Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Guardian
Une enquête du Guardian publiée ce mardi 10 juin révèle que des crevettes vendues dans les plus grands supermarchés américains et européens, dont ceux du français Carrefour, sont nourries de poissons pêchés par des esclaves. Des migrants venus de Birmanie ou du Cambodge, achetés et vendus comme des animaux, sont retenus sur des bateaux de pêche où ils sont torturés et parfois tués. Le gouvernement thaïlandais estime à 300.000 le nombre d’esclaves travaillant dans cette industrie.
Ce problème a déjà été relevé plusieurs reprises, mais les journalistes du Guardian ont réussi à montrer que le plus grand producteur de crevettes, Charoen Pokphand (CP) Foods, basé en Thaïlande, achète de la nourriture pour ses élevages à des fournisseurs impliqués dans un vaste réseau d’esclavage. CP Foods est lui-même le principal fournisseur des géants de la grande distribution, dont les quatre premiers groupes mondiaux Walmart, Costco, Aldi et Carrefour, tous nommément cités dans l'article du Guardian.
Interrogé dans la journée par Slate.fr, Carrefour, tout en jugeant la situation «choquante», assure n’entretenir que des relations commerciales très limitées avec CP Foods: elles portent sur un seul produit dont la production a lieu dans une seule usine. L’enseigne française explique avoir réalisé un audit en juillet 2013, qui avait montré que le fournisseur respectait sa charte dans sa propre usine, mais concède néanmoins qu’il est très difficile de surveiller toute la chaîne de production. Après les révélations du Guardian, le groupe explique réfléchir à trouver un moyen d’améliorer la traçabilité des produits en amont de ses propres fournisseurs.
Par le biais d'un communiqué de presse, publié le 12 juin, Carrefour fait savoir qu'il «condamne avec force, s’ils sont avérés, les faits rapportés par le quotidien britannique The Guardian sur l’approvisionnement en crevette d’une entreprise thaïlandaise.
Par mesure conservatoire, Carrefour décide de suspendre immédiatement ses achats directs ou indirects auprès de cette entreprise jusqu’à ce que la lumière soit faite.»