Monde

En Italie, Noemi tête de liste

Le «Noemigate» domine la campagne italienne.

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La publication de photos de Silvio Berlusconi, en charmante et dénudée compagnie, par El Pais en rajoute une couche sur les frasques du numéro un italien avant le scrutin qui s'est tenu samedi 6 juin.

Loin de s'élever vers les étoiles de l'Europe, le débat est resté coincé sous la ceinture jusqu'aux élections. Pour l'hebdomadaire de gauche l'Espresso, c'est un «harem» qui entoure le Cavaliere. Après la publication des photos, tous les grands journaux mettent l'affaire en Une. Prises en mai 2008, elles ont été interdites en Italie par le procureur de Rome, après la plainte de Berlusconi pour « violation de la vie privée et tentative d'escroquerie ».

Il Corriere della Sera, quotidien le plus diffusé du pays, explique que si les sorties précédentes du président du Conseil avaient été prises sur le ton de la plaisanterie, cette fois: «Berlusconi met en péril le futur de l'Italie comme Etat de droit».

Ce dernier épisode reflète bien l'atmosphère de la campagne en général, occultée par la personnalité du Cavaliere, toujours selon l'Espresso.

Il s'agit d'un « Noemigate » estime Il Corriere, du prénom de la jeune fille au coeur du scandale: maitresse ou fille cachée, cette jeune blonde est en tout cas la cause du divorce (en cours) du couple Berlusconi.

« L'Europe s'est arrêtée à Casoria », la petite ville de la région de Naples où habite la jeune Noemi Letizia, selon Dagospia, un blog qui totalise plus de 400 000 visites par jour. Immigration, travail, crise économique, Fiat: tout ce qui aurait dû être au centre de la campagne est resté au second plan pendant quarante jours.

Noemi Letizia est la vraie gagnante des européennes, elle a fait l'objet de 2 236 déclarations politiques... On peut douter que l'agriculture ait fait autant jaser. « Le risque est que sur de nombreux bulletins de vote soit écrit « Noemi » estime le très influent blogueur Dago. Il ne croit pas si bien dire… Un groupe facebook, incite même ses membres à voter Noemi aux européennes.

En même temps, ni la Ligue du Nord (LDN), parti d'extrême-droite allié du gouvernement, ni l’opposition n’ont vraiment cherché à rehausser le niveau du débat. On peut souligner la sortie dans le Corriere de Roberto Calderoli, un des dirigeants de la Ligue : «Noemi n’est pas si belle et elle est de plus napolitaine».

La défense de Berlusconi sur l’affaire Noemi comme sur celle des photos, publiée dans le plus important quotidien économique Il Sole 24 Ore, est simple : le chef du gouvernement se crie victime d’une « campagne de délégitimation ». Nicolo Ghedini, son avocat, renchérit et menace d’attaquer en justice quiconque publierait à nouveau les fameuses photos.

En attendant, Silvio Berlusconi s’est efforcé d’occuper autant que possible l’espace médiatique avant le scrutin. On l'entend et on le voit en boucle, sur tous les médias, dénoncer la campagne de la gauche, «basée sur la calomnie et les commérages». Le Cavaliere se déclare confiant et annonce triomphalement un score de 40 à 45% pour son parti, le Peuple de la Liberté (PDL), aux européennes, rappelant que sa popularité est à 75%, rapporte la Repubblica, le deuxième quotidien le plus vendu. Pas sûr que son activisme sexuel lui porte un préjudice électoral.

crédit: Reuters, Noemi Letizia; avril 2009

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