France

Le car est-il le mode de transport le plus dangereux?

Un grave accident d'autocar s'est produit à l'Alpe d'Huez. Chaque accident est très médiatisé. Mais est-il plus dangereux de voyager en car plutôt qu'avec un autre moyen de transport?

Accident de car près de Mulhouse le 11 septembre 2012. REUTERS/Vincent Kessler
Accident de car près de Mulhouse le 11 septembre 2012. REUTERS/Vincent Kessler

Temps de lecture: 3 minutes

Un grave accident de car s'est produit ce 16 avril 2013 au niveau du virage 21, dans la descente de l'Alpe d'Huez. Le car, qui transportait une cinquantaine de personnes, des jeunes Britanniques, a percuté la falaise. Selon Le Dauphiné Libéré, il y aurait au moins un mort[1].

L'accident d’un car polonais qui s’était renversé le long d’une bretelle d’autoroute près de Mulhouse (Haut-Rhin) avait fait deux morts, mardi 11 septembre 2012. Le 2 septembre, un bébé était tué et 42 personnes blessées dans l’accident d’un car roumain dans le Var. Le 13 mars, un bus scolaire belge s’encastrait dans le tunnel de Sierre (Suisse), faisant 28 morts dont 22 enfants. Un autre car polonais s'était écrasé dans un ravin près de Grenoble (Isère) en juillet 2007. 26 personnes étaient tuées. Et l’accident de la route le plus meurtrier de l’histoire en France, le 1er août 1982 à Beaune (53 morts), impliquait également deux autocars.

Est-il donc plus dangereux de voyager en car que par un autre moyen de locomotion?

Non, c’est même l’inverse. En France, selon l’observatoire national interministériel de la sécurité routière, 3.961 personnes ont été tuées sur les routes en 2011: 2.062 étaient en voiture, 1.121 à deux-roues (moto, cyclomoteur, vélo), 519 à pied, 261 dans un autre type de véhicule et zéro en transport en commun. L’année d’avant, on comptait 4 morts en transport en commun pour 3.992 morts sur les routes. Selon la Fédération nationale des transports de voyageur (FNTV), 65.000 cars sont en circulation en France, et ils transportent notamment 400.000 enfants par an.

Il y a neuf ans, l’European Transport Safety Council avait publié des statistiques de mortalité par passager transporté et par kilomètre parcouru pour les différents modes de transport dans l’UE. L’autocar apparaissait comme le moyen de transport routier le plus sûr (dix fois plus que la voiture) et au coude-à-coude avec le transport ferroviaire et aérien.

European Transport Safety Council

Comme c’est le cas avec l’avion, les accidents de car sont souvent plus médiatisés car il y a plus de victimes d'un coup: la couverture médiatique d’un accident de car avec 10 victimes sera beaucoup plus importante que celle de cinq accidents de voiture avec deux victimes. Le sujet est aussi plus sensible du fait des cars scolaires qui transportent des enfants.

Un éthylotest anti-démarrage dans les cars français

Il existe une stricte réglementation autour des transports en commun. En France, une réglementation européenne s’applique pour tous les cars étrangers originaires de l’UE, mais les cars immatriculés en France (et qui appartiennent donc à des entreprises françaises) sont en plus soumis à une réglementation nationale.

Selon la FNTV, le dernier accident mortel d’autocar lié à l’alcool en France date de 1975, mais cela n’empêche pas la Sécurité routière de durcir le dispositif anti-alcool. Depuis 2010, elle a mis en place un éthylotest anti-démarrage obligatoire dans tous les cars scolaires et, au 1er septembre 2015, cette mesure sera généralisée à l’ensemble des cars. Des éthylotests pour lesquels le taux maximum accepté est de 0,2 gramme par litre de sang, contre 0,5 pour les particuliers en voiture.

Une mesure française qui n’est pas encore appliquée au niveau européen. Les chauffeurs de cars européens doivent certes disposer d’un éthylotest à bord de leur véhicule mais, comme dans les voitures françaises, son utilisation n’est pas obligatoire.

Par ailleurs, depuis 1985, la vitesse des cars sur autoroute est limitée à 100km/h, contre 130 km/h pour les voitures.

La ceinture de sécurité est, elle, obligatoire dans tous les cars français depuis 2009. Mais dans les faits, il est difficile d’obliger les passagers à la mettre. Si le chauffeur rappelle la consigne régulièrement, il peut difficilement vérifier en conduisant que personne ne détache sa ceinture sur la route.

Une situation particulièrement délicate lors du transport d’enfants. C’est pourquoi certaines collectivités locales financent un système où le chauffeur est assisté d’un accompagnateur qui surveille les enfants pendant le trajet, à la montée et à la descente.

Les transporteurs de cars sont de plus soumis à des contrôles routiers. La réglementation européenne dispose qu’un chauffeur de car ne peut pas rouler plus de neuf heures par jour et au maximum 4h30 d’affilée (4 heures pendant la nuit). Il doit ensuite prendre 45 minutes de repos. Ces temps de repos sont vérifiés par des tachygraphes dont l’installation est obligatoire et qui enregistrent les temps de conduite, et sont vérifiables à chaque contrôle routier.

Pauline Moullot

L’explication remercie Eric Ritter, secrétaire général de la Fédération nationale des transports de voyageurs et Françoise Antignac, déléguée des affaires européennes à l’Association française du transport routier international.

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[1] Cet article est paru originellement lors de l'accident du car polonais de spetembre 2012. Il a été mis à jour le 16 avril 2013 avec l'accident de l'Alpe d'Huez. Retourner à l'article

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