Culture

Ray Bradbury, ciné-visionnaire

Connue surtout pour l'adaptation de «Fahrenheit 451» par François Truffaut, la carrière cinématographique de l'écrivain croisa aussi celles de Jack Arnold, John Huston ou Alfred Hitchcock.

Oskar Werner dans «Fahrenheit 451» de François Truffaut.
Oskar Werner dans «Fahrenheit 451» de François Truffaut.

Temps de lecture: 2 minutes

Sans doute parce que Ray Bradbury, disparu le 5 juin, voyait plus loin que le présent (un Janus, disait-il, évoquant cette divinité romaine à deux visages, l'un tourné vers le passé et l'autre vers le futur), les visionnaires du cinéma avaient voulu travailler avec lui. Sortant des livres l’auteur de Fahrenheit 451, François Truffaut ou John Huston l’avaient tiré vers l’écran.

L’influence de l’écrivain sur la culture, immense, n’est donc pas que littéraire et nombre de ses films furent adaptés au cinéma. Le premier fut Le Météore de la nuit (It Came from Outer Space) en 1953, dont il avait écrit l’histoire originale, et que Jack Arnold porta à l’écran (offrant à Universal son premier film en 3D –et qui n’avait pas grand chose à voir avec Avatar. C’était d’ailleurs un film en noir et blanc). Le scénario fut attribué à Harry Essex, mais l’Histoire ne trancha jamais vraiment quant à savoir si Essex n’avait pas un peu volé le crédit à Bradbury.

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Quelques années plus tard, l’écrivain signera bien de son nom un scénario: celui de l’adaptation du roman d’Herman Melville, Moby Dick. A l’affiche: Gregory Peck, dans le rôle du capitaine Achab, Orson Welles, Richard Basehart et Leo Genn. Derrière la caméra: John Huston.

Puis les reprises de ses œuvres furent innombrables. L’une de celles qui connut le plus de succès fut le recueil de nouvelles L’Homme illustré, publié pour la première fois en 1951 aux Etats-Unis, racontant à travers différentes histoires le parcours d’un homme au corps entièrement tatoué.

Le réalisateur Jack Smight en choisit trois pour le cinéma, et garda le titre du livre. A la télévision, le film Out There fut réalisé d’après l’épisode L’Homme, et CBS en adapta un autre, La Fusée. Surtout, en 1958, Alfred Hitchcock en choisit une, Automates, société anonyme, pour Alfred Hitchcock présente, série américaine de 26 minutes produite par le réalisateur des Oiseaux.

Evidemment, l’adaptation la plus marquante de Bradbury au cinéma fut celle de son roman le plus connu, Fahrenheit 451, par François Truffaut. Le chef de file de la Nouvelle vague s’attaque à l’œuvre en 1966, faisant une incursion dans la science-fiction en compagnie des acteurs Oskar Werner, Julie Christie, Cyril Cusack et Anton Diffring.

Et puis, à partir de 1985, ce fut vraiment lui, en plein écran, avec sa propre série sur HBO: The Ray Bradbury Theatre, ou Ray Bradbury présente en français. Soit un peu l’équivalent du Alfred Hitcock présente auquel il avait concouru près de trente ans plus tôt. Cette série de trois épisodes par saison, et qui en compta en tout 65, fut entièrement écrite par Bradbury, certains scénarios étant même adaptés de ses propres nouvelles. Comme une boucle qui s’acheva en 1992, il y a vingt ans.

Et puis, il avait continué de travailler. De plus en plus difficilement, en dictant ses œuvres, mais il écrivait encore. Une adaptation de L’Homme illustré par Zac Snyder devrait encore voir le jour. Bradbury ne la verra pas, à moins qu’il n’ait inventé l’homme qui regardait des films outre-tombe. Cela aurait pu être sa dernière histoire.

Charlotte Pudlowski

Mise à jour: Nous avions par erreur écrit 1885 au lieu de 1985 pour le Ray Bradbury Theatre.

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