France

Hollande/Aubry/Montebourg, votre trio gagnant d'avant les débats

[JUGEMENT MAJORITAIRE #1] Slate vous propose de donner anonymement votre avis sur les six candidats en lice grâce à un mode de scrutin novateur mis au point pour mieux refléter l’opinion de la majorité. Les résultats au 15 septembre 2011, avant les débats du premier tour.

Temps de lecture: 3 minutes

Le scrutin majoritaire à deux tours ne marche pas

Le jugement majoritaire est un système préférable au scrutin majoritaire à deux tours utilisé pour l’élection présidentielle en France, qui est très contestable. Le scrutin majoritaire à deux tours a ainsi permis à un candidat comme Jean-Marie Le Pen en 2002 de se retrouver au second tour alors qu’il était assuré de perdre contre quasiment tous les autres candidats potentiels dans un duel. Pire: le candidat qui recueille potentiellement l’assentiment majoritaire des Français, c'est-à-dire celui qui gagnerait contre tous les autres dans un duel de second tour, peut être éliminé au premier tour.

En d’autres termes, le scrutin présidentiel actuel peut éliminer le «meilleur» au premier tour, qualifier au second un candidat secondaire voire le «pire» candidat de la vie politique nationale, et faire gagner un candidat illégitime.

C’est en partant de ce constat, expliqué en détail sur Slate par Olivier Ferrand, président de la fondation Terra Nova, que Michel Balinski et Rida Laraki, chercheurs à l’Ecole polytechnique, ont mis au point un système de vote alternatif, le «jugement majoritaire». Présenté dans un rapport de Terra Nova et salué par la communauté scientifique, en particulier les Prix Nobel d’économie Kenneth Arrow, Robert Aumann et Eric Maskin, il donne la possibilité à l’électeur de nuancer ses opinions.

Le «jugement majoritaire», comment ça marche?

Au lieu de nommer un seul candidat, le «jugement majoritaire» demande d’évaluer les mérites de chacun des candidats sur une échelle de mentions:

  • Très bien
  • Bien
  • Assez bien
  • Passable
  • Insuffisant
  • A rejeter

Le scrutin se déroule en un seul tour. Chaque candidat obtient une «mention majoritaire»: celle qui réunit plus de 50% d’opinions égales ou supérieures à cette mention. Le vainqueur est celui qui a la meilleure mention majoritaire (selon le pourcentage, un + ou un – est accolé à la mention majoritaire obtenue par le candidat).

Par exemple, si un candidat reçoit:

  • 10% d’opinions pour la mention «à rejeter»
  • 10% pour la mention «insuffisant»
  • 20% pour la mention «passable»
  • 20% pour la mention «assez bien»
  • 30% pour la mention «bien»
  • 10% pour la mention «très bien»

Il aura comme mention majoritaire «assez bien», car 50% des opinions sont égales ou supérieures à «assez bien».

Point fondamental, c’est bien le «meilleur» candidat qui gagne. Le jugement majoritaire protège contre le risque des candidatures multiples: rajouter ou retirer des candidats ne change pas le classement des autres. A l’inverse, il écarte tout risque de placer le «pire» candidat au centre de la campagne présidentielle.

Ce qui ressort de notre première consultation

Voici les résultats tels que nous les avons arrêtés au 15 septembre à 18 heures, juste avant le premier débat, et sur un total de 17.433 votants:

  • 1. François Hollande: Assez bien + (65,18% d’assez bien ou mieux)
  • 2. Martine Aubry: Assez bien - (51,14% d’assez bien ou mieux)
  • 3. Arnaud Montebourg: Passable – (53,18% de passable ou mieux et 34,75% d’assez bien ou mieux)
  • 4. Manuel Valls: Insuffisant + (67,26% d’insuffisant ou mieux et 48,74% de passable ou mieux)
  • 5. Ségolène Royal: Insuffisant + (59,76% d’insuffisant ou mieux et 43,91% de passable ou mieux)
  • 6. Jean-Michel Baylet: Insuffisant – (52,49% d’insuffisant ou mieux et 22,63% de passable ou mieux)

Bien sûr, ces résultats ne prétendent à aucune représentativité autre que celle des lecteurs de Slate qui ont bien voulu participer (un seul vote étant possible par adresse IP). En quoi diffèrent-ils de ceux des très critiqués sondages publiés depuis début juillet, qui donnent tous (à une exception, une enquête BVA du 12 juillet pour la PQR, RTL et Orange) François Hollande devant Martine Aubry, Ségolène Royal troisième, Arnaud Montebourg et Manuel Valls à la lutte pour la quatrième place et Jean-Michel Baylet dernier? Ils sont identiques sauf sur deux points:

  • Arnaud Montebourg troisième homme, Manuel Valls quatrième. Le président du conseil général de Saône-et-Loire est le seul à recueillir la mention majoritaire «passable» derrière les deux favoris du scrutin. A noter que chez nos confrères de Mediapart, qui ont mené leur propre consultation auprès de leurs lecteurs, il arrive premier. Il devance de quelques points le maire d'Evry.
  • Ségolène Royal cinquième… ou troisième. L’ex-candidate de 2007 se classe derrière Arnaud Montebourg et Manuel Valls. En revanche, si l’on ne s’intéresse qu’à la mention «très bien», la plus élevée, elle est troisième, et talonne même Martine Aubry. De nombreux lecteurs qui ont commenté notre article font d’ailleurs part de leur préférence pour elle… ou de leur rejet.

Slate a décidé de tester ce mode de scrutin novateur sur la primaire socialiste. Pour ce faire, donnez à chacun des candidats à la primaire votre appréciation. Ci-dessus, vous pouvez décortiquer les résultats de la consultation arrêtée au 15 septembre, avant le premier débat télévisé entre les candidats. La deuxième consultation, qui était ouverte jusqu'au 7 octobre se trouve ici...

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