France / Politique

Législatives: les sept clefs du scrutin des 10 et 17 juin

A suivre de près, la couleur et l'ampleur de la majorité, le destin des ministres et des sarkozystes orphelins, le duel Le Pen-Mélenchon et la situation de Bayrou, le résultat des dissidences entre PS et Verts et le niveau d'abstention.

L'Assemblée nationale. REUTERS.
L'Assemblée nationale. REUTERS.

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Environ 45 millions d'électeurs français (tous moins ceux des quatorze circonscriptions des Français de l'étranger et de Polynésie française, qui ont voté le week-end dernier) sont convoqués aux urnes, dimanche 10 juin, pour le premier tour des élections législatives, avec un second tour prévu le 17. Le point sur sept des principaux enjeux du scrutin.

1. La majorité et sa composition

Cinq scénarios sont possibles. Celui d'une victoire de la droite et d'une quatrième cohabitation, après 1986, 1993 et 1997, semble le moins probable. Si la gauche est majoritaire, il existe trois possibilités: une majorité absolue pour le PS seul, comme en 1981; une majorité absolue pour le PS et ses alliés présents au gouvernement (Verts, PRG) ou avec qui il a signé un accord électoral (MRC), comme en 1997; une majorité relative pour le PS et ses alliés, qui devraient, comme en 1988 compter sur les députés Front de gauche (a priori majoritairement communistes) pour atteindre la majorité absolue.

Enfin, le scénario le plus instable: une quasi-majorité pour la gauche parlementaire d'un côté et la droite parlementaire de l'autre, et une poignée de députés centristes et FN pour compléter... A signaler également, au rayon instabilité, que la gauche pourrait remporter la majorité absolue mais être minoritaire pendant un mois, le temps que les suppléants soient autorisés à siéger à la place des ministres élus députés.

2. Le destin des ministres

Jean-Marc Ayrault a été très clair dès le 16 mai, jour de la formation du gouvernement, sur France 2: «Tout ministre qui se présente aux élections législatives et qui ne sera pas élu ne pourra pas rester au gouvernement.» Une jurisprudence plus sévère que celle prévalant jusque là, qui s'appliquait généralement seulement aux députés sortants, et qui a poussé la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem à se retirer de la course dans une circonscription du Rhône très à droite.

Au final, 25 ministres sont candidats (dont un seulement en suppléant, Michel Sapin dans l'Indre), tous dans des circonscriptions où François Hollande était majoritaire le 6 mai. Parmi les cas à surveiller, ceux des députés sortants élus de justesse en 2007 (Pierre Moscovici dans le Doubs, Sylvia Pinel dans le Tarn-et-Garonne, Jérôme Cahuzac dans le Lot-et-Garonne, Marisol Touraine en Indre-et-Loire…) et ceux des ministres qui s'attaquent à une circonscription de droite (Stéphane Le Foll dans la Sarthe, Aurélie Filippetti en Moselle, , Marie-Arlette Carlotti dans les Bouches-du-Rhône,  Benoît Hamon dans les Yvelines).

3. La bataille des sarkozystes orphelins

Leur chef de file Nicolas Sarkozy a perdu le 6 mai, eux vont désormais essayer de conquérir pour la première fois un siège de député ou de garder le leur. Les circonscriptions à regarder de plus près seront celles des deux G, Claude Guéant dans les Hauts-de-Seine et Henri Guaino dans les Yvelines, tous les deux confrontés à des dissidences dans des circonscriptions en or, et celles des anciens ministres menacés par la montée de la gauche et du Front national: c'est notamment le cas de Jean-François Copé en Seine-et-Marne, Laurent Wauquiez en Haute-Loire, Xavier Bertrand dans l’Aisne et surtout Nathalie Kosciusko-Morizet dans l’Essonne.

A surveiller également, les résultats de certaines figures très médiatiques comme Valérie Rosso-Debord et Nadine Morano en Meurthe-et-Moselle ou Guillaume Peltier dans l'Indre-et-Loire. Quant à l'autre grand acteur de la guerre des chefs à l'UMP, François Fillon, il devrait être élu sans grand problème dans une circonscription parisienne qui a voté Sarkozy à 55%.

4. Le duel des Fronts et les lieutenants du Front

Un défi a écrasé la campagne, celui lancé par Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen dans la onzième circonscription du Pas-de-Calais, celle d'Hénin-Beaumont, qui sera sûrement la plus scrutée dimanche soir.

Mais derrière la présidente du FN, d'autres cadres du parti ou des mouvements alliés sont ambitieux (Gilbert Collard dans le Gard, Florian Philippot en Moselle, Paul-Marie Coûteaux en Haute-Marne, Marion Maréchal-Le Pen dans le Vaucluse) et le FN pourrait également mettre sous pression la droite dans les circonscriptions où il pourra se maintenir en triangulaire.

5. Bayrou, cavalier seul et perdant?

Elu sans interruption député des Pyrénées-Atlantiques depuis 1993, le président du MoDem pourrait être victime de son choix du 6 mai: vote à titre personnel pour François Hollande (ce qui lui a aliéné l'UMP), sans donner de consigne à ses 9% d'électeurs du premier tour (ce qui ne lui a pas permis de bénéficier de la bienveillance du PS aux législatives). Il fait donc face à un candidat de chaque grand parti, avec en perspective un duel ou une triangulaire délicate au second tour.

6. Les duels Verts/PS et PS/dissidents

Comme d'habitude, on compte parmi les 6.600 candidats un bon nombre de dissidences, les plus spectaculaires se situant à gauche. L'accord électoral signé par le PS avec les Verts a ainsi entraîné une floraison de dissidences, même si, à Paris, Cécile Duflot et Denis Baupin n'en rencontreront pas sur leur route. Ce qui n'est pas le cas, entre autres, de Philippe Meirieu dans le Rhône, qui affrontera un candidat radical, Thierry Braillard, soutenu par le maire socialiste de Lyon Gérard Collomb, ou de François Simon, ancien candidat écologiste à la mairie de Toulouse, qui aura un socialiste sur sa route.

Au rayon dissidences, signalons aussi plusieurs duels internes (même si le dissident a depuis été exclu) au PS, généralement pour des raisons de cuisine interne aux fédérations. Niveau «victimes» de ces dissidences, on suivra avec attention le score de Ségolène Royal à La Rochelle ou de Patrick Mennucci à Marseille; niveau «coupables», ceux du spécialiste des finances de l'Elysée René Dosière dans l'Aisne, de l'ancien rugbyman Didier Codorniou dans l'Aude ou du très contesté Jean-Pierre Kucheida dans le Pas-de-Calais.

7. La participation

Cela sera le premier chiffre à tomber dimanche soir, et il pourrait constituer un record à la baisse sous la Ve République. En 2007, la participation était tombée à 60,42% un mois après la présidentielle, soit une chute de 23 points. Fera-t-on pire cette fois-ci, après une campagne atone, alors que la participation avait déjà baissé de 3 points à la présidentielle?

Jean-Marie Pottier

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