Monde

20 pays où il ne fait pas bon vivre

Freedom House publie le classement des 20 pays où les droits de l'Homme et la démocratie sont bafoués.

Temps de lecture: 16 minutes

Corée du Nord

Un activiste anti-Corée du Nord lors d'une manifestation à Séoul. REUTERS/Truth Leem

SELON LE CLASSEMENT établi par Freedom House [PDF], le peuple le moins libre au monde est celui de la Corée du Nord. Kim Jong Il dirige le pays depuis 1994, année de la mort de son père (Kim Il Sung, chef d’État et fondateur de la Corée du Nord), et détient tout le pouvoir politique du pays. Le régime maintient un réseau de camps d’emprisonnement, où des milliers de prisonniers politiques subissent des mauvais traitements.

Toutes les facettes de la vie privée —l’emploi, l’éducation, le logement, et l’accès aux soins de santé— sont déterminées par un système semi-héréditaire, qui classifie les citoyens en sous-groupes définis en fonction de la «loyauté» de chaque famille vis-à-vis du régime.

Après des décennies d’une gestion calamiteuse, le pays dépend directement de l’aide alimentaire extérieure —étroitement contrôlée par le pouvoir—, et sa population meurt de faim. Cette année, la Corée du Nord a procédé à différents changements au sommet de l’État: plusieurs membres clés de la famille de Kim Jong Il ont été promus en prévision de sa succession. Son fils, Kim Jong Un, apparaît aujourd’hui comme son probable successeur.

Freedom House

Freedom House est une organisation non gouvernementale indépendante qui soutient l'expansion des libertés dans le monde. L'organisation soutient le changement démocratique, surveille l'état de la liberté dans le monde et défend la démocratie et les droits de l'Homme.

Traduit par Jean-Clément Nau

Lybie

Des manifestants libyens lors d'une manifestation anti Kaddhafi à Misrata. REUTERS/Thaier al-Sudani

Mouammar Kadhafi, dirigeant libyen et paria international, est arrivé au pouvoir en 1969 après avoir renversé le roi Idris, souverain pro-occidental. Dans cet État riche en pétrole, le pouvoir politique appartient théoriquement aux comités révolutionnaires —mais en réalité, Kadhafi règne sans partage. En février, des manifestations appelant à son départ ont éclaté à Benghazi, et ce à la suite de l’arrestation d’un militant des droits de l’homme. Pour autant le dirigeant a refusé d’abandonner le pouvoir, et a ordonné à ses troupes de réprimer le mouvement de contestation.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a mis en place une zone d’exclusion aérienne et demandé un cessez-le-feu en mars dernier; depuis, les États-Unis, les Nations unies et l’Union européenne ont mené des raids aériens et lancé plusieurs appels —de plus en plus pressants— enjoignant à Kadhafi de quitter le pouvoir. En juin, les forces rebelles ont consolidé leur avancée, et elles se rapprochent désormais de plus en plus de Tripoli; la Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt à l’encontre de Kadhafi et de ses fils pour crime contre l’humanité commis sur le peuple libyen.

Birmanie

Un activiste birman crie des slogans lors d'une manifestation pro-démocratie devant l'ambassade birmane à Séoul. REUTERS/Lee Jae-Won

Une junte militaire, dirigée de 1992 à 2011 par le général Than Shwe, gouverne la Birmanie par décret, contrôle toutes les branches du pouvoir, appauvrit le pays (qui, jadis, fut fort riche), et se rend régulièrement coupable d’atteintes aux droits de l’homme contre la population. La junte a annulé sa défaite électorale écrasante de 1990, et emprisonné la militante démocrate Aung San Suu Kyi jusqu’en novembre 2010, soit une semaine après les élections législatives (les premières qu’ait connu le pays depuis 1990).

Mais ces élections étaient truquées: pour assurer la victoire du parti promilitaire (Parti de l’union, de la solidarité et du développement), les dissidents politiques avaient été arrêtés au cours des semaines précédentes, et les scrutins ont été annulés dans de nombreuses régions frontalières. Le parti d’opposition (la Ligue nationale pour la démocratie) a qualifié ces élections de non démocratiques, a refusé d’y prendre part, et a finalement été dissous en septembre 2010 par le gouvernement birman. En mars dernier, le nouveau président, Thein Sein, est entré en fonction; il a directement été choisi par l’ex-leader, Than Shwe.

