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Hépatite C : un nouveau traitement prometteur

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L'information est de nature à réjouir les 170 millions de personnes (dont 400.000 en France) qui souffrent d'une infection chronique par le virus de l'hépatite chronique de type C. Le prestigieux hebdomadaire américain The New England Journal of Medicine publie dans son édition datée du 30 avril 2009 (1) les résultats très attendus d'une étude multicentrique européenne coordonnée par le professeur Jean-Michel Pawlotsky (hôpital Henri Mondor, Créteil, Université Paris 12-Val-de-Marne). Les résultats de ce travail sont très encourageants et permettent d'envisager de proposer aux malades un nouveau traitement plus efficace que ceux actuellement prescrits.

Les personnes les plus exposées à ce risque infectieux sont celles qui ont été transfusées ou qui ont subi une opération chirurgicale lourde avant le 1er mars 1992. Depuis cette date, les tests de dépistage ont permis réduire le risque de transmission et depuis 2001, la recherche du génome du virus chez les donneurs de sang a encore considérablement réduit ce risque. Certains examens endoscopiques avant 1997 ont pu être une source de contamination comme peuvent l'être l'acupuncture, le tatouage ou le piercing dans de mauvaises conditions. Mais c'est l'usage de drogue par voie intraveineuse qui est aujourd'hui le facteur de risque le plus important du fait du partage du matériel nécessaire à la préparation ou l'injection: cuillère, eau, coton, seringue; voire paille pour la prise de drogue par voie nasale.

L'hépatite chronique de type C expose les personnes infectées au développement de différentes complications. Les principales et les plus graves sont une cirrhose du foie dans environ 20% des cas et cancer primitif du foie, qui survient à une fréquence de 4 à 5% par an chez les malades souffrant d'une une cirrhose. Cette maladie est si fréquente qu'elle est devenue est la première cause de cancer du foie et qu'elle représente la principale indication de greffe de foie dans les pays industrialisés.

Actuellement, les traitements médicamenteux antiviraux de l'hépatite C permettent en moyenne  la guérison de 40 à 50% des malades traités, la guérison étant définie comme l'obtention d'une élimination définitive du virus et un arrêt de la progression de la maladie vers ses complications.  L'étude coordonnée par Christophe Hézode, Jean-Michel Pawlotsky (hôpital Henri Mondor, Créteil)  et Nicole Forestier (hôpital universitaire J.W. Goethe de Francfort) porte sur l'intérêt de l'utilisation d'un inhibiteur spécifique de la production du virus de l'hépatite C. Dénommé « telaprevir», ce médicament est développé notamment par la société américaine Vertex Pharmaceuticals. Dans cette étude, le «télaprevir» était utilisé en association au traitement actuel de l'hépatite chronique C qui consiste en l'association d'«interféron alpha» et de «ribavirine».

Ce travail a été mené en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Autriche chez 334 personnes infectées qui n'avaient pas été traitées auparavant. Cette triple combinaison a permis d'améliorer les résultats du traitement de 20% environ chez des malades infectés de manière chronique par un virus de l'hépatite C (virus dit « de génotype 1), le type de virus de loin le plus fréquent. C'est ainsi qu'un taux de guérison de presque 70% a été obtenu pour la première fois et ce après une durée de traitement de seulement six mois au lieu des douze mois, durée des  traitement actuel. Les auteurs précisent que des effets secondaires ont été observés (éruption cutanée, prurit et anémie), le plus souvent d'intensité modérée.

Pour les chercheurs, les résultats de cette étude sont «très encourageants». L'association d'«interféron alpha», de «ribavirine» et de «telaprevir» est actuellement testée dans une autre étude multicentrique internationale de phase III réunissant près de 500 personnes. Si elle confirme les résultats de l'étude coordonnée par l'équipe du professeur Jean-Michel Pawlotsky, elle devrait permettre une mise sur le marché de ce nouveau traitement d'ici environ deux ans. Il restera, d'ici là, à fixer le prix de ce nouveau médicament.

Kléber Ducé

(1) « Telaprevir and Peginterferon with or without Ribavirin for Chronic HCV Infection »
Christophe Hézode, M.D., Nicole Forestier, M.D., Geoffrey Dusheiko, M.D., Peter Ferenci, M.D., Stanislas Pol, M.D., Tobias Goeser, M.D., Jean-Pierre Bronowicki, M.D., Marc Bourlière, M.D., Shahin Gharakhanian, M.D., Leif Bengtsson, B.S.C., Lindsay McNair, M.D., M.P.H., Shelley George, M.D., Tara Kieffer, Ph.D., Ann Kwong, Ph.D., Robert S. Kauffman, M.D., Ph.D., John Alam, M.D., Jean-Michel Pawlotsky, M.D., Ph.D., Stefan Zeuzem, M.D., for the PROVE2 Study Team.

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