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Arjen Robben est-il un connard, ou souffre-t-il juste du «syndrome de la tête de con»?

Il plonge, s'excuse, replonge de plus belle, a un ego surdimensionné... Les raisons de haïr l'attaquant néerlandais ne manquent pas. Et si ce n'était pas de sa faute?

Le Mexicain Hector Moreno tacle Arjen Robben pendant Pays-Bas-Mexique à Fortaleza le 29 juin 2014, REUTERS/Marcelo Del Pozo
Le Mexicain Hector Moreno tacle Arjen Robben pendant Pays-Bas-Mexique à Fortaleza le 29 juin 2014, REUTERS/Marcelo Del Pozo

Temps de lecture: 5 minutes

Troisième article de la série d'articles traduits de Slate.com sur les connards de la Coupe du monde. Les premiers épisodes étaient consacrés à Luis Suarez et à Cristiano Ronaldo.

-Nom: Arjen Robben

-Pays: Pays-Bas

-Connu pour: repiquer au centre et tirer avec son pied gauche, plonger, s'excuser d'avoir plongé, plonger après s'être excusé d'avoir plongé, promettre de ne plus jamais plonger, plonger après avoir promis de ne plus jamais plonger, inspirer des mèmes, sa tête de con.

Pourquoi c'est peut-être un connard

Il a l'air d'être un sacré connard. La plus grande manifestation de son côté connard est la manière dont son corps entier explose en agonie à chaque fois qu'il est touché ou presque touché dans la surface de réparation.

Ses prouesses lors de cette Coupe du monde 2014 ont déclenché la dernière version en date de l'éternel débat autour du plongeon dans le football. En fait, ses prouesses lors des deux derniers tournois internationaux majeurs avaient déjà eu exactement le même effet.

Cette année, l'attaquant néerlandais a achevé le come-back des Pays-Bas face au Mexique en obtenant le pénalty de la victoire après un tacle léger mais maladroit de Rafael Marquez. Après le match, l'entraîneur du Mexique et GIF humain Miguel Herrera a mis la défaite de son équipe sur le compte des plongeons de Robben et de l'arbitre qui s'est fait avoir.

Robben, qui méritait en fait un pénalty pour avoir été touché dans la surface plus tôt dans le match, a eu le courage de s'excuser pour avoir plongé en première mi-temps, mais pas sur l'action décisive du match. Après cette confession, certains ont milité pour qu'il soit suspendu. Il ne l'a pas été.

 Ce n'était pas la première fois que Robben s'excusait d'avoir plongé. Avec le Bayern Munich en 2011, il est accidentellement resté sur ses pieds après un tacle dans la surface, a réalisé sa terrible erreur et l'a corrigée d'une chute post-redressement ridicule

Il déclara après le match:

«C'était probablement un pénalty, mais j'aurais dû tomber plus tôt. Je ne devrais pas faire des choses comme ça, je m'excuse.»

Son passé de fausses repentances est presque aussi vieux que sa carrière. En 2006, alors qu'il était sans doute l'homme le plus détesté de l'équipe la plus détestée d'Angleterre (Chelsea), le joueur est tombé comme si Mike Tyson lui avait asséné un coup de poing après que le gardien de but de Liverpool Pepe Reina a légèrement touché son visage.

La saison prochaine je ne ferai plus la une pour mes plongeons

Arjen Robben

A la fin de la saison, il avait promis qu'il allait changer. Le Néerlandais contrit avait assuré dans les colonnes du Guardian:

«La saison prochaine je ne ferai plus la une pour mes plongeons. Je promets. La saison prochaine, vous n'écrirez plus sur mes plongeons.»

La saison suivante, The Guardian écrivait encore sur les plongeons de Robben.

Comme d'autres récidivistes en série, toutes les excuses et promesses de changement de Robben sonnent creux.

Quand les accusations de plongeon ont continué après la victoire des Pays-Bas en quart de finale face au Costa Rica, un Robben énervé les a qualifiées de «conneries». Il a rajouté que son équipe a dû aller jusqu'aux tirs au but contre le petit poucet de la zone CONCACAF parce qu'il «n'a pas eu assez la balle», ce qui nous amène à l'autre gros problème de Robben: son ego.

Robben est constamment en train de se morfondre, de bouder, et a plus généralement une tête à claques dès que les choses de vont pas comme il le souhaite. Quand il a été remplacé au cours d'une défaite en quart de finale de l'Euro 2012 face à l'Allemagne, il a sauté par dessus les panneaux publicitaires, a déchiré son maillot et est parti en boudant au lieu d'accepter d'être remplacé comme une personne normale.

