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Le génie du GIF est français, voici comment il travaille

En mai dernier, des GIF étaient exposés dans un musée à New York. En juin, Micaël Reynaud, un Français de 37 ans a reçu un prix d'une prestigieuse galerie anglaise pour l'une de ces images qui bouclent.

Micaël Reynaud
Micaël Reynaud

Temps de lecture: 2 minutes

Micaël Reynaud a 37 ans et aucune formation de photographe, ni de vidéaste. En juin dernier, il faisait pourtant partie des finalistes du premier prix de motion picture photography (ou photographie d’images animées), décerné par la prestigieuse Saatchi Gallery à Londres en partenariat avec Google+, pour une image... de pigeon.

Ses premiers GIF datent des années 2000, explique-t-il à Slate.fr: 

«C’était des boutons de survol pour des interfaces de logiciel. J’étais graphiste en agence puis je me suis mis à mon compte. Et j’ai commencé la vidéo par opportunité. C'est avec l'émergence de Google+ en 2011 que je me suis amusé avec les GIF. Je ne suis pas photo-reporter, j'utilise ce qu'il y a autour de moi de manière assez contemplative en me disant que le sujet importe peu et que l'on peut se passionner et rendre intéressant n'importe quoi. C'est de l'expérimentation visuelle. Et les techniques à tester ne manquent pas: time-lapse, stop motion, morphing, rotoscopie, stéréoscopie, slit-scan, chronophotographie, light painting, longues expositions, dolly zoom, cinemagraphs, etc.»

Il hésite à parler de GIF pour désigner son travail et préfère parler d’images animées qui bouclent ou «loop». Car le GIF a des caractéristiques spécifiques, poursuit-il: 

«J'ai remarqué qu'il y a souvent une confusion entre le format d'image .gif et le genre du ‘loop’ (de la boucle). Techniquement, un GIF pourrait être utilisé pour afficher un long métrage (sans le son). Les ancêtres du GIF sont les formats pré-cinématiques comme le zoetrope ou le praxinoscope... On peut avoir des images très fluides avec le GIF, jusqu'à 50 images par seconde quand la plupart des vidéos publiées sur YouTube/Vimeo ne dépassent pas les 30 images par seconde. Mais il y a aussi des contraintes comme les 256 couleurs maximales qui demandent de faire une compression sur mesure: choisir le bon mode de rendu, utiliser une perte de qualité (du bruit) adaptée pour compenser et lisser un éventuel effet d'escalier dans un dégradé un peu trop riche.»

Il ne se dit pas photographe même s'il possède aujourd'hui six appareils photo et que ses images ont fait le tour du monde. Encore moins artiste, il préfère dire «motion designer». 

«Je suis autodidacte en photo et vidéo, j'ai appris dans la pratique, sur le tas. J'ai plusieurs appareils photos et objectifs manuels. Je privilégie la mobilité avec un petit Sony Nex couplé à des objectifs Canon fd rapides ou des montures M très compacts. Et puis j'aime le côté furtif, on ne fait pas trop attention à moi avec mon petit appareil à visée déportée. Cela ne serait pas le cas si j'avais un Canon 5D Mark II comme beaucoup de vidéastes ont. Cela dit, j'utilise de plus en plus le trépied et c'est un peu raté pour la discrétion.»

Ses loop apparaissent sur les sites du monde entier, aux Etats-Unis, en Allemagne ou au Japon. Parmi ses images les plus connues, celui d'une pizza qui cuit et celle d'un bloc de béton sur une plage du sud de la France. «Je mûris certains de mes thèmes depuis longtemps, par exemple j'ai déjà fait une pizza au four en 2011, même chose pour le bloc de béton.» 

Pour Slate.fr, il a sorti quelques images non publiées de son ordinateur et explique en détail comment il a réussi à produire ce fameux GIF de pizza et l'effet utilisé dans celui où l'on voit un bloc de béton sur la plage.

A voir: Notre grand format, «Le génie du GIF est français, voici ses images»

 

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