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Avez-vous raison de haïr Cristiano Ronaldo?

Réquisitoire et plaidoyer à propos de l'avant-centre du Portugal, qui joue sa qualification pour les huitièmes face au Ghana.

Cristiano Ronaldo pendant Allemagne-Portugal, le 16 juin 2014 au stade Fonte Nova de Salvador. REUTERS/Marcos Brindicci.
Cristiano Ronaldo pendant Allemagne-Portugal, le 16 juin 2014 au stade Fonte Nova de Salvador. REUTERS/Marcos Brindicci.

Temps de lecture: 3 minutes

-Nom: Cristiano Ronaldo

-Pays: Portugal

-Connu pour: marquer des buts, marquer d’incroyables buts, ses passements de jambes, ses petits ponts, marquer encore plus de buts, son arrogance, son bronzage permanent, ses produits pour les cheveux, ses cols relevés, ses clins d’oeil, enlever son maillot, sa richesse, sa beauté, être l’un des deux meilleurs joueurs de la planète.

Pourquoi c'est peut-être un con

Vous le détestez. Vous le détestez vraiment. Une bonne part de cette haine semble tourner autour de ses coupes de cheveux, qui semblent venir d’un laboratoire spécialisé dans le soin du cheveu à base de gel.

Mais plus que ça, c’est son attitude prétentieuse sur et en dehors du terrain. L’ailier du Real Madrid est un des joueurs les plus détestés de l’histoire du sport.

La haine envers Ronaldo a connu un pic lors de l’expulsion de Wayne Rooney en quarts de finale de la Coupe du monde 2006. Rooney, qui était alors le coéquipier de Ronaldo à Manchester United, marche sur les testicules du défenseur portugais Ricardo Carvalho sous les yeux de l’arbitre. 

Ronaldo se précipite et implore un carton rouge. Rooney est expulsé, l’Angleterre finit à dix et sera éliminée aux tirs au but. Le pays dévasté désignera Ronaldo et son jeu d'acteur comme le responsable du carton rouge et de la défaite. Pour noircir un peu plus le tableau, Ronaldo fit un clin d’oeil vers son banc juste après.

A part cet incident, la majorité de la haine anti-Ronaldo vient de sa métrosexualité en dehors du terrain et de sa supposée élégance quand il joue. Ce portrait dans le magazine allemand Der Spiegel explique ainsi que:

«Avec le gel dans les cheveux, les diamants en boucle d’oreille, ses danses autour du ballon, ce sourire arrogant et ses plongeons qui viennent de nulle part, Ronaldo se comportait comme quelqu’un qui méritait de s’en prendre une.»

Ronaldo a remplacé depuis longtemps David Beckham en tant que Derek Zoolander du foot. Il a sa propre ligne de vêtements avec des boucles de ceinture CR7 de mauvais goût, des jeans avec des poches en cuir, des mocassins et des sous-vêtements pour «les fans qui veulent s’habiller comme Ronaldo». Plus que son sens de la mode, c’est sa tendance obsessive à enlever ses vêtements qui attire le dédain.

Après avoir transformé un pénalty un peu inutile face à l’Atletico Madrid en finale de la Ligue des champions (4-1), il a enlevé son maillot et contracté ses muscles comme s’il venait de marquer le but vainqueur. On se demande d’ailleurs pourquoi il n’a pas de reproduction de lui-même torse nu dans son musée à Madère. Parce que oui, Ronaldo s’est construit un musée personnel dans sa ville d’origine, faisant de lui l’un des deux seuls joueurs de foot à posséder son propre musée.

Pourquoi ce n'est peut-être pas un con

Il fait des dons. Régulièrement. Il paie pour l’opération du cerveau d’un enfant malade et le traitement contre le cancer d’un autre

Il donne aussi de l’argent aux victimes du tsunami en Indonésie. Ce n’est pas pour la forme que je dis cela. Ronaldo fait du bon travail et pourrait en fait être un type bien.

Et pourquoi ne devrait-il pas être arrogant? Il a reçu son deuxième Ballon d’or 2013. Il avait fini deuxième à quatre reprises. De plus, de grands sportifs comme Michael Jordan ou Diego Maradona sont typiquement arrogants. Ronaldo n’est pas vraiment innovant en la matière.

Ronaldo a été beaucoup moqué pour son explication de la haine à son encontre:

«C’est parce que je suis beau, riche et un bon joueur, parce que je suis envié. Je n’ai pas d’autre explication.»

Même si ça sonne très mal comme cela, il dit la vérité. Ils le détestent parce qu’il est beau! Et riche. Et incroyablement talentueux. Et parce qu’il est en couple avec de superbes mannequins.

Une bonne partie de ce ressentiment est assez moche. Il est fondé sur un dédain macho pour tout ce qui est considéré de manière stéréotypée comme efféminé ou gay. 

Le genre de colère qui pousse la section «Femail» du tabloïd britannique The Daily Mail à consacrer 1.100 mots à expliquer que les métrosexuels comme Ronaldo ne sont pas attirants. Non, ce sont les tas de graisse qui regardent depuis leur canapé le corps parfaitement ciselé et les exploits athlétiques de Ronaldo qui sont les vrais hommes.

Le plus grand rival de Ronaldo sur un terrain de foot, celui qui contrecarre ses projets, c’est Lionel Messi. Quadruple vainqueur du Ballon d’or, Messi n’est pas seulement adoré sur le terrain, il l'est en dehors. 

La plupart des comparaisons entre les deux joueurs, et qui sont défavorables à Ronaldo, viennent de ce que Brian Phillips de Grantland décrit comme «de puissantes forces culturelles», qui sont au-delà du contrôle de Ronaldo. 

Plus spécifiquement, c'est le fait que Messi, un garçon un peu potelé de 1m69 qui ressemble à monsieur Tout-le-monde, puisse arriver au sommet du foot mondial alors que Ronaldo est un monstre physique. Messi est l'outsider parfait tandis que Ronaldo est le méchant idéal.

Messi a été considéré historiquement comme un adorable et puissant homme-enfant. Mais Ronaldo –qui ressemble plus à un enfant-acteur– n’a jamais eu l’opportunité de grandir. 

Avant même de devenir adolescent, il a été envoyé dans l’un des meilleurs clubs de son pays. Ronaldo était un enfant-gâté –au collège, il giflait d’autres élèves et a même lancé sa chaise sur une professeur– qui est devenu un phénomène encore plus gâté à l'adolescence puis une superstar incroyablement gâtée. 

Son enfance tronquée pourrait expliquer ses exhibitions flamboyantes et son espèce de comportement émo à propos de la vie. Peut-être qu’au lieu de haïr Ronaldo, on devrait le plaindre. Peut-être qu’on devrait se haïr pour avoir créé un monde où l’on fait grandir et récompense quelqu’un qui agit ainsi.

Mais bon, il s’est fait construire un musée. C’est assez con quand on y pense.

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