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Hôtesses et autos: le salon de la carrosserie

Au Mondial de l’automobile, les gens viennent voir des autos et des filles assises sur des capots. C’est un peu ringard, mais ça fait partie du folklore.

Une hôtesse sur le stand Fiat, au Mondial -- Jacky Naegelen / Reuters
Une hôtesse sur le stand Fiat, au Mondial -- Jacky Naegelen / Reuters

Temps de lecture: 3 minutes

Une grande tradition du Salon de l’auto, avec le sandwiche rassis à 10 euros et la cannette de Coca à 5 euros, c’est l’hôtesse sexy. C’est comme ça. Ça fait partie du folklore et si l'on imagine aisément une édition du Mondial sans telle ou telle marque parce qu’elle aurait fait faillite six mois plus tôt, ou qu’elle aurait été rachetée par des Chinois qui ne savent pas encore quoi en faire, les hôtesses sont un must ― incontournables.

Tellement incontournables, en fait, qu’on est forcé de sortir au moins une vanne un peu naze sur le thème des belles carrosseries dans un article qui les concerne (voilà, c’est fait, je n’ai plus besoin d’y revenir maintenant). Car il faut bien l’avouer, le concept est tout de même un peu beauf tout de même: au Salon de la bagnole, on vend du rêve aux hommes et le rêve des hommes, c’est une fille en minijupe assise sur un capot de voiture de sport.

Curieusement (au moins pour les gens qui ont des préjugés comme moi mais je me soigne), Karine Bey, la responsable de l’opération Mondial chez Arana, une agence de mannequin parisienne, n’est pas vraiment dupe de la vanité de ce genre de choses. Prestataire de trois marques très différentes (Porsche, Hyunday et Lexus), elle est tout à fait consciente de ce qu’il peut y avoir d’un peu gênant dans l’exercice, mais l’attribue à la «société» et la manière dont elle fonctionne:

«La présence de jolies femmes près des voitures n’est pas un cliché sans raison, on fait avec. Mais ça peut être très professionnel malgré tout et pas plus lourd que n’importe quelle autre activité.»

D’une certaine manière, le job d’hôtesse s’est d’ailleurs fortement sophistiqué depuis quelques années et la potiche intégrale en jupe fendue au sourire Colgate, si elle n’a pas totalement disparu, surtout du côté des marques italiennes haut de gamme, a souvent été remplacée par un autre type de profil, un peu plus intello:

«Il y a trois type de demandes, en fait, confirme Karine Bey. Les mannequins qui vont simplement rester près de la voiture et sourire, les hôtesses capables de renseigner les visiteurs, et les hôtesses-mannequins qui peuvent faire les deux à la fois…»

― Les belles, les pas aussi belles mais intelligentes, les belles et intelligentes, alors…

― Ca n’est pas exactement ça mais si vous voulez, il vaut mieux qu’elles soient belles, effectivement…

― Et comment détermine-t-on qu’elles le sont? C’est quoi vos critères?

― Les mêmes que les vôtres à mon avis…

― Hum, OK… Et pourquoi un constructeur choisit-il votre agence plutôt qu’une autre? Vous êtes spécialisée dans l'automobile? Il  vous demande des grandes blondes si c’est une marque allemande et des petites brunes pour une marque japonaise?

― Ça ne marche pas comme ça, même si ça peut être un peu stéréotypé et qu’une marque nord-européenne va plutôt demander une «caucasienne». Mais il y a tous les types physiques ou ethniques, des Asiatiques, des Africaines, parmi les hôtesses du Mondial. C’est comme dans tous les secteurs, ils font un appel d’offre, on répond, ils nous choisissent ou pas... Rien de bien exceptionnel.

«Les dragueurs lourds, c'est un problème? Oui, mais pas plus qu'au bureau...»

Une fois sélectionnée, l’agence est briefée par le constructeur, qui lui explique ce dont il a besoin en termes de mix intelligentes-pas si intelligentes, un casting est organisé, des filles (et des garçons, qu'est-ce que vous croyez, on est 2012) sélectionnées et, dans certains cas, une session de formation organisée: «Lorsqu’il faut être en contact avec les visiteurs, il faut alors connaitre les produits et leurs caractéristiques. Là on cherche des personnes qui sont capables de s’exprimer. Ça peut être des étudiantes, mais pas seulement parce que nous ne nous basons pas sur la formation ou le parcours des candidats mais sur leurs capacités réelles. On peut aussi avoir besoin de gens qui parlent plusieurs langues, qui puissent servir d’interprète, etc

― Et elles sont bien payées, ces filles?

― Alors là, je ne peux pas vous le dire parce que ça dépend vraiment de ce qu’elles auront à faire. Ça varie pas mal...

― Et elles supportent bien l’ambiance d’un salon pareil, où il y a beaucoup de monde et qu’il doit y avoir pas mal de dragueurs lourdingues plus attirés par les filles sexys que par les voitures?

― Ca fait partie du jeu. Mais c’est vrai que ça peut-être un problème. Pour autant, le salon de la moto est plus difficile que le salon de l’auto sur ce point. Ce ne sont pas les mêmes visiteurs et les mêmes comportements...

― Et le salon du Tuning, ça doit être quelque chose alors...

― On ne le fait pas mais j'imagine. De toute manière, pour les remarques et la drague lourdingue, ce n’est pas la peine d’être hôtesse sur un salon et d’être habillée sexy. Il suffit d’être une femme avec des vêtements normaux dans un bureau pour que ça déclenche des réactions  chez certains hommes.

― Vous ne dites pas ça pour moi?

― Je sais pas, vous vous sentez visé?

― Ah non! Je n’ai même pas de voiture et je vais au Mondial à vélo.

Je ne sais pas si elle m’a cru. Elle a dû me prendre pour Robert.

Hugues Serraf

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