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Black barbie: une barbie qui vous ressemble

Temps de lecture: 3 minutes

Quand j'étais enfant, Barbie représentait mon fantasme de vie d'adulte, très glamour: des armoires remplies de robes de soirée, des bijoux scintillants, des carrières professionnelles prestigieuses et, l'indispensable, une magnifique chevelure. Je donnais à mes poupées des noms de personnages de feuilletons télé, comme «Dominique», incarnée par l'icône de Dynastie, Diahann Carroll. Je lavais leurs cheveux avec du vrai shampoing, je les soignais avec du vrai démêlant. Quand Barbie avait besoin de se détendre, je l'amenais au «spa». (Hélas, nous n'avons jamais renouvelé la séance spa, parce que j'ai eu la géniale idée d'utiliser le micro-ondes en guise de sauna. Longue histoire...)

Barbie pouvait être qui elle voulait. Médecin ou diva, femme mariée ou bombe sexuelle célibataire, princesse ou encore présidente! Elle pouvait être n'importe quoi. Mais, apparemment, elle pouvait rarement être noire.

Poupées noires, cheveux blonds

Les poupées noires de Mattel remontent aux années 60. Mais attention, les barbies à la peau chocolat ne se mélangeaient pas toujours aux poupées blanches dans les rayons des magasins. Et, parfois, quand vous trouviez une barbie «noire», ses cheveux... eh bien... ils pouvaient très bien être blonds.

Barbie demeure ma poupée préférée, mais notre relation est complexe. C'est pourquoi je suis intriguée par la nouvelle collection So In Style qu'a lancée Mattel cet été. Ces nouvelles poupées, nous dit-on, ressemblent à des vraies Afro-Américaines: elles ont les cheveux frisés, un nez plus large et des lèvres plus charnues.

Depuis la naissance de Barbie, il y a cinquante ans, il y a bien eu des poupées noires américaines. Petite, j'ai joué avec des barbies noires. J'en ai eue plus d'une qui font désormais partie des collectors. J'ai encensé la Barbie d'Alpha Kappa Alpha. Elle était pour moi synonyme de progrès en matière de réflexion sur l'image et les intérêts des Afro-Américaines. J'étais encore plus enthousiaste quand j'ai vu les nouvelles poupées qui commémorent le cinquantenaire de l'Alvin Ailey Dance Theate et la reproduction de la superbe poupée Julia, inspirée de l'infirmière incarnée par Diahann Carroll.

A l'époque où je jouais avec des poupées, cela m'était égal que certaines poupées ne soient pas disponibles en «version noire». Barbie restait Barbie. Cependant, j'imagine que ma mère ou les autres femmes qui m'achetaient des poupées devaient être déçues quelque part, voire frustrées. Je me rappelle à quel point ma mère était contente quand elle est tombée sur une poupée à l'opposée de la Barbie. C'était une magnifique poupée noire vêtue d'une élégante robe rose. Elle avait les cheveux longs, denses et était presque rondelette. Ma mère disait que cette poupée me ressemblait. Elle ne m'avait jamais comparé à Barbie.

Stacey McBride-Irby, qui crée des barbies depuis 12 ans et a collaboré au projet de la Barbie AKA, s'est inquiétée en constatant qu'elle continuait d'adorer cette poupée alors qu'elle grandissait. C'est le nombre incalculable d'heures qu'elle a passées à jouer avec des barbies qui l'a poussé à devenir créatrice de poupées très tendance. «C'est une icône de la mode», m'a dit Stacey McBride-Irby au sujet de Barbie, quand je l'ai rencontrée au salon national de la Barbie qui s'est tenu à Washington. Mais la créatrice m'a confié: «Je n'ai vu aucune poupée qui me représente».

Stacey McBride-Irby a reçu une des premières barbies noires crées en 1980. Elle l'a trouvée plutôt décevante. La poupée avait des cheveux bouclés et courts ... Rien à voir avec ceux de la créatrice où ceux des poupées de son enfance.

Après avoir conçu la Barbie AKA en 2007, Stacey McBride-Irby a tout fait pour sortir une nouvelle collection.

Poupées à touffes afro

«Il fallait créer plus de poupées pour les femmes noires, qu'elles soient représentées dans le monde de Barbie», explique-t-elle. «Je tenais à ce qu'on reproduise les couleurs de peau et les traits de façon plus authentique afin d'offrir aux mamans et aux jeunes filles des poupées à prix abordable. Je voulais qu'elle puissent avoir une poupée à leur image.»

A première vue, So In Style, semble parer toutes les critiques. La gamme reflète la diversité des couleurs de peau des noires. Les efforts de Mattel visant à créer une poupée dont l'origine est authentique remonte à plusieurs dizaines d'années. En comparaison des poupées plus anciennes, celles de la collection So In Style sont très travaillées. Le fabricant a tenu à ce que ces nouvelles poupées soient réussies.

Outre leur aspect physique, les centres d'intérêt de ces barbies joignent l'utile à l'agréable. L'une est très portée sur la science et les exercices scolaires, l'autre préfère l'art et le journalisme. Les poupées sont accompagnées d'une grande et d'une petite sœur (l'idée étant d'encourager le soutien mutuel).

Elles ne reflètent peut-être pas ce que je suis à cent pour cent, mais il est certain qu'elles s'approchent plus de ma personnalité que les jouets de mon enfance.

Quand Stacey McBride-Irby a présenté les premières versions de la nouvelle gamme à un groupe de consultantes afro-américaines, toutes les poupées avaient de longs cheveux avec de légères boucles, comme la plupart des barbies. Les consultantes ont alors encouragé la créatrice à montrer que des cheveux courts et frisés peuvent être tout aussi charmants.

Finalement, on a créé certaines poupées avec deux «touffes» afros et d'autres avec des couettes bouclées. J'aimerais que ma fille ait des poupées comme celles-là. La fille de Stacey McBride-Irby est une grande fan. Elle dit que sa mère a la même couleur de peau que Kara et qu'elle a la couleur de peau de Trichelle. Un jour, si j'ai une fille, peut-être qu'elle dira la même chose quand nous nous promènerons dans les magasins de jouets. Et qu'elle s'extasiera devant ces magnifiques poupées...

Raven L. Hill écrit pour The Root, site de Slate.com destiné au public afro-américain

Traduit par Micha Cziffra

Image de une: Barbie 1980. ©Barbie Mattel

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