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L'Europe d'outre-mer cherche sa place

L'abstention sera forte dans les Dom-Tom français.

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Est-ce le soleil qui assomme la campagne pour les européennes aux Dom-Tom? Cette fois encore, ces élections ne devraient pas déplacer les foules. En 2004, le taux d'abstention avait dépassé les 70%. Les européennes de ce week-end sont la première consultation électorale depuis les grèves générales de février et de mars.

Le mouvement contre la vie chère, emmené par le LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon, ou Alliance contre les profiteurs), n'a pas trouvé un débouché dans les urnes. Le scrutin a pourtant de quoi intéresser les ultra-marins. Le prix de la banane, première richesse des Dom, a beau être subventionné par l'UE depuis longtemps, les Européennes ne font pas recette. Le boycott de ces élections par les leaders contestataires n'y est pas étranger. S'y ajoute les difficultés structurelles d'une circonscription très hétérogène et bien loin de Bruxelles.

Le LKP invisible

Pour ce scrutin, le LKP joue les grands muets car la coalition intersyndicale ne ne fait pas de l'Union européenne un interlocuteur privilégié. Jean-Marie Nomertin, bras droit d'Élie Domota, le porte-parole du LKP, refuse de donner une consigne de vote: «Nous n'avons pas cette vocation là». «Et puis je ne vois pas ce que cette élection pourrait changer. Avant de discuter élections européennes, il faudrait parler de tous ces licenciements ou des quotas de pêche}» ajoute-t-il. Des revendications pourtant en lien direct avec Bruxelles, premier législateur en matière d'agriculture et de pêche.

Malgré le désintérêt de la majeure partie du collectif pour le rendez-vous électoral, Harry Durimel s'est lancé dans la campagne. Candidat des Verts et seul membre du LKP à se présenter, il est prêt à faire entendre la voix du mouvement au Parlement européen. Ecoutez Harry Durimel.

Les électeurs antillais ne voient pas dans ces élections le rapport direct avec leurs revendications sociales de cet hiver. L'Europe n'est pas intervenue dans les négociations entre le patronat et les syndicats. L'euro-députée sortante, Madeleine Jouye de Grandmaison, candidate de l'Alliance des outre-mers,  estime que «cette affaire est  franco-française» et qu'elle doit être réglée par l'Etat français. Elle regrette que le gouvernement n'ait pas jugé nécessaire de consulter les euro-députés ultra-marins. Son parti, l'Alliance des Outre-mers, a choisi de mettre l'accent sur l'argument identitaire pour mobiliser dans cette campagne. «L'Europe des régions respecte les particularismes et permet de revendiquer les identités culturelles et régionales», soutient Georges Brédent, candidat réunionnais.

D'un bout à l'autre de la planète

L'organisation complexe et incohérente de cette immense circonscription ne facilite pas la mobilisation pour ce scrutin. Depuis la réforme de 2007, celle-ci est partagée en trois sections géographiques distinctes, représentée chacune par un député au Parlement européen: Atlantique, Pacifique, Océan Indien.

Ce découpage est censé équilibrer la représentation des DOM-TOM au Parlement. Auparavant, les trois députés étaient élus pour représenter l'ensemble de la circonscription, territoire éclaté d'un bout à l'autre de la planète. Derrière le sigle «Dom-Tom», les revendications entre Papeete, Pointe-à-Pitre ou Saint-Denis-de-la-Réunion sont rarement les mêmes.

Cet éparpillement géographique ne facilite pas le travail des euro-députés domiens. Madeleine de Grandmaison en fait quotidiennement l'expérience. Ecoutez Madeleine de Grandmaison.

Harry Durimel connaît bien ces allers et retours perpétuels. «Le bilan carbone  de ma campagne d'écologiste aux européennes est plutôt négatif», confie le candidat des Verts. Le prix à payer peut-être pour parler d'une Europe dont les citoyens ultra-marins se sentent toujours à l'ultra-périphérie.

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