tu crois au destin?» Pas de doute, nous sommes tombés dans un vaudeville des plus grotesques, qui s'achèvera forcément sur un happy end: Anna et Guy, c'est du sérieux. Preuve en est en tout cas que le couple franco-allemand, pour peu qu'il soit sexy et peu avare de stéréotypes, continue de faire rêver...

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