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L'attentat de Tel Aviv, revendiqué par les Brigades des martyrs d'al-Aqsa, une arme contre le cessez-le-feu

Le but du bras armé du Fatah n'était pas de faire des victimes, mais de mettre à mal un processus dont Ramallah est écarté.

Tel Aviv, le 21 novembre 2012. REUTERS/Nir Elias
Tel Aviv, le 21 novembre 2012. REUTERS/Nir Elias

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Mise à jour: Hillary Clinton, la secrétaire d'Etat américaine, et le ministre des affaires étrangères égyptien ont annoncé ce mercredi 21 novembre en fin d'après-midi qu'une trêve allait intervenir dès 20 heures (21h heure locale), entre Israël et les groupes armés palestiniens de la bande de Gaza. Néanmoins, Israël refuse de lever le blocus du territoire palestinien.

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Depuis quelques temps déjà, les organisations terroristes de Gaza prévenaient les médias qu’une «surprise immense» attendait les Israéliens. Cette mise en garde avait été mise sur le compte de l’esbroufe de militants subissant le feu des représailles israéliennes.

On savait pourtant que ces annonces étaient toujours suivies d’actes. Aucune mesure spéciale n’avait été prise par les autorités israéliennes qui craignaient plutôt les Fajr-5 sur Tel Aviv.

Ce mercredi, les terroristes ont réussi une opération de première importance. Je me trouvais à quelques mètres de l’attentat, en route vers les locaux de Guysen-TV qui jouxtent le complexe militaire de la défense nationale. Le choc psychologique était à la hauteur de la surprise, plus important que les trois alertes aux missiles.

L’impact médiatique est immense. Les Israéliens étaient persuadés que l’ère des attentats était révolue et d’ailleurs un relâchement était visible, puisque les contrôles à l’entrée des commerces et des restaurants avaient été réduits.

Le lieu de l’attentat est symbolique, à l’angle des rues Weizman et Chaoul Hamélekh,  en face du quartier général de l’armée, l’Hakirya, où les officiers généraux planifient les opérations de Gaza et à proximité du grand hôpital de Tel-Aviv, Yékhilov.

Il ne s’agit pas d’un attentat kamikaze car selon la police, l’explosif avait été abandonné par un passager sous un siège au centre de l’autobus ou plus probablement placé à l’avance, ce qui impliquerait des négligences de la part de la compagnie d’autobus. Les premières investigations tendent à prouver que la bombe avait été sommairement préparée, ce qui explique le nombre réduit de victimes –13 blessés dont trois dans un état grave, évacués vers l'hôpital Ichilov au moment où j'écris ces lignes– alors que l’autobus était plein à cette heure de la journée.

Dès le début, les responsables politiques n'ont pas accusé le Hamas mais une des nombreuses organisations extrémistes de Gaza qui cherchent à saboter les négociations de cessez-le-feu en cours. D’ailleurs, le ministre de la Sécurité intérieure, Yitzhak Aharonovitch, confiait:

«Il s’agit d’une très sérieuse attaque. Si je veux exclure mon instinct et mon propre sentiment, je pense que le Premier ministre doit prendre une décision sur l'opportunité de poursuivre les négociations pour un cessez-le-feu.»

Les Brigades des martyrs al-Aqsa, le bras armé du Fatah, opposé au Hamas, ont revendiqué l'action contre l’autobus. Ce sont des experts qui se sont distingués  dans plus d'une douzaine d'attentats suicides contre Israël et en particulier:

  • 2 mars 2002: Beit Yisrael, Jérusalem –11 morts
  • 5 janvier 2003: Arrêt de bus au sud de Tel Aviv –22 morts
  • 29 janvier 2004: Rehavia, Jérusalem, ligne de bus n°19 –11 morts
  • 14 mars 2004: Port d'Ashdod –10 morts

La reprise d’activité de ces brigades tend à démontrer que le Fatah de Mahmoud Abbas n’apprécie pas d’être mis à l’écart des négociations et d’être marginalisé. Israël risque de pâtir du conflit entre ces deux clans.

Mais ceux qui ont perpétré cet attentat n'auront peut-être pas réussi à atteindre leur but, non pas de faire de nouvelles victimes israéliennes, mais d'entraîner Israël à envisager des représailles terrestres contre Gaza, réclamées par une grande majorité de la population.

En ce début d'après-midi, le cabinet restreint de sécurité, composé des neuf principaux ministres, s'est réuni pour discuter de la proposition de cessez-le-feu et de l'attentat de Tel-Aviv. Et il semble bien que le gouvernement ne changera pas de politique après cet attentat et qu’il continuera à rechercher une voie pacifique.

Jacques Benillouche

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