Guinée équatoriale

Le président guinéen Obiana Nguema Mbasogo (2e en partant de la gauche), lors d'une cérémonie à Moscou. REUTERS/Denis Sinyakov

Le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo détient un large pouvoir en Guinée équatoriale, un pays qui n’a jamais connu d’élections crédibles et qui compte parmi les plus corrompus et les plus inégalitaires du monde. Obiang et ses proches se sont enrichis grâce aux profits réalisés sur les ventes du pétrole du pays.

Les atteintes aux droits de l’homme —tortures, emprisonnements d’opposants politiques, exécutions sommaires… — sont monnaie courante.

En 2010, Obiang a reconduit la majorité de son ancien gouvernement, qui compte différents membres de sa famille, dont son fils (le vice-président du Parti démocratique, et son probable successeur). En 2010, l’Unesco a renoncé à accorder un prix scientifique parrainé par Obiang: le projet avait provoqué un tollé chez les associations de défense des droits de l’homme.

Érythrée

Un Érythréen fabrique des objets à partir de métaux de récupération à Asmara. REUTERS/Radu Sigheti

Le gouvernement d’Érythrée à la mainmise sur les structures politiques et sociales de l’ensemble du pays. Les élections nationales ont été reportées indéfiniment, les lois régissant les partis politiques n’ont jamais été votées, les partis politiques indépendants n’existent pas, et le gouvernement contrôle la majorité des organes de presse.

Nombre de journalistes arrêtés lors d’une vague de répression en 2001 sont toujours en prison; en 2010, 17 d’entre eux étaient encore derrière les barreaux.

Somalie

Des manifestants somaliens devant l'hôtel Madina, à Mogadiscio. REUTERS/Feisal Omar

L’État somalien a pratiquement cessé d’exister; il a été remplacé par des forces mandataires, et la situation est aujourd’hui instable et chaotique. Les troupes éthiopiennes (soutenues par l’Occident), qui avaient envahi le pays en 2006 pour défendre le Gouvernement fédéral de transition (GFT) contre les insurgés islamistes, ont achevé leur retrait il y a un peu plus de deux ans. En cherchant des soutiens contre les groupes radicaux, le GFT a décidé de faire appel à quelques-uns de ses anciens rivaux, et le Parlement —récemment élargi— vient d’élire Cheikh Sharif Cheikh Ahmed, un islamiste modéré, à la présidence.

Mais le gouvernement de Cheikh Sharif n’a pratiquement aucun contrôle sur le pays, et il est sur le point de s’effondrer: il fait face aux attaques d’al-Shabab et de l’Hizbul Islam. Ces derniers mois, al-Shabab a resserré son emprise sur le sud et le centre de la Somalie. Les journalistes sont la cible de menaces croissantes; deux stations de radio ont été saisies par des militants, et des reporters ont été emprisonnés ou tués. Tous les acteurs du conflit ont été accusés de crimes de guerre par des organisations internationales.

Soudan

Le président Omar Hassan al-Bashir lors d'une visite du village Diwayaem à Khartoum. REUTERS/Stringer

Le plus grand pays d’Afrique est plongé dans un conflit ininterrompu depuis qu’il est devenu (en 1956) indépendant de la Grande-Bretagne et de l’Égypte. Le président Omar Hassan al-Bachir, qui est arrivé au pouvoir en 1989 après un coup d’État, a été la cible de plusieurs mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide: son gouvernement est accusé d’avoir participé au massacre de dizaines de milliers de personnes au Darfour, en 2003.

Le Sud-Soudan a voté en faveur de l’indépendance vis-à-vis du Nord en juillet dernier, mais les combats se sont intensifiés, et les deux parties doivent désormais se mettre d’accord sur un référendum devant décider de l’attribution de plusieurs zones contestées à l’une ou à l’autre —à commencer par la région cruciale (car riche en pétrole) d’Abyei. Al-Bachir a envoyé des forces nord-soudanaises en Abyei en mai dernier, provoquant la fuite de près de 100.000 personnes. Dans la région du Kordofan-Sud (Nord-Soudan), les affrontements s’intensifient entre l’armée nordique et d’anciens membres de l’Armée populaire de libération du Soudan.

