Monde

Europe: les pays de l'est n'existent plus

En tout cas sous forme de bloc.

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C'était, le 7 juin 2009, leur deuxième participation aux élections du Parlement européen. Voilà cinq ans que huit pays anciens membres du bloc soviétique ont adhéré à l'Union Européenne, suivis en 2007 par la Bulgarie et la Roumanie. L'anniversaire de leur entrée n'a pourtant pas fait grand bruit. Serait-ce qu'au fond, leur appartenance à l'Europe est déjà devenue une habitude, un lieu commun? Les Est-Européens ne seraient-ils plus aujourd'hui que de simples Européens?

Il est tout simplement absurde, selon Eliane Mossé, ancien conseiller pour l'Europe centrale auprès du ministère des Finances et chercheuse à l'IFRI, de parler en bloc d'Européens de l'Est. Toujours selon Eliane Mossé, ces pays peuvent porter un regard commun, plutôt méfiant, sur les relations avec la Russie, mais là s'arrête leurs similitudes.

Dans leurs relations avec les pays de l'Ouest, chaque Etat joue sa propre carte. La Pologne déploie une politique réticente et méfiante vis-à-vis de l'Allemagne liée au poids de l'histoire, mais ce n'est pas le cas des Etats baltes. La latine Roumanie privilégie d'avantage de contacts avec la France, la Lituanie avec l'Angleterre, l'Estonie avec la Finlande. Un exemple confirme d'ailleurs selon la chercheuse la disparition des «pays de l'Est» en tant que tels au sein de l'Union Européenne (UE). Plusieurs banques autrichiennes ont voulu lancer en février 2009 une proposition d'aides financières spécifiques aux pays d'Europe centrale et orientale. Ces derniers ont décliné l'offre, estimant qu'ils n'avaient pas besoin d'un traitement spécial.

La contestation se fait naturellement encore plus virulente lorsque la différenciation prend un tour négatif. Dans une tribune publiée par le journal Evenimentul Zilei et citée dans les pages du Courrier International du 10 juin, Andrei Postelnicu, conseiller auprès du président du Sénat roumain, manifeste  son mécontentement devant l'inégalité de traitement entre Etats face à la question de la dette publique: «La Commission a déclaré qu'elle prendrait des mesures de rétorsion contre la Roumanie (et elle l'a fait), parce que, avec un déficit budgétaire de plus de 3%, celle-ci contrevient à l'une des principales dispositions du pacte de stabilité. Le fait que des pays comme la France ou l'Allemagne dépassent depuis longtemps ce taux sans se voir pénaliser est un sujet que l'on ne doit pas évoquer, parce que ce n'est pas poli. Que faut-il comprendre ? Que même dans une Union solidaire, certains sont plus égaux que d'autres.»

Cela n'empêche pas Martha, jeune travailleuse roumaine nouvellement immigrée en France, d'estimer pour sa part que l'entrée de la Roumanie en Europe est une grande chance pour ses habitants. Quant à elle, il lui semble que la vie à Paris promet «plus d'égalité entre les gens, plus de solidarité, un accès plus facile à l'école pour les enfants. Plus de loisirs aussi, de choses à découvrir.» Paris, ville-lumière; il n'y a certes pas qu'en Europe de l'Est que l'on fait ce rêve.

Certains pays ont pourtant trouvé leur cocagne ailleurs qu'à l'Ouest: dans leur propre croissance. Il faut noter qu'en termes de PIB (Produit intérieur brut) par tête, la Slovénie dépasse aujourd'hui l'Espagne, et le phénomène s'étendra probablement, lorsque la crise aura passé. Au moment de la transition, le PIB par tête des nouveaux arrivants équivalait en moyenne à 25% de celui des «anciens». Aujourd'hui, le chiffre est passé à 78%.

Macha Fogel

Crédit photo: Deux frères faisant de la récupération de métal avec une carriole à Mitrovica en Albanie  Reuters

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