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Les pires théories qui ont été développées pour expliquer Hitler

Hitler en parade à Nuremberg, novembre 1935. via <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Adolf_Hitler#mediaviewer/Fichier:Hitler_N%C3%BCrnberg_1935.jpg">Wikipedia</a>
Hitler en parade à Nuremberg, novembre 1935. via Wikipedia

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Daily Beast

La première édition de Explaining Hitler: The Search for the Origins of His Evil, (publié en français sous le titre Pourquoi Hitler?), publiée aux Etats-Unis en 1998 par le journaliste Ron Rosenbaum (chroniqueur à Slate.com), est une enquête sur les centaines de théories qui ont été avancées pour expliquer la personnalité d’Adlof Hitler et ses actions. Car si «Hitler ne s’est pas échappé de son bunker à Berlin», annonçait la quatrième de couverture, «il a réussi sept décennies plus tard à échapper à l’explication».

Le journaliste ressort cet été une version actualisée de son ouvrage et a répondu à plusieurs interview dans la presse américaine dont un long entretien dans le Daily Beast.  Il y décrit ce qu’il considère comme peut-être la pire théorie avancée à propos du dictateur allemand: la théorie de la piqûre de moustique. Hitler aurait contracté une encéphalite durant la première guerre mondiale. Des articles scientifiques soutenaient dans les années 30 que les victimes de cette maladie développaient soudainement une étrange personnalité charismatique et psychopathique… «Je ne tiens pas en très haute estime l’idée de tenir une piqûre de moustique pour responsable d’Hitler», juge Ron Rosenbaum.

Des centaines d’essais ont été publiés sur Hitler. Sur Wikipedia, on compte une vingtaine de biographies et une bonne dizaine d’études médicales (y compris certaines sur son régime végétarien). Deux historiens ont par ailleurs étudié la santé fragile d’Hitler pour savoir si cette dernière pouvait expliquer ses décisions monstrueuses, concluant qu’à aucun moment de sa vie il ne pouvait être considéré comme irresponsable.

Le chasseur de nazis Simon Wiesenthal a cru à un moment qu’Hitler avait attrapé la syphilis après un rapport sexuel avec une prostituée juive à Vienne et que son antisémitisme venait de là (une théorie qui n’est soutenue par aucune preuve, précise l’auteur). Hitler a écrit dans Mein Kampf que la syphilis était «une maladie juive».

Rosenbaum s’en prend également théories psychologiques qui ont tenté de percer le mystère de l’enfance d’Hitler. Deux psychanalystes ont expliqué qu’Hitler avait été battu par son père et que sa mère était sur-protective. «Comme si tous ceux qui ont une mère sur-protective et un père violent devenaient Hitler.»

Il y a aussi l’hypothèse selon laquelle Hitler avait un grand-père juif, ce qui revient «à chercher un juif à accuser pour Hitler», analyse Rosenbaum.

L'auteur aborde la position du cinéaste français Claude Lanzmann, selon lequel toute tentative d’explication des actes d’Hitler tend déjà vers l’excuse. «Je pense qu’en réalité certaines conclusions réductionnistes des neurosciences et des études d'imagerie cérébrale confortent la position de Lanzmann. Si nous avions une IRM d’Hitler elle pourrait montrer un fonctionnement anormal dans une région du cerveau et nous pourrions tous accuser une simple déficience neuronale.»

Comme l'a écrit récemment Jean-Marie Pottier sur Slate, Ron Rosenbaum donne aussi son avis sur les satires et détournements du film La Chute qui ont beaucoup de succès sur internet. Dans la postface de la nouvelle édition, il écrit y voir la preuve «qu’Hitler occupe encore une place éminente dans la hiérarchie du mal».

«Le simple fait que nous essayons de le contenir dans une caricature, et une caricature de cette caricature, démontre un désir de nous distancer de la possibilité de faire face au "vrai" Hitler, en le capturant dans son état le plus caricaturable, le moins normal. Le moins comme nous.»

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