France / Politique

Le guéantomètre sort de ses gonds!

Vichy, la burka et «l'arrogance» ont fait exploser notre jauge de la violence dans le débat politique.

Nicolas Sarkozy pendant ses vœux au monde de la culture, à Marseille, le 24 janvier 2012. REUTERS/Jean-Paul Pelissier
Nicolas Sarkozy pendant ses vœux au monde de la culture, à Marseille, le 24 janvier 2012. REUTERS/Jean-Paul Pelissier

Temps de lecture: 3 minutes

Il n'aura fallu qu'un mois pour que les politiques fassent exploser notre Guéantomètre, avec un score de 3.055 points. Alors que la semaine précédente, notre outil de veille de la violence du débat politique français enregistrait son score le plus faible, les hommes et femmes politiques français se sont déchaînés entre le lundi 23 et le dimanche 29 février janvier.

A force de répéter que François Hollande faisait preuve d'arrogance (Alain Juppé pendant leur débat jeudi 26, suivi le lendemain par Jean-François Copé, Frank Riester et Thierry Mariani), le parti de la majorité présidentielle a récolté 80 points (20 points pour chaque politique). Et encore, on a été sympas en ne comptant pas les «suffisances» du candidat, relevées par Claude Guéant et Bruno Le Maire. Ajoutez à cela 30 points de violence verbale pour l'attaque de Juppé, 50 pour la violence et la montée au créneau de son parti, et les 1.200 résultats Google News sur le sujet, et nous voilà à 760 points de violence politique pour la soirée du jeudi.

Ils venaient s'ajouter aux 840 points déjà récoltés le même jour par François Hollande via les réactions de ses adversaires à la présentation de ses engagements pour la France (avec entre autre «filet d'eau tiède» pour Mélenchon, «guerre avec un pistolet à bouchon» pour Le Pen ou «C'est oui-oui au pays des Merveilles» pour Mariani).

Le classement de la semaine:

1. Nicolas Sarkozy: 1.180

2. François Hollande: 840

3. Alain Juppé: 760

4. Thierry Mariani: 170

5. Henri Guaino: 145

Les troupes de l'UMP n'ont pas été les seules à user et abuser de «l'arrogance» puisque ce dimanche 29 janvier, le chef de l'Etat lui-même a dit, en évoquant lors de son intervention télévisée sa volonté de candidater à sa réélection:

«Parfois j’en ai l’impatience, tant je constate d’arrogance déplacée.»

Nicolas Sarkozy a également inauguré en grande pompe notre bonus «Intervention lors d'un JT de chaîne nationale», en prenant la parole sur neuf chaînes de télévision à l'heure du journal télévisé (soit 9x30=270 points). Entre réactions et reprises sur Google News, il remporte à lui seul 1.180 points au guéantomètre.

Bonus burka+Vichy

Deux autres gros bonus inaugurés cette semaine: en accusant François Hollande de ne pas être «républicain» et d'avoir de la «complaisance vis-à-vis du communautarisme», Henri Guaino a au passage joué son «bonus burka» (+50 points pour «François Hollande n'a pas voté la loi contre l'interdiction du port de la burka»).

Et surtout, Pierre Lellouche a lancé le premier point Vichy (+100) de ce Guéantomètre. Il ne remporte pourtant pas plus de 130 points pour cette phrase prononcée dans l'émission «Expliquez-Vous» d'iTélé puisqu'elle a très peu été reprise par les médias:

«Tout part de cette erreur de diagnostic qui est dans le discours du Bourget de François Hollande, "ce qui nous arrive est une punition de la finance internationale, c’est le monde qui est coupable", sous entendu la ploutocratie, comme le dit Montebourg... comme l’écrit Montebourg avec des termes qui rappellent les années 30 ou même le régime de Vichy

Cécile Dehesdin et Grégoire Fleurot

***

Développé par Slate.fr, le guéantomètre est un baromètre pour mesurer l’ambiance au sein de la classe politique du pays et le niveau de violence politique pendant la campagne présidentielle à travers un système de points attribués par nos soins en fonction de la violence des sorties, du nombre de réactions politiques et de reprises dans les médias (pour plus d’explications, c’est ici). Cliquer sur le (+) pour le détail des points.

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