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La «date», ce rituel galant américain, est-elle en train de disparaître?

Alors que le magazine Glamour déclare le samedi 28 juin «Journée nationale de la date», le débat fait rage aux Etats-Unis: est-il déjà trop tard pour la sauver? Qui faut-il rendre responsable de sa disparition?

<a href="https://www.flickr.com/photos/tmarsee530/8890283813">Kissing at Sunset</a> / tmarsee530 via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr">License By</a>
Kissing at Sunset / tmarsee530 via Flickr CC License By

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Vox

Le magazine féminin Glamour s’est offert un joli coup de pub en annonçant que le samedi 28 juin serait aux Etats-Unis la journée nationale de la «date», ce rendez-vous galant très codifié qui est une institution de la culture américaine. Le magazine a pris cette initiative patriotique sur la foi d’un sondage dont les résultats sont étonnants.

73% des femmes célibataires y affirment qu’elles ne savent pas si elles ont été invitées à une date ou non. Il n’en a pas fallu plus pour déclencher une guerre d’éditorialistes à propos de ce qu’est une date en 2014, au point que certains affirment que la date a disparu au profit des coups d’un soir, de la pratique du sex-friend et du flou artistique permanent entretenu par les réseaux sociaux et les sites et applis de drague et de rencontre.

Pour le magazine Vox, tout est devenu très compliqué: la traditionnelle suite de séquences sortie au restaurant – cinéma perd du terrain et de mutliples types de petites dates la remplacent: aller boire un café, se promener dans un parc, etc. Conséquence logique: si tout peut être une date, alors toute relation d’amitié platonique peut aussi être interprétée comme telle sans qu’il y ait pour autant accord entre les parties prenantes. Flippant... Rajoutons à cela le fait que le «coût» d'accès à la sexualité s'est effondré depuis les années 50 quand «la cour» devait durer plusieurs mois.

Le coupable désigné depuis déjà quelques temps est la «hookup culture», qui désigne la sexualité détendue et informelle, sans investissement émotionnel important, pratiquée sur les campus américains par les étudiants non monogames. Même si Vox tempère l’influence de ce phénomène que les commentateurs ont tendance à surestimer: des études ont montré qu’un tiers seulement des étudiants la pratiquaient, mais qu’ils pensaient en revanche à une écrasante majorité que tous les étudiants étaient impliqués dans du «hookup».

Autre phénomène pointé du doigt: la plus grande facilité à établir des relations en ligne, ce qui aboutit à une tendance à «overdater», c’est-à-dire à planifier à l’avance un grand nombre de dates courtes sur un laps de temps réduit, et à privilégier pour des raisons de rationalisation du temps des dates plus superficielles à enjeu moindre, dans lesquelles on s'investit moins sur le plan affectif.

Sur Slate.com, Amanda Marcotte défend cette généralisation de la «date non-date», sorte de rendez-vous platonique entre deux personnes qui peut éventuellement évoluer. Une manière pour les jeunes d’expérimenter le rendez-vous amoureux tout en bénéficiant d’un filet de sécurité si la sauce ne prend pas. 

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