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Ai-je attrapé le virus de la grippe 2013?

Sept choses à savoir.

REUTERS/Kai Pfaffenbach
REUTERS/Kai Pfaffenbach

Temps de lecture: 5 minutes

Vous ne vous sentez pas bien, vous avez un peu mal partout, vous toussez... Avez-vous la grippe? Ce qu’il vaut mieux de savoir plutôt que de l’ignorer. En sept points.

1. Est-ce bien la grippe?

Cette affection d’origine virale très contagieuse n’est pas la seule infection respiratoire aiguë susceptible de surgir entre automne et printemps. Quel visage prend-elle?

Pour l’essentiel, un début souvent brutal, avec:

  • une forte fièvre (autour de 39°C);
  • une fatigue intense (asthénie);
  • des douleurs musculaires (courbatures) et articulaires diffuses;
  • des maux de tête (céphalées);
  • le tout suivi d’une toux sèche.

Ce cortège de symptômes apparaît généralement 48 heures après l’infection par le virus de la grippe saisonnière. Mais il faut savoir que vous restez contagieux pour les personnes de votre entourage jusqu’à cinq jours après le début des premiers signes chez l’adulte (sept jours, estime-t-on, chez l’enfant).

2. Ne serait-ce pas plutôt un «syndrome grippal», docteur?

On désigne par syndrome grippal un syndrome tenu pour être d’origine virale et comportant l'ensemble ou la majeure partie des symptômes de la grippe. On dit que le syndrome grippal se caractérise par des signes moins intenses et un tableau clinique plus modéré.

La vérité est qu’il est bien difficile de faire la différence. Il faudrait en toute rigueur procéder au plus vite à un prélèvement biologique pour isoler les virus de la grippe des autres agents infectieux capables de provoquer les mêmes symptômes. Ce qui ne peut, en pratique, être fait puisque cela ne changerait rien à la prise en charge de la personne infectée; à commencer par le fait de ne pas avoir recours à un traitement par antibiotiques.

Outre les virus de la grippe les principaux virus donnant un syndrome grippal peuvent-être les virus parainfluenza, le virus respiratoire syncytial (VRS), les adénovirus et les rhinovirus.

3. On fait quoi?

Rien ou presque, du moins chez les personnes qui ne sont exposées à aucun risque particulier. La fièvre est un mécanisme physiologique immunitaire antiviral qui perturbe la biochimie des réplications virales. Rien ne sert donc de vouloir la faire baisser à tout prix. Et il n'y a pas de preuves scientifiques du bénéfice des traitements visant à réduire l’intensité des symptômes chez les adultes par ailleurs en bonne santé.

Ceci n’interdit nullement, bien au contraire, le repos alité: l'arrêt de travail offre l’indéniable avantage collectif de limiter la contagion et les risques de propagation de l'infection.

Des traitements médicamenteux (contre la douleur et la toux) peuvent êtres prescrits; ou pas. De même que la fameuse vitamine C contre l’asthénie. Pas d’aspirine chez les jeunes enfants (son administration lors d'une grippe peut entraîner un syndrome de Reye, rarissime mais potentiellement mortel).

Ne pas oublier de s’hydrater. Pour ce qui est des médicaments antiviraux (amantadine et la rimantadine, oseltamivir et zanamivir) à l’efficacité et à l’intérêt discutés, voir avec son médecin. Il en va de même avec les antibiotiques qui ne sont généralement prescrits qu’en cas de surinfection bactérienne.

4. C’est souvent simple. Mais cela peut se compliquer. Quand?

Généralement, l’affaire est de courte durée. Et même si les symptômes peuvent être intenses et mal supportés, rien ne sert de paniquer. Le véritable problème médical est le risque de complication. Avec, chaque année, un nombre nullement négligeable de morts prématurées. Qui est avant tout concerné?

Pour l’essentiel les personnes fragiles: personnes âgées ou souffrant déjà de certaines maladies chroniques. La grippe peut alors se compliquer de troubles respiratoires:

  • soit parce que le malade avait déjà une fonction respiratoire déficiente
  • soit parce qu’une infection dite «bactérienne» est venue compliquer l’infection virale grippale.

C’est précisément pour prévenir ce type de complications que les personnes fragiles sont invitées à se faire vacciner.