Son irascibilité a déclenché la colère de ses coéquipiers et des supporters. Quand son coéquipier au Bayern Thomas Müller lui a signifié qu'il était égoïste pendant un match, Robben a attrapé la star allemande par la gorge. «Nous devons être des exemples et ne devons pas faire ce genre de gesticulations», s'est-il justifié ensuite.

Il a bousculé un autre coéquipier du Bayern, Philipp Lahm, pendant un entraînement. Franck Ribéry lui a donné un coup de poing dans le vestiaire après qu'ils se sont disputés sur qui devait prendre un coup franc. Les critiques de son coéquipier néerlandais Wesley Sneijder contre les «egos pathétiques» de l'équipe étaient aussi clairement dirigées contre lui.

Et puis il y a sa spécialité sur le terrain, qu'il répète encore et encore. Non, il ne s'agit pas des plongeons, mais de sa tendance à repiquer dans l'axe depuis la droite et à tirer avec son pied gauche. Brian Phillips décrivait à merveille l'année dernière dans Grantland la prévisibilité de Robben:

«Il est possible qu'Arjen Robben n'ait en fait pas de pied droit. Son pied droit est peut-être un hologramme, ou une boule de papier d'aluminium attachée à son tibia avec de la ficelle. C'est probable. Personne ne le saura jamais, parce qu'il ne tire ni ne passe jamais la balle avec. Si vous défendez contre Robben, la seule chose dont vous devez vous souvenir est de le forcer à utiliser son pied droit. C'est tout. Voilà la stratégie. Et pourtant, son geste est si efficace qu'il a marqué 67 fois en 119 matchs avec le Bayern. Plus d'un match sur deux, son coup du "salut, défenseur latéral adverse, je vais emmener la balle vers le poteau de corner pour un bon petit centre du pied droit tout simple HAHAHA NON, IMBECILE, JE REPIQUE DANS L'AXE UNE NOUVELLE FOIS ET VAIS MAINTENANT TE SURPRENDRE EN TIRANT AVEC MON PIED GAUCHE POUR LA 9.000E FOIS CONSECUTIVE" marche. C'est extraordinaire.»

Cela fait-il de lui un connard? Comme l'ont souligné d'autres, faire la même chose encore et encore quand tout le monde sait exactement ce que vous allez faire est le summum de l'arrogance. Et le pire, c'est que ça marche.

Pourquoi il n'est peut-être pas un connard

Il y a deux arguments en défense d'Arjen Robben. D'abord, il subit souvent des fautes. Les fautes et les plongeons sont peut-être le résultat de son incroyable vitesse et de son talent exceptionnel de dribbleur. De manière générale, c'est un excellent attaquant.

Ces fautes ont fait qu'il a été blessé une bonne partie de sa carrière. Ses plongeons ne sont peut-être qu'un mécanisme de défense pour se protéger de nouvelles fautes et de possibles blessures.

Le second argument est que ce n'est pas de sa faute si les gens sont prédisposés à le haïr. Voyez-vous, Robben est atteint d'une maladie très grave. Elle s'appelle le «syndrome de la tête de con», ou STC. Si elle n'a jamais été correctement diagnostiquée, nous ne sommes pas les premiers à l'observer.

Pendant Pays-Bas- Mexique le 29 juin 2014 à Fortaleza, REUTERS/Dominic Ebenbichler 

Quelles sont les preuves que Robben souffre de  STC? Sur la photo ci-contre, vous pouvez voir un exemple assez clair de STC.

Les exemplesRobben a été photographié avec sa tête de con sont trop nombreux pour pouvoir les compter.

Robben a souffert dans sa vie à cause du STC. Il a été tapé par des coéquipiers, s'est fait lancer des ballons sur sa tête de con par des adversaires, et a été hué par ses propres supporters. Même ceux qui l'entourent ont souffert à cause de son STC.

Après la victoire face au Mexique, son compère d'attaque Robin van Persie a été pris à partie par un fan du Mexique obscène qui l'a confondu, on ne sait pas trop comment, avec Robben et sa tête de con.

En prenant en compte sa maladie, j'ai de la peine pour Arjen Robben et sa tête de con suffisante, grimaçante et plongeante. Je le plains sincèrement, vraiment. 

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