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Tout le monde sait que les troupes russes contre-attaquent en Ukraine, sauf la Russie

Des soldats russes capturés par l'Ukraine sur son territoire, Kiev le 27 août 2014. REUTERS/Valentyn Ogirenko
Des soldats russes capturés par l'Ukraine sur son territoire, Kiev le 27 août 2014. REUTERS/Valentyn Ogirenko

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La situation dans l'est de l'Ukraine est floue depuis le début du conflit qui oppose les forces gouvernementales à des séparatistes pro-russes. Le plus gros point d'interrogation concerne, depuis le début, le niveau d'implication de la Russie dans le conflit aux côtés des séparatistes: y a-t-il des soldats russes parmi les nombreux combattants qui se battent dans des tenues non-identifiées, une hypothèse qu'a toujours niée Vladimir Poutine? Si oui, combien? Et quelle est l'ampleur de l'aide financière et logistique que fournit Poutine aux séparatistes?

Depuis quelques heures, même les esprits les plus sceptiques ne peuvent plus nier que la Russie participe activement aux opérations, alors que les séparatistes ont mené plusieurs offensives éclair et ont effectué des avancées significatives.

Le président ukrainien Petro Porochenko a déploré, ce jeudi 28 août, une «détérioration rapide de la situation» due à l'«entrée des troupes russes» dans son pays. Dans le même temps, l'ambassadeur ukrainien a évoqué une «invasion russe non dissimulée».

Le même jour, un haut responsable de l'Otan a affirmé que «bien plus» d'un millier de soldats russes combattent actuellement sur le territoire ukrainien, indiquant qu'ils «soutiennent les séparatistes» et «se battent avec eux». Parallèlement, l'organisation a publié des images satellites montrant ce qu'elle affirme être des colonnes de blindés russes sur le territoire ukrainien:

Alexander Zakhartchenko, le chef des séparatistes pro-russes, a lui-même confirmé ce que continue de nier Vladimir Poutine:

«Parmi nous se trouvent des soldats, qui, plutôt que de passer leurs permissions sur les plages, nous ont rejoints, et qui combattent pour la liberté de leurs frères.»

Zakhartchenko affirme qu'il s'agit de volontaires en «vacances» et qu'ils sont au nombre de 3.000.

Une journaliste de l'agence de presse Reuters a vu une colonne de blindés et de soldats non-identifiés, dont certains blessés, revenir sur le territoire russe depuis l'Ukraine. Elle a aussi vu un hélicoptère Mi-8 avec une étoile rouge (un signe distinctif de l'armée russe) se poser près d'une tente d'aide médicale non-loin d'eux.

Malgré tous ces éléments, l'ambassadeur russe à l'OSCE vient de déclarer qu'il n'y a «pas de soldats russes» en Ukraine et que seule une unité d'une «dizaine» de soldats russes a «traversé la frontière de façon non intentionnelle il y a deux jours» (des parachutistes capturés par l'Ukraine). De telles affirmations deviennent de plus en plus difficiles à croire, voire ridicules.

En attendant, elles permettent de maintenir la confusion, alors que cette nouvelle vague de renforts a créé une nouvelle faille dans la frontière, ouvrant par la même occasion un troisième front près de la ville de Novoazovsk et désorganisant complètement les forces ukrainiennes (voir cette carte interactive). Des responsables occidentaux ont confié au New York Times craindre que la Russie soit en train d'essayer de créer un pont terrestre entre son territoire et la Crimée, qu'elle a annexée au début de l'année en utilisant la même stratégie de troupes non-identifiées.

L'Otan, de son côté, a annoncé qu'elle allait déployer des troupes sur de nouvelles bases en Europe de l'Est. En d'autres termes, pour la première fois, des troupes appartenant à l'Otan vont être envoyées dans des pays de l'ancien bloc soviétique, souligne Foreign Policy.

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