Les nourrissons, en particulier ceux de moins de six mois, présentent également des risques accrus de complications. Mais comme ils ne peuvent pas encore bénéficier du vaccin, ils doivent être protégés par leurs proches grâce aux gestes «barrière». Il s’agit là de freiner autant que faire se peut la circulation virale, qui ne peut se faire qu’entre humains). Pour les plus fragiles des tout petits (prématurés porteurs de séquelles pulmonaires, enfants atteints de cardiopathie congénitale ou de déficit immunitaire congénital), la vaccination de leur entourage proche –familial ou pas– est hautement recommandée.

5. Quels sont les gestes «barrière»?

En période d’épidémie de grippe, plus vous respectez les mesures suivantes et mieux vous (et votre entourage) vous porterez:

  • Lavez-vous les mains. Avec du savon –si possible– liquide et en les frottant pendant 30 secondes. Rincer ensuite sous l’eau courante et sécher avec une serviette propre ou à l’air libre. L’idéal est que le lavage des mains devienne un réflexe: au minimum, avant de préparer le repas ou de le partager mais aussi après s’être mouché, avoir éternué ou toussé en mettant sa main devant la bouche, être passé aux toilettes, s’être occupé d’un animal et après chaque sortie;
  • Servez-vous d’un mouchoir jetable pour vous moucher, tousser, éternuer ou cracher, et jetez-le aussitôt dans un réceptacle à couvercle si possible;
  • Portez un masque si vous êtes grippé, surtout pour rendre visite à une personne fragile;
  • Évitez d’emmener un nourrisson dans les lieux publics où il pourrait entrer en contact avec des personnes infectées (transports en commun, centres commerciaux, hôpitaux) en période d’épidémie;
  • Ouvrez les fenêtres régulièrement pour aérer et diminuer la concentration en germes pathogènes;
  • Évitez de serrer les mains ou d’embrasser pour dire bonjour;
  • Evitez de vous toucher directement les yeux, la bouche ou le nez, sans vous être au préalable lavé les mains (de la manière indiquée ci-dessus).

6. Que savoir sur le vaccin 2012-2013?

Le vaccin contre la grippe saisonnière est actualisé tous les ans car d’une année à l’autre, les différents virus grippaux qui circulent sont d’une structure différente.

Depuis qu’il existe, ce vaccin est spécifiquement élaboré pour prévenir les infections par les 3 types de virus qui ont le plus circulé durant l’hiver précédent et qui sont donc susceptibles d’être présents lors de l’hiver suivant. Le virus A(H1N1)2009 (de la grippe dite «pandémique») ayant continué à circuler durant l’année 2011, il est bel et bien toujours présent dans la composition du vaccin saisonnier 2012.

La vaccination contre la grippe (notamment des personnes particulièrement fragiles) a pour objectif premier de diminuer les risques de complications et de formes graves. En dépit de bien des polémiques sur son efficacité, la mortalité attribuée à la grippe a baissé depuis que la vaccination contre la grippe existe. Pour autant, il serait faux d’affirmer que ce vaccin assure une protection à 100%. Et c’est vrai: il arrive que des personnes parfaitement vaccinées contractent la grippe. L’infection est alors généralement moins sévère et les risques de complications moins élevés.

La fabrication du vaccin contre la grippe et son autorisation d’utilisation se font chaque année selon les mêmes procédures. Les effets indésirables des vaccins sont connus et peu fréquents et il est bien plus dangereux d’avoir une forme grave de grippe que de se faire vacciner. Enfin, être exposé à un risque impose de se faire vacciner chaque année.

7. La «grippe» est-elle germanique?

Au départ, c’est le terme «influenza» (abrégé en flu) qui a été utilisé. C’était en Angleterre il y a 250 ans. Pourquoi? Flu viendrait de l'expression italienne «influenza di freddo» (sous l'influence du froid). Il rappelle le caractère saisonnier de la maladie, qui laisse supposer l'influence de l'environnement extérieur sur l'homme.

Quant au mot français grippe, il aurait une origine germanique (de grippen «agripper, saisir brusquement»). Ainsi n’attraperait-on pas la grippe, mais ce serait elle qui nous mettrait le grappin dessus. On peut aussi préférer le désuet et charmant folette.

«En 1762, la maladie parcourt l'Europe d'est en ouest. En Allemagne, un dixième de la population est atteint. En France on l'appelle baraquette, petite poste, petit courrier ou folette.» (Roger Teyssou La médecine à la Renaissance et évolution des connaissances, de la pensée médicale du quatorzième au dix-neuvième siècle en Europe - 2002)

A lire, le cas échant durant la période d’alitement.

Jean-Yves Nau

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