Médias / Tech & internet

Les doodles de Google, nouveaux marronniers des sites d'infos

Comment les 112 ans de Zamboni, l'inventeur de la machine à resurfacer la glace, et les 100 ans de l'archéologue Mary Leakey sont devenus un enjeu pour la presse web.

<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/File:Surfaceuse.jpg">Une surfaceuse Zamboni</a> / Myrabella / Wikimedia Commons / CC-BY-SA-3.0
Une surfaceuse Zamboni / Myrabella / Wikimedia Commons / CC-BY-SA-3.0

Temps de lecture: 2 minutes

Le 16 janvier 2013, la presse web française célébrait, avec pas moins de 18 articles, un événement à la portée considérable: le 112e anniversaire de Franck Zamboni, le créateur de la Zamboni, la machine à resurfacer la glace des patinoires. Pour situer le niveau de notoriété de Franck Zamboni, sa page française sur Wikipedia tourne en moyenne à 5 consultations par jour.

Son 112e anniversaire n'y est pour rien. L'intérêt que la France a soudainement porté à Franck Zamboni s'explique par la page d'accueil de Google qui proposait un petit jeu en hommage à l'inventeur américain. 

Une cinquantaine de fois par an, Google habille son logo avec un dessin ou une animation, le désormais célèbre «doodle», le plus souvent pour célébrer l'anniversaire de grands anciens, des 50 ans de Bonne nuit les petits aux 200 ans de l'architecte Paul Abadie.

Piège à clics

Les doodles, souvent très réussis, ont une place de choix dans la culture Internet. Mais méritent-ils vraiment 18 articles de presse pour les 112 ans d'une obscure star des patinoires?

En termes de clics, en tout cas, ça les vaut. Google est le site le plus visité en France avec 40 millions de visiteurs uniques. Les visiteurs intrigués par un doodle cliquent souvent sur le logo qui les emmène sur la requête Google du nom de la personne honorée. C'est ainsi que la fiche Wikipedia de Paul Abadie a atteint les 324.000 vues le 18 novembre quand il a été célébré par Google, contre 40 vues en temps normal.

Un article sur la deuxième version du Google de Noël

La presse profite de cet effet d'aubaine. Quand un mot-clé est dans l'actu, Google peut afficher les résultats de Google News au-dessus des résultats naturels, et donc de Wikipedia. Le site d'info qui passe en premier récupère le jackpot en pages vues. Du coup, les doodles sont devenus un marronnier pour la presse web. Les sites de L'Express, de BFM TV, de 20 Minutes et d'Atlantico couvrent tous les nouveaux logos Google. 

Du côté de L'Express et de BFM TV, on assure répondre à une demande des lecteurs, curieux de savoir ce que sont ces dessins en une de Google. «C'est une manière d'être à l'écoute du Net, et de l'expliquer à nos lecteurs, y compris le fonctionnement de cet outil, dit Eric Mettout, directeur adjoint de la rédaction de L'Express. Et évidemment, c'est apporteur d'audience.»

Ça donne en tout cas lieu à des articles passionnants comme cet article de 5 lignes de BFMTV.com sur la deuxième version du doodle Joyeux Noël, qui se clôture par ce morceau de bravoure de gonzo-journalisme: «Une recherche "Joyeuses fêtes" s'ouvre en cliquant sur le Doodle.»

Le réd chef, c'est Google

Le problème, c'est que souvent, personne ne connaît les personnes mises à l'honneur par Google. On plaint les pauvres journalistes de corvée de nécro, qui finissent parfois par aller tout repomper sur Wikipedia, comme ici pour Frank Zamboni sur BFMTV.com et Atlantico. A comparer avec la fiche Wikipedia. Combien d'articles seront publiés en ce jour de centième anniversaire de la naissance de Mary Leakey, archéologue britannique à l'honneur du doodle du jour?

On ne saurait trouver meilleur exemple pour ces journalistes web anonymes qui se plaignent dans une dépêche AFP récente que Google soit devenu leur «redchef». Google profite de la presse, affirmaient les partisans d'une taxe sur le moteur de recherche, avant d'obtenir la création d'un fonds de 60 miilions d'euros. Mais la presse sait aussi profiter de Google.

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