Monde

Le Parti du Congrès intouchable

Les électeurs de la plus grande démocratie du monde ont rejeté à la fois les partis de gauche et les extrémistes hindous.

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Premier ministre de l'Inde depuis 2004, Manmohan Singh va commencer un deuxième mandat à la tête du gouvernement dans des conditions beaucoup plus favorables, la coalition qu'il dirige arrivant largement en tête aux élections.

Le Premier ministre manque d'une vingtaine de sièges seulement la majorité absolue des 543 sièges de la chambre basse indienne mais il ne devrait pas avoir de mal à les gagner, la victoire facilitant les ralliements. Les électeurs indiens ont clairement choisi la compétence, la modération et le développement et ce verdict devrait permettre à M. Singh de relancer avec vigueur les réformes économiques qu'il avait dû geler par manque de majorité.

De manière générale les électeurs ont plébiscité la bonne gouvernance et les promesses de développement faites par un parti du Congrès dont le message est une croissance qui inclut tout le monde et en particulier les quelques 400 millions d'Indiens qui vivent encore sous le seuil de pauvreté absolue.

Sous la houlette de sa présidente Sonia Gandhi, le parti du Congrès fait son meilleur score électoral depuis 1984. Ce succès tient aussi pour une large part à la campagne tout azimut mené par l'étoile montante du parti et sans doute un jour Premier ministre, Rahul Gandhi, 39 ans. Le jeune héritier de la dynastie a incontestablement injecté un sang nouveau dans son parti et plus important a fait revivre chez nombre d'électeurs les rêves de son père, Rajiv (assassiné en 1991).

Les partis communistes et de gauche qui avaient grandement obéré de 2004 à 2009 la marge de manœuvre du Premier ministre subissent une défaite cuisante ne retrouvant que 21 des 61 sièges qu'ils avaient. Ils ne devraient pas cette fois avoir un impact suffisant pour contrer la politique de Manmohan Singh qui dans une situation économique difficile et avec un déficit budgétaire important va devoir jouer serrer pour remettre le pays sur les rails d'une croissance qui a frôlé les 10% pendant les cinq dernières années.

Le message extrémiste et sectaire projeté par les nationalistes hindous du BJP a été rejeté par une population indienne qui dans sa grande majorité reste modérée. Les accusations de faiblesse face au terrorisme portées contre le Premier ministre Manmohan Singh n'ont pas non plus convaincu l'électorat et c'est par exemple un membre du parti du Congrès qui a été élu dans la circonscription de Mumbai, théâtre des attentats de novembre attribué à un mouvement islamiste pakistanais, le Lashkar-i-Taiba.

Les défis restent nombreux pour M. Singh qui va être vite confronté outre les problèmes économiques aux demandes pressantes de Washington. Empêtrés dans la guerre afghane, les Etats-Unis ont besoin de New Delhi pour obtenir la pleine coopération d'une armée pakistanaise qui voit toujours l'Inde comme l'ennemi principal.

Washington ne cache pas son désir de voir une réduction du nombre des troupes indiennes sur la frontière avec le Pakistan espérant ainsi qu'Islamabad pourrait déployer plus d'hommes sur la frontière afghane. Washington voudrait aussi voir remettre sur le tapis la question du Cachemire seul état indien à majorité musulmane que se dispute depuis 1947, Islamabad et New Delhi. Dans les circonstances actuelles et même s'il le voulait, il serait difficile pour M. Singh de faire des gestes significatifs alors qu'Islamabad n'a pas pris de mesures réellement sérieuses pour mettre fin aux agissements du Lashkar-i-Taiba.

Le maintien de la coalition dirigé par M. Singh aux affaires dans une position beaucoup plus confortable ne peut qu'être favorable à l'Inde et à la communauté internationale qui a avec le Premier ministre indien un interlocuteur respecté et expérimenté.

Françoise Chipaux

Photo: Le Premier ministre indien Manmohan Singh au côté de Sonia Gandhi  B Mathur / Reuters

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