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Passées les ivresses de la Coupe, à quoi faut-il s’attendre? Des spécialistes de la médecine des voyages et des maladies infectieuses ont voulu répondre à cette question et leurs réponses peuvent intéresser les centaines de milliers de personnes (joueurs et arbitres compris) qui ont fait le voyage au Brésil entre les 12 juin et 13 juillet. Et ces réponses n’ont rien de bien rassurant, comme on peut le lire dans la dernière livraison de la revue Clinical Infectious Diseases.
Dirigée par Mary E. Wilson (Harvard School of Public Health, Boston) et Eli Schwartz (Tel Aviv University), une équipe de chercheurs a travaillé avec le réseau mondial de surveillance des maladies tropicales GeoSentinel. Elle disposait ainsi d’une base de données sans équivalent, données collectées sur les voyageurs malades pendant et au retour de voyage sur les six continents par des centres spécialisés de médecine tropicale. Elle a ainsi eu accès aux informations contenues dans les dossiers de 1.586 personnes vues dans un de ces centres (entre juillet 1997 et mai 2013) après un voyage au Brésil (et uniquement dans ce pays).
Il faut ici compter avec les risques d’infections locales endémiques ainsi qu’avec les infections secondaires inhérentes aux grands rassemblements humains –à commencer par les infections sexuellement transmissibles. A quelles pathologies devra-t-on penser? Dans le registre infectieux (maladies sexuelles mises à part), trois familles dominent.
1.Les atteintes dermatologiques40% des diagnostics
La maladie la plus fréquemment diagnostiquée au retour du Brésil est due à la contamination de l’organisme par une larve cutanée migrante («dermatite rampante» ou Larva migrans). Cette infection parasitaire est le plus souvent contractée lors de fréquentation des plages (les larves Ancylostoma sont présentes dans plus de 30% des échantillons de certaines plages). Suivent la myiase (due à des larves de mouche) et la tungiase (causée par la mouche des sables, Tunga penetrans).
2.Les maladies gastro-intestinales25% des diagnostics
Dans plus de 50% des cas de diarrhées aiguës ou chroniques, aucun agent pathogène n’a pu être mis en évidence. Sinon, les deux principaux pathogènes décelés étaient la giardiase ou labliase et le campylobacter. La giardase est une maladie «féco-orale» et la parasitose intestinale la plus répandue dans le monde. Elle est due au protozoaire Giardia intestinalis (ou Giardia lamblia) et constitue une cause importante de diarrhée du voyageur.
Les auteurs mentionnent aussi quinze cas de strongyloïdose intestinale (ou anguillulose) et onze cas de bilharziose (ou «dermatite du nageur»).
3.Les syndromes fébriles19% des diagnostics
Il s’agit le plus souvent de dengue et de paludisme, maladie virale transmise par les piqûres d’un moustique (Aedes aegypti). Or, ce moustique est répandu dans les grands centres urbains et pique de jour. En mai dernier, des spécialistes espagnols et brésiliens avaient précisément mis en garde, dans The Lancet Infectious Diseases, contre un risque d’épidémie de dengue durant le Mondial.
Le paludisme persiste pour l’essentiel dans la zone amazonienne. Aucun cas de fièvre jaune n’a été diagnostiqué, cette maladie restant toutefois d’actualité dans certaines régions du Brésil.