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Où séjourner à Venise?

Hôtels de luxe, hôtels de charme, restaurants: sélection de bonnes adresses dans la Cité des Doges.

L'hôtel Cipriani à Venise.
L'hôtel Cipriani à Venise.

Temps de lecture: 9 minutes

Septembre et octobre sont les mois les mieux fréquentés à Venise. Les hordes de badauds se font plus rares dans la Cité des Doges, le climat moins torride et les queues acceptables à l’Accademia, au Palais des Doges, à la Basilique Saint-Marc, au Musée Correr, l’ancien palais de l’Empereur, à la Ca Rezzonico et dans les six sestiers (quartiers) où l’on peut humer l’atmosphère vénitienne.

Il y a pléthore d’adresses, de 50 à 1.000 euros et plus la nuit. Le Michelin Italie 2013 recense 75 hôtels, palaces de rêve, quatre et cinq étoiles de bonne réputation, et une kyrielle de résidences, de locanda, de pensione dont les tarifs varient selon les dates choisies, les débuts de semaine étant moins onéreux. Voici une sélection d’hôtels et de restaurants de qualité à tous les prix.

Hôtels de légende

Le Gritti

L'hôtel tire son nom du doge Andrea Gritti, qui fut un général austère –son portrait figure dans le salon de l’hôtel– qui prit Brescia aux Français, et mourut, dit-on, d’une indigestion d’anguilles. Superbement situé sur le Grand Canal, face à la Salute et au Musée Guggenheim sur l’autre rive, c’est plus une demeure patricienne qu’un palace impressionnant par ses dimensions plutôt modestes, voire intimes. C’est pourquoi le Gritti accueille une clientèle sélect, exclusive, comme au Plaza Athénée et au Ritz à Paris.

De tous les cinq étoiles de Venise, le Gritti tient une place prépondérante, un rang à part. L’Histoire a traversé ce délicieux palace de poche. Parmi les habitués du XXème siècle, Ernest Hemingway, qui écrivit dans la suite 115-116 son dernier roman Au-delà du fleuve et sous les arbres. De cet appartement très cosy au premier étage où une table-bureau et ses livres ont été disposés, il jetait des bouteilles de Valpolicella aux gondoliers du quai afin qu’ils chantent des mélodies italiennes (O sole mio), ce qui l’aidait à composer son récit. Cette double suite très littéraire est la plus demandée du Gritti: dans l’open bar, les flacons préférés de l’auteur.

Au même étage, Somerset Maugham habita la suite 112. «Ici, on n’est pas un client mais un ami», écrivit en juillet 1959 ce véritable amoureux de la cité lacustre.

Dans la suite 216, celle de Peggy Guggenheim, on a accroché sept toiles de son époque et un sofa 1950. Voilà un bon plan pour François Pinault lors de ses vernissages annuels au Palazzo Grassi et à la Douane de Mer.

Ce mémorable joyau de l’hôtellerie ducale a été redécoré l’an dernier par l’Américain Chuck Chewning dans un style purement vénitien: lustres de Murano, tissus damassés de Rubelli, marbres dans les salles de bains, canapés de velours, lits Luxury Collection, bibliothèques, objets d’art, open bar –rien d’un hôtel classique. C’est comme si le Gritti avait toujours été ainsi: raffinement dans les détails, goût juste et luxe bien tempéré.

Initiée par le groupe Starwood –le Prince de Galles et le Westin à Paris–, la restauration a duré quinze mois et coûté 35 millions d’euros. Le nombre de clés a été réduit à 61 chambres et 21 suites, rehaussées par la vue imprenable sur le Grand Canal.

Ici, dans ce cadre ô combien préservé, embelli, c’est la «civilisation des salons» poussée à l’extrême, sans tape-à-l’œil, ni excentricités façon Philippe Starck. L’atmosphère des parties communes, des pièces à vivre du rez-de-chaussée, canapés de velours, boiseries, tableaux, est inégalable à Venise, tout comme le Club del Doge, le restaurant sur la terrasse en bois de teck face au canal, une sorte de rêve vénitien complété par une salle à manger d’hiver au charme saisissant. Un repas ici est un must absolu, tout comme un weekend ou plus.

