France / Politique

La Citroën DS5 hybride de Hollande: une auto très politique

Un président français ne choisit pas un véhicule officiel, il envoie des signaux forts.

Le président Hollande en voiture.	REUTERS/Regis Duvignau
Le président Hollande en voiture. REUTERS/Regis Duvignau

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François Hollande n’arrête pas de surprendre son monde. De candidat accidentel à tombeur du boucher de Neuilly, il y avait un long chemin semé d’embûches qu’il vient d’achever sur les rotules. Il était temps qu’il se laisse enfin porter. Mais là encore, il étonne: un président de gauche, ça roule en Renault, pas en Citroën.

Pas seulement parce que Renault est la marque qu’un élu progressiste doit toujours veiller à ne pas désespérer (ça, c’est un peu éventé depuis qu’elle est franco-japonaise et fabrique des autos roumaines au Maroc), mais parce que s’il y a une image qui colle à la peau des socialistes lorsqu’ils arrivent aux affaires, c’est bien celle du gang des R25 (1981-1988) ―par la suite transformé en gang des Safrane (1988-1995).

DSK avait bien tenté d’imposer la Porsche Panamera et Laurent Fabius la 2CV mais, comme on dit, hum, justement, chez Renault, ça n’a jamais marché...

De fait, le choix du nouveau président pour une Citroën DS 5 hybride est tellement bourré de signifiance qu’il pourrait presque faire l’objet d’un colloque international de psychanalyse. Le haut de gamme Citroën, c’est une voiture de petit patron de droite (le big capitaine d’industrie roule plutôt allemand), ce qui semble indiquer que Hollande émet un signal positif en direction des dirigeants de PME-PMI.

Mais c’est aussi une voiture de notaire ou de pharmacien de province, ce qui montre qu’il ne veut pas se couper des notables âgés non plus. C’est un président qui rassemble.

Un président qui rassemble?

Aïe, ce genre d’ouverture au camp d’en face, ça peut parfois porter malheur, comme l’ami Sarkozy (qui roulait en Peugeot, une robuste voiture de travailleur immigré pouvant transporter une famille recomposée et ses bagages pour les vacances). La gauche, la vraie, ça pourrait ne pas lui plaire, cette rupture avec la tradition.

Tss… Vous le prenez pour un bleu, François II? Ce n’est pas parce que Ségolène raconte qu’il manque d’expérience qu’il n’a pas lu les Mythologies de Roland Barthes et ne touche pas sa bille en sémiologie! Citroën, c’est justement le constructeur qui délocalise le moins et fait donc travailler davantage d’ouvriers français en proportion que n’importe quelle autre marque.

C’est une marque de droite, OK, mais de droite éthiquement patriote.

Et puis, mieux que tout, cette DS 5 est un modèle «hybride», c’est-à-dire un modèle fonctionnant à la fois au diesel et à l’électricité. Qu’Eva Joly et ses amis se le tiennent pour dit s’ils veulent un ou deux strapontins dans le futur gouvernement Valls (Moscovici, élu du coin dans lequel ces voitures sont fabriquées chopera l’Industrie): on ne va pas lâcher la proie pour l’ombre et l’approvisionnement énergétique de la France, il lui faut de la diversité!

Ah, last but not least, rouler en Citroën pour Hollande, c’est aussi un bel hommage au retraité corrézien qui a tant œuvré à son élection, Jacques Chirac étant toujours resté fidèle à sa bonne vieille CX. En politique, c’est en bagnole que l’on renvoie l’ascenseur.

Hugues Serraf

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