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L’Angleterre n'aura fait qu'un petit tour dans la Coupe du monde 2014, avec deux défaites contre l’Italie (1-2) et l’Uruguay (1-2) puis un match nul sans but contre le Costa Rica (0-0).
Si le Gallois Gareth Bale, transféré au Real Madrid à l'été 2013 pour la somme astronomique de 91 millions d'euros, avait figuré sur la feuille de match, les choses auraient peut-être été différentes. Mais au fait, pourquoi le Royaume-Uni aligne-t-il une équipe pour chacune de ses composantes tandis que les autres États n’alignent qu’une seule équipe ?
Parce que les Britanniques ont inventé le football international. L’Angleterre et l’Ecosse ont joué le premier match international de football à Glasgow en 1872 devant 4.000 spectateurs. Douze ans plus tard, les associations nationales d’Angleterre, d’Ecosse, du Pays de Galles et d’Irlande lançaient le British Home Championship Tournament, qui s’est tenu presque chaque année au cours du siècle suivant.
La Fifa, l’organisation responsable de la Coupe du Monde, n’est née qu’en 1904. A cette date, les quatre associations nationales indépendantes du Royaume-Uni étaient considérées comme trop puissantes pour être réunies. (L’Allemagne et l’Autriche avaient protesté contre cela à l’époque.)
Il n’existe pas vraiment de définition exacte de ce qui constitue un pays pour le football international. Pour pouvoir participer à la Coupe du Mmnde, un pays doit à la fois être admis au sein de la Fifa et au sein de son association régionale de football, soit l’Union des associations européennes de football (UEFA) pour l’Europe. L’obtention du statut de membre varie en fonction des régions.
L’UEFA tente à se montrer sourcilleuse sur les adhésions, mais tel n’a pas toujours été le cas. En 1990, les Européens ont ainsi accepté les Îles Féroé, une région danoise autonome peuplée de moins de 50.000 habitants, une paille.
Inspiré par cet exemple, Gibraltar a ensuite tenté de se faire admettre et s'est heurté à l'opposition de la fédération espagnole, qui craignait que l’octroi d’une équipe nationale à un territoire britannique de 29.000 habitants ne nuise à ses prétentions sur le rocher et que ses 17 régions autonomes, dont la Catalogne, ne tentent également de faire sécession de l’équipe nationale. En 2007, seuls l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Ecosse ont soutenu la candidature de Gibraltar.
Sous la pression des Espagnols, l’UEFA a édicté une règle stipulant que les nouveaux membres devaient au préalable être reconnus par l’Onu mais a été condamnée par le Tribunal arbitral international du sport pour avoir appliqué rétroactivement sa règle à Gibraltar. Le promontoire a finalement intégré l'UEFA l'an dernier.
Les règles strictes de l’UEFA ont également empêché pour l'instant l’adhésion du Kosovo, qui se trouve toujours dans les limbes de l’indépendance. (La Concacaf, la confédération de l'Amérique du nord et centrale, n’applique pas la règle de la reconnaissance par l’Onu. Les Îles Vierges, Aruba, les Bermudes, Porto Rico et d’autres territoires américains ont leur équipe).
Le Kovoso n’est pas la seule équipe à n’avoir pas pu adhérer à la Fifa. Depuis 2006 se dispute ainsi la Viva World Cup, sorte de tournoi de protestation pour les équipes «nationales» rejetées (Laponie, Monaco, Darfour, Zanzibar...).
La première année, c’est l’équipe de Laponie qui l’a emporté contre Monaco sur le score de 21-1. Le tournoi a grandi en taille et en respect depuis, et neuf équipes se sont ainsi affrontées en 2012 lors d'une compétition dont est sorti vainqueur le Kurdistan irakien.
Bonus: et aux Jeux olympiques, alors?
Le Comité international olympique (CIO) reconnaît le Royaume-Uni comme un seul pays, qui ne peut donc envoyer qu’une seule équipe de football aux JO.
Au départ, les Britanniques n’alignaient donc qu’une seule équipe, qui a remporté le titre olympique en 1908 et 1912. Mais au milieu du XXe siècle, les autorités du Pays de Galles, d’Ecosse et d’Irlande du Nord ont considéré qu’elles perdaient une partie de leur indépendance en concourant toutes au sein d’une équipe olympique unifiée. L'équipe du football du Royaume-Uni n’a dès lors plus participé aux moindres Jeux olympiques pendant 30 ans.
La tentative de résoudre ce problème lors des Jeux olympiques de Londres en 2012 n’a abouti qu’à un succès partiel. Le Royaume–Uni a bien concouru, mais uniquement avec des joueurs anglais.
Cet article a été publié par Slate.com en juin 2010 et a été actualisé et légèrement remanié avant publication.