• Campo Santa Maria del Giglio 2467. Tél.: 00 39 041 794611. Chambres à partir de 385 euros selon la période. Suite sublime sur le toit. Carte des plats de 25 à 120 euros. Spécialités de cinq risotti dont un végétarien (30 euros), cicchetti délicieux, assortiment de poissons du marché (50 euros), soufflé à la vanille (28 euros). Vins de toute l’Italie, Orto le blanc vif de Venise du français Michel Thoulouze (40 euros). Carte des plats de 70 à 130 euros. Cours de cuisine du chef Daniele Turco et visite du marché du Rialto (250 euros). Spa Acqua di Parma. Transferts privés.

Le Danieli

Autre hôtel mythique, le plus ancien de Venise, créé par le signore Guiseppe Dal Niel en 1822. Rénovation sobre des quatre suites majeures en 2012 dont celle du Doge, une splendeur royale, celle de Grace Kelly, de la Callas, de Garbo. Cette année, la direction du palace cher à Georges Sand et Chopin (qui occupaient la suite 10 sur le bassin de Saint-Marc) a transformé un salon du 4ème étage en wine suite vouée à la dégustation de grands vins (700 crus) accompagnés de hors-d’œuvre, jambon San Daniele et tapas à la vénitienne, et d'une vue sublime sur l’île de San Giorgio Maggiore.

Le salon d’accueil au rez-de-chaussée et l’escalier fameux des origines valent une visite. Attention en revanche aux chambres sans la vue et à l’acqua alta, les inondations rituelles –43 jours les pieds dans l’eau l’hiver dernier.

• Riva degli Schiavoni 4196. Tél.: 00 39 041 522 6480. Chambres et suites à partir de 600 euros. À la terrasse du 4ème étage, petit déjeuner (28 euros), déjeuner et dîner de 70 à 110 euros dans la pure tradition vénitienne. Une plongée visuelle dans l’horizon lagunaire.

Le Cipriani

Acquis par Jim Sherwood pour Orient Express Hotels en 1977, grand client avec son épouse Shirley, le palace so chic de l’île de la Giudecca est devenu un resort grâce à la piscine quasi olympique, le tennis, le jardin, les sculptures, le spa et le snack au bord de l’eau.

À l’écart de la foule de Saint-Marc et du Pont des Soupirs, c’est un oasis de volupté et de sérénité pour happy few et fortunés de la vie. L’été est la saison reine pour ce lieu de mémoire. Fermé de novembre jusqu’à Pâques.

• Giudecca 10. À dix minutes de Saint-Marc par vaporetto privé. Tél.: 00 39 041 240801. Chambres à partir de 700 euros. Déjeuner à la piscine, pasta, pizza, hamburger, de 50 à 70 euros. Dîner au Fortuny élégant ou au Cip’s, l’enclave gagnée sur les eaux, au bord du quai, un must pour la vue unique et les plats simples: foie de veau à la vénitienne (30 euros).

The Bauer Collection

La belle Francesca Bortolotto Possati, petite-fille du fondateur du Bauer, ne cesse d’étendre son empire hôtelier à Venise. C’est la seule grande dame d’Italie à la tête de quatre unités hôtelières créées ou rénovées comme le Bauer Palazzo sur le Grand Canal, une admirable reconstitution de type vénitien de pas moins de 50 chambres et suites avec vue sur la Salute. D’où la vogue actuelle du cinq étoiles, de ses salons en marbre et de la terrasse sur les eaux –le type même du palace ducal.

À Campo San Moisè, la seconde unité mitoyenne du Bauer Palazzo pour des séjours plus abordables et des groupes, prix des nuitées intéressant selon la saison. Petit déjeuner sur la terrasse du restaurant De Pisis ou au 7ème étage sur un promontoire surplombant les toits de la cité chère à Balzac et Proust: magnifique coup d’œil.

