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Pourquoi les accidents de sous-marins sont-ils si fréquents?

Parce qu'ils sont silencieux.

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Les ministères de la Défense français et britannique ont annoncé en début de semaine que deux sous-marins nucléaires, l'un français et l'autre anglais, étaient récemment entrés en collision dans l'océan Atlantique. Les deux appareils ont été endommagés, mais l'accident n'a fait aucune victime. Les accidents de submersible ne sont pas rares. En 2003, un sous-marin britannique avait heurté un iceberg dans l'Arctique alors qu'il se livrait à des exercices militaires. En 2005, un sous-marin américain s'est écrasé contre une «montagne souterraine»; un marin y a laissé sa vie.

Pourquoi les accidents de sous-marins sont-ils si fréquents? Simplement parce qu'ils sont silencieux. Tellement silencieux, en fait, qu'ils n'utilisent pas l'équipement qui leur permet de détecter les obstacles. Les plupart des sous-marins sont dotés de deux types de sonars: des sonars actifs et des sonars passifs. Les sonars actifs émettent des sons dits «pings», qui peuvent atteindre plusieurs kilomètres. Si le ping est renvoyé, cela signifie qu'il a heurté un objet (une baleine, un navire ou un autre sous-marin, par exemple).

Mais les sous-marins qui se veulent discrets évitent très souvent les sonars actifs, car le ping qu'ils envoient risquerait de révéler leur localisation. Ils privilégient donc les sonars passifs, qui détectent simplement les sons. (Un sonar passif sophistiqué a une portée de plusieurs dizaines de kilomètres et est capable d'identifier différents types de moteurs de bateau.) Si deux sous-marins très silencieux utilisent uniquement un sonar passif, il y a de fortes probabilités qu'ils ne détectent pas la présence de l'autre. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle certains sous-marins percutent des blocs continentaux et des icebergs (car ces obstacles ne font aucun bruit).

Comment se fait-il que les sous-marins soient si furtifs et silencieux? Les sous-marins équipés de missiles balistiques sont conçus de façon à faire le moins de bruit possible et ainsi éviter d'être détectés. Ils se déplacent lentement, généralement pas à plus de 20 nœuds. Leur coque est recouverte de tuiles anéchoïques, une substance caoutchouteuse qui absorbe le bruit et empêche la détection par sonar. En outre, la quasi-totalité des parties mobiles est isolée de façon à n'émettre aucun bruit. Par exemple, la plateforme qui contient les moteurs repose sur des supports amortisseurs, qui suppriment les vibrations. La tuyauterie est suspendue à des systèmes de suspension anti-vibrations en caoutchouc, qui rendent l'écoulement d'eau insonore. Quand un ingénieur souhaite que son sous-marin soit extrêmement silencieux, il peut utiliser la convection de chaleur au lieu de se servir de pompes pour déplacer l'eau.

Le plus grand challenge des ingénieurs est de faire en sorte que l'hélice, qui ne peut pas être isolée, soit silencieuse. Lorsque les pales atteignent une certaine vitesse, elles créent des bulles et génère beaucoup de bruit. L'une des techniques d'atténuation du bruit consiste à utiliser de nombreuses pales (la majorité des hélices de sous-marin sont composées de sept ou huit pales). Ainsi, la vitesse de rotation des pales peut être réduite et néanmoins offrir la même propulsion. Les ingénieurs adaptent également la forme des pales et l'angle de l'hélice pour compenser le débit d'eau qui entoure la coque. (Bien que les éléments de conception précis des hélices de l'US Navy soient censés être tenus secrets, la plateforme Microsoft Virtual Earth a réussi à en obtenir un aperçu en 2007.)

Christopher Beam

Image de une: «Le Triomphant», le submersible français endommagé dans la collision. Image Marine nationale.

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