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Chris Hondros ou comment les photojournalistes bouleversent les zones de guerre

Une photo de Chris Hondros lors de ses funérailles, à Brooklyn, le 27 avril 2011. REUTERS/Jeff Zelevansky
Une photo de Chris Hondros lors de ses funérailles, à Brooklyn, le 27 avril 2011. REUTERS/Jeff Zelevansky

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Ce mois-ci, Slate.com a publié des vidéos tirées de la dernière édition de «War Correspondents», une série de rencontres organisées par le brasseur américain Brooklyn Brewery, dont le cofondateur est un ancien reporter ayant été envoyé à l'étranger. Il s'agit d'une discussion dédiée à Chris Hondros, un photographe de guerre tué en 2011 à Misrata, en Libye. War Correspondents montre le rôle déterminant des photojournalistes et des reporters dans les zones de conflit, et les dangers uniques qui les guettent.

Après la mort du photographe James Foley, Slate.com a compilé l'ensemble de ces vidéos dans un article, que nous traduisons ici. Foley avait reçu une formation de Reporters Instructed in Saving Colleagues («Journalistes formés pour sauver des collègues»), partenaire de la série.

Chris Hondros était un correspondant de guerre, un photojournaliste intelligent qui travaillait dans les zones de conflit non pas pour répondre aux besoins de l'actualité déferlante, mais parce qu'il y avait là des histoires humaines qu'il voulait raconter. Comme le dit Sandy Ciric, directrice de la photographie pour Getty Images: «Il ne le faisait pas pour la gloire ou pour l'adrénaline, il était juste profondément curieux des gens.»

Dans la vidéo ci-dessus, Ciric aborde avec Christina Piaia (la fiancée d'Hondros et présidente du Fonds Chris Hondros) et Todd Heisler (photographe du New York Times) la vision noble de sa profession qu'avait Hondros, ainsi que le réalisme dont il réussissait à faire preuve sur le terrain.

Le 18 janvier 2005, à Tel Afar, en Irak, une voiture s'est approchée d'une patrouille américaine postée dans une rue sombre, après le couvre-feu, affolant une unité déjà sur ses gardes. Cette dernière procéda à des tirs de sommation, en vain. Quand le conducteur est passé sans ralentir, l'unité a ouvert le feu. Les passagers assis à l'avant, deux civils, ont été tués sur-le-champ.

Sur la banquette arrière, leurs six enfants, dont un blessé gravement. Il n'y avait aucun insurgé dans cette voiture, seulement une famille. Chris Hondros, qui suivait l'unité et se trouvait avec la patrouille ce soir-là, a saisi la totalité de l'incident avec son appareil photo, donnant à voir au monde entier des images déchirantes de la tragédie.

Dans la vidéo ci-dessus, Sandy Ciric et Todd Heisler racontent les évènements de cette nuit-là, et évoquent l'impact énorme que ces images désormais célèbres ont eu sur la vie de ceux qui se trouvaient là, et sur la politique de défense en Irak en général.

En 2003, Hondros était au Liberia pour couvrir la fin de la seconde guerre civile dans le pays, un conflit sanglant opposant les forces gouvernementales de Charles Taylor à deux groupes rebelles. Un jour, alors qu'il suivait un groupe de combattants du Lurd (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie) avec le journaliste Michael Kamber, une fusillade entre rebelles et troupes gouvernementales a éclaté.

Coincé d'un côté d'un pont au milieu des tirs, avec des balles qui ricochaient dans tous les sens, Hondros s'est demandé pourquoi les deux groupes en étaient venus à s'affronter. Dans la vidéo ci-dessus, Todd Heisler et Sandy Ciric racontent comment Hondros a réalisé que les membres du Lurd ne savaient rien de la cause pour laquelle ils se battaient, et a finalement risqué sa vie pour négocier un cessez-le-feu.

Avec l'avènement des smartphones et des réseaux sociaux, tous ceux qui possèdent une connexion wi-fi et un iPhone peuvent se prendre pour des photojournalistes amateurs. Mais avec les conflits qui déchirent la planète aujourd'hui, et les rédactions qui rétrécissent un peu partout, la présence de photographes talentueux et qualifiés sur le terrain n'a jamais été aussi indispensable. Dans la vidéo ci-dessus, Todd Heisler et Sandy Ciric décrivent l'importance d'avoir des gens comme Chris Hondros pour couvrir les guerres dans le monde, et pourquoi un bon photographe est irremplaçable quand il s'agit de raconter le plus fidèlement une histoire.

Les correspondants de guerre gagnent leur vie en la risquant. C'est la nature même de leur travail. A l'instar des soldats, leur expérience sur le terrain laisse des cicatrices psychologiques et émotionnelles. Dans la vidéo ci-dessus, Christina Piaia, Todd Heisler et Sandy Ciric parlent de l'épidémie de syndrome de stress post-traumatique qui touche les journalistes travaillant en zone de conflit, et les ressources — ou plutôt l'absence de ressources — mises à disposition de ceux qui en souffrent.

Testament, une collection des photos et des écrits de Chris Hondros, a été publiée à titre posthume cette année

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