Au De Pisis, on peut déguster l’éventail des plats créatifs, inspirés de la mémoire vénitienne, signés du japonais Hiraki Masakazu, formé par les maestros Marchesi et Giovanni Ciresa, chef du Bauer Palazzo pendant dix ans. Consommé de homard (28 euros), fish and chips de sole (45 euros), bar aux olives noires (49 euros). Vins du Frioul. Service parfait.

• San Marco 1413/d. Tél.: 00 39 041 520 7022. Suites et chambres à partir de 400 euros. Au Bauer Hotel, chambres à partir de 300 euros.

Le Londra Palace

Affilié (c'est le seul de Venise) à la chaîne des Relais & Châteaux, ce bel hôtel de 140 ans –cent fenêtres sur le bassin de Saint-Marc– trône sur le Grand Canal, à quelques pas du Danieli. Cette situation d’exception face à la mer et aux gondoliers fait tout le prix d’un séjour en lisière de la Venise historique. Décoration sobre des chambres, suites élégantes avec vue.

Sur la véranda, le restaurant Do Leoni, devant le Campanile de San Giorgio, présente le répertoire un brin confus du chef Loris Indri, adepte d’une cuisine plus compliquée que naturelle: pourquoi mouiller le bar d’une sauce chaude aux pêches et fabriquer des chips de basilic pour des raviolis à la burrata? Et une glace à la vinaigrette pour la salade romaine? La grillade de poisson ou le filet de turbot vont eux droit au but. Tout cela n’est pas donné, à l'image des légumes grillés (12 euros) ou du soufflé vanille peu convaincant (22 euros). Carte de 65 à 95 euros.

• Riva degli Schiavoni, castello 4171. Tél.: 00 39 041 520 0533. Chambres classiques de 229 à 299 euros avec vue sur la lagune, junior suite de 379 à 720 euros. Un bon plan.

Hôtels de charme

Bauer Palladio

Sur l’île de la Giudecca, à quelques dizaines de mètres du très beau Cipriani, l’ancien monastère des zitelle, jeunes filles non mariées, à coté de l’église Palladio, a été transformé en une délicieuse demeure haute de murs, dotée d’un jardin de roses, d’une terrasse isolée et d’un spa. Un refuge secret, intime comme un palais familial.

Repas sur la terrasse-jardin par le chef Alessandro Zaccheo, un amoureux des taglioni, des paccheri et gnocchi. Carte très simple de salades à la bresaola (12 euros), penne à la tomate (12 euros) ou tiramisu fondant (10 euros). Chardonnay délicieux du Frioul (10 euros), café ristretto (2 euros).

• Isola della Giudecca. À dix minutes de San Marco par le bateau de l’hôtel, amarré au Bauer Palazzo. Tél.: 00 39 041 520 7022. Chambres à partir de 280 euros, spa.

Pensione Accademia

Dans le quartier Dorsoduro, une plaisante villa et un jardin pour le petit déjeuner. Une adresse d’un excellent rapport qualité-prix.

• Fondamenta Bollani 105. Tél.: 00 39 041 521 0188. 27 chambres à partir de 90 euros.

Hotel Ala

À deux pas du Gritti et de l’église Santa Maria del Giglio, un ancien palais d’un bon confort, limitrophe d’une trattoria en terrasse: le chic vénitien.

• Campo S.M. del Giglio 2494, San Marco. Tél.: 00 39 041 520 8333. 84 chambres de 70 à 600 euros.

Paganelli

Tout près du Danieli, un petit hôtel refait à neuf dont l’atout reste sa position face au bassin de Saint-Marc, au cœur de la cité maritime.

• Riva degli Schiavoni, castello 4182. Tél.: 0 39 041 522 4324. 21 chambres de 60 à 300 euros.

Commercio e Pellegrino

Autre hôtel de taille modeste, bien tenu, et surtout situé à l’angle du Danieli, idéal pour découvrir le cœur historique de la cité aux lions. Des prix rares pour une si heureuse localisation.

