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Pourquoi les Bleus ont intérêt à ce que l'Allemagne batte l'Algérie

L'équipe d'Algérie à l'échauffement lors d'un entraînement à Porto Alegre le 29 juin 2014, REUTERS/Stefano Rellandini
L'équipe d'Algérie à l'échauffement lors d'un entraînement à Porto Alegre le 29 juin 2014, REUTERS/Stefano Rellandini

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Ouf. Au bord de l’asphyxie pendant près de 80 minutes, l’équipe de France a finalement réussi à dominer le Nigeria, sur deux buts que l’on pourrait qualifier de raccroc. En quart de finale, elle affrontera l’Allemagne ou l’Algérie.

Au vu des prestations de ces différentes équipes depuis le début de ce Mondial, la rédaction de Slate.fr penche instantanément pour un revival de Séville 1982. Pour faire plaisir aux nostalgiques, et leur offrir une chance de raconter leurs souvenirs d’antan pendant quatre jours. Mais surtout parce que la Mannschaft, avec son système bien huilé en 4-3-3, est un adversaire qui lui conviendrait bien mieux que les Fennecs.

Malgré une défense centrale parfois défaillante, l’Algérie compense par des lignes resserrées. Islam Slimani, l’avant-centre revenu de tout, offre ainsi un pressing intense, incomparable avec celui montré par Olivier Giroud ou Karim Benzema ce soir, particulièrement amorphes dans ce domaine.

Les côtés sont verrouillés par des latéraux solides (Djamel Mesbah ou Faouzi Ghoulam à gauche, Aïssa Mandi à droite), bien épaulés par des ailiers durs au mal (Sofiane Feghouli à droite et Hilal Soudani à gauche), dans un ballet bien rodé par Vahid Halilhodzic. Cette équipe n’est guère brillante, mais elle semble pénible à jouer. Les Bleus, laborieux et lents face au Nigéria en première mi-temps, devront donner le ton des débats, ce qui est rarement leur fort.  

L'Allemagne parfaite pour les contres français

L’Allemagne, en revanche, ne s’embarrassera pas de précautions superflues et cherchera à mettre en place son jeu offensif d’entrée. Voilà une équipe à l’identité bien affirmée, portée vers l’avant, technique et mobile, aimant manier le ballon.

Une formation tout à fait adaptée à la France, le vautour des phases finales, ravie de fondre en contre-attaques sur les proies à découvert (le Brésil en 1998, l’Espagne ou le Brésil en 2006, la Suisse au premier tour en 2014). Dans les fameux matchs couperet, la France fait preuve de solidarité, de puissance dans les temps faibles de l’adversaire, avec une densité physique plus importante. Elle propose rarement des démonstrations, mais sait châtier quand il le faut.

Face à l’Algérie, les joueurs français n’en feront pas une histoire passionnelle comme certains supporters ou politiciens dans l’Hexagone. Ainsi Benzema, lorsqu’il était ado, a écarté fermement les émissaires officieux de Mohamed Raouraoua, le président de la Fédération algérienne, qui le rêvait sous le maillot des Verts.

Des comptes à régler

Et il n’a jamais regretté ce choix. A l’inverse, certains éléments algériens auront à cœur de régler quelques comptes. Le vénérable défenseur Madjid Bougherra, capitaine de l’Algérie, nous avait ainsi confié en janvier dernier:

«Nombre de joueurs d’origine algérienne, et plus largement d’origine maghrébine, qui viennent des quartiers  ne sont pas reconnus à leur juste valeur. Beaucoup de jeunes ne réussissent pas à cause de la mentalité qu’on leur prête d’office.

 

Certains coachs ou formateurs les cassent, détruisent leurs qualités. Combien de fois entend-on: ‘‘Tu dribbles trop!?’’ Par rapport à un Brésilien, un Algérien de même niveau souffrira d’un déficit d’image.

 

Prenez Rafik Saïfi, l’un des joueurs les plus talentueux techniquement de l'histoire du football algérien. S’il s’était appelé Saïfinho, sa valeur aurait été multipliée par trois et il n’aurait pas fini à Istres.

 

Beaucoup de jeunes s’épanouissent après avoir quitté la France (Belfoldil, Brahimi, Taïder), des inconnus au bataillon percent plus facilement à l’étranger.» 

Le fardeau du favori

Les jeunes binationaux formés en France, comme Brahimi (Rennes), Ghoulam (Saint-Etienne) ou Feghouli (Grenoble), sont plus forts que leurs prédécesseurs du Mondial 2010. Venus par choix, ils ont grandi dans des pépinières de L1 et connaissent par cœur les schémas tricolores.

Il y a enfin cette étiquette de favori qui pèse lourd, si lourd dans ce Mondial - le Brésil et les Pays-Bas n’ont pas été à la fête non plus lors de leur huitième.

Contre la grande Allemagne, qui réunifie l’efficacité d’antan et le toque espagnol, oui, la perspective est idéale. Mais contre l’Algérie, outsider aux dents longues, miraculé des barrages de la zone Afrique, la France se retrouvera encore dans le rôle du supposé dominant. La peur pourrait alors l’emporter pendant plus de 80 minutes.  

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