• Calle delle Rase, castello 4551/A. Tél.: 00 39 041 520 79 22. Chambres de 50 à 250 euros.

Restaurants

Vu le nombre de gargotes, de faux estaminets de luxe, de trattoria présentant des poissons gelés par la glace et des menus turistico à 18 euros et plus, il est indispensable de repérer et de choisir des tables recommandées par les guides, les concierges d’hôtels ou des gourmets compétents. Attention aux coups de fusil.

Le Quadri

C’est le seul restaurant de grande classe, étoilé au Michelin en 2012, niché sur la place Saint-Marc. Une terrasse avec orchestre sur le pavement, un restaurant ABC (alla base della cantina) dans la salle à manger aux miroirs peints et un répertoire classique: l’assiette d’anchois et toasts (16 euros), les spaghetti vongole aux clams (22 euros), les lasagnes bolognaise (20 euros), les raviolis à la burrata et tomate (20 euros), la cassata d’abricot (11 euros) et le pinot gris (7 euros le verre). Rien de mieux sur la piazza aux chevaux.

L’ensemble du Quadri, en face du Florian, a été repris, dynamisé par les frères Alajmo –le frère cadet Massimiliano a été le plus jeune trois étoiles de l’histoire au Calandre à Rubano, près de Padoue. C’est le génial chef longiligne qui a conçu la remarquable carte au premier étage.

Dans un cadre de palazzo, Silvo Giavedoni, formé à Rubano, prépare un récital éblouissant, parfois complexe, mais innovant, inédit à Venise: un admirable risotto à la truffe de mer (ormeau) jamais mangé nulle part, une assiette de foies de volaille aux cèpes et polenta, du style foie de veau à la vénitienne, un vitello tonnato très goûteux, un risotto à l’encre de seiche à tomber. Bref, voilà la meilleure table de Venise, bien supérieure au Harry’s Bar dont les prix restent cinglants. Vins sélectionnés par un sommelier, tels un Valpolicella 2005 (12 euros le verre). Dîner seulement.

• Piazza San Marco. Tél. : 00 39 041 522 2105. Menus à 165 et 220 euros. Carte de 100 à 210 euros.

Cip’s Club

Sur le quai du Cipriani, une terrasse sur les eaux vertes, parasols et panorama sublime sur la place Saint-Marc, le Campanile, le Palais des Doges, le Danieli, l’église de la Pietà, la Venise éternelle. On dîne là devant ces beautés architecturales bien préservées de plats de la cucina italiana: sole in saor (28 euros), jambon de Parme aux figues (28 euros), minestrone (22 euros), branzino (bar) aux légumes (45 euros), escalope de veau milanaise (40 euros), glace au chocolat noir (18 euros).

• 10 Giudecca. Tél.: 00 39 041 520 7744. Dîner seulement. Navette gratuite à San Marco.

Le Grand Canal

C’est le restaurant du Monaco et Grand Canal, l’hôtel cinq étoiles rénové par Benetton où descendaient Sartre et Beauvoir, séduits par la localisation remarquable sur les eaux. La terrasse accueille bon nombre de Vénitiens et visiteurs amoureux de la Sérénissime. Toutes sortes de pâtes, risotti et poissons du Rialto.

• San Marco 1332. Tél: 00 39 041 520 0211. Carte de 60 à 90 euros.

Trattoria Da Remigio

Une osteria rustique fréquentée par les fins becs vénitiens pour les poissons et la pasta à des prix aimables (30 à 40 euros).

• Sestiere Castello 3416. Tél.: 00 39 041 523 0089.

Vino Vino

Un bar à vins, un comptoir et des assiettes vénitiennes: sardines in saor, plats du jour et blancs du Veneto. Jusqu’à minuit.

• Ponte delle Veste 2007. Tél.: 00 39 041 241 7688. De 20 à 80 euros.

Nicolas de Rabaudy

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