Turkménistan

Le président Turkmène Gurbanguly Berdimuhamedov et le président Roumain Traian Basescu lors d'une cérémonie officielle à Bucarest. REUTERS/Bogdan Cristel

Le Turkménistan est vite apparu comme le plus répressif des États nouvellement indépendants de l’ex-URSS. Le président Saparmurat Niyazov, ancien leader du Parti communiste du Turkménistan, a pris le pouvoir en 1991; Il a aussitôt isolé le pays, saccagé les institutions officielles, et réduit les médias au silence. Après sa mort, en 2006, Gurbanguly Berdimuhamedov a repris les rênes du pouvoir en promettant des réformes.

Mais si le pays s’est doté d’une Constitution, l’État demeure dirigé par un parti unique, et tous les aspects de la vie civile et politique sont sous le contrôle du gouvernement. La nouvelle administration n’a pas permis une renaissance de la société civile.

Médecins sans frontières, qui était la dernière ONG humanitaire internationale à opérer en Turkménistan, s’est retirée du pays en 2009; la majorité des prisonniers politiques sont encore derrière les barreaux. Le Parti démocrate (au pouvoir) demeure le seul parti légitime du pays; les dernières élections locales (2010) ont été étroitement contrôlées par les autorités, et la Commission électorale centrale a demandé à ce que Berdimuhamedov conserve son poste à vie.

Ouzbékistan

Le président Ouzbèk Islam Karimov inspecte la garde d'honneur à Moscou lors d'une visite. REUTERS/Alexander Natruskin

Le président Islam Karimov est au pouvoir depuis l’effondrement de l’Union soviétique, en 1991. Il domine les structures de pouvoir ouzbèkes sous tous leurs aspects, y compris les branches législatives et judiciaires. Aucun authentique parti d’opposition n’est autorisé, et les groupes officieux d’opposition sont sévèrement réprimés.

En décembre 2010, par exemple, quinze personnes ont été détenues et interrogées par la police pour avoir tenté de créer un nouveau parti politique. Des douzaines de militants sont aujourd’hui emprisonnés dans des conditions inhumaines; on peut notamment citer Ganihon Mamathanov, qui avait œuvré à l’éradication du travail forcé des enfants dans le pays; Maksim Popov, militant de la lutte contre le sida; et le militant politique Yusuf Juma.

Tibet

La police népalaise charge les manifestants anti-Chine à Katmandou. REUTERS/Navesh Chitrakar

La Chine contrôle étroitement cette lointaine région de l’Himalaya, surnommée «le toit du monde». Les Tibétains n’ont pas le droit d’élire leurs représentants ou de déterminer leur avenir politique. Les forces de sécurité chinoises se livrent régulièrement à des arrestations, des emprisonnements, des actes de torture et des exécutions sommaires; elles vont jusqu’à réprimer les manifestations non violentes s’opposant à l’autorité des Han.

Le Dalaï-lama demeure le chef spirituel des Tibétains, mais il a renoncé cette année au poste officiel qu’il occupait dans le gouvernement tibétain en exil (100.000 exilés vivent aujourd’hui en Inde). L’administration centrale tibétaine a adopté une nouvelle charte cette année, qui devrait renforcer le système laïque et démocratique imaginé par le Dalaï-lama, et le juriste Lobsang Sangay (43 ans) a été élu premier ministre par la communauté des exilés tibétains. 

Syrie

Manifestation contre le président Bachar al-Assad à Deir al-Zour, en Syrie. REUTERS/Handout

Une vague de protestation a déferlé sur la Syrie en mars dernier, faisant suite aux soulèvements ayant ébranlé de nombreux pays du Moyen-Orient. Pas moins de 10.000 personnes ont été arrêtées et plus de 1.100 tuées lors des violentes opérations de répression orchestrées par le gouvernement. Depuis le début des manifestations, l’entrée dans le pays est interdite aux journalistes étrangers; à la fin du mois de juin, on a tout de même permis à quelques reporters de pénétrer sur le territoire, sous la surveillance étroite du gouvernement.

L’actuel président, Bachar el-Assad, a repris les rênes du pouvoir en 2000, après la mort de son père. Il avait alors promis de libéraliser la politique et l’économie syrienne. Le début de sa présidence a bel et bien été marqué par une brève tentative d’ouverture politique, vite remplacée par un retour à la répression (stricte restriction des libertés fondamentales). Un grand nombre de prisonniers politiques syriens (qui sont entre 2.500 et 3.000 au total) n’ont jamais été jugés.

Biélorussie

Des policiers en civil Biélorusses maintiennent un manifestant à Minsk. REUTERS/Vasily Fedosenko

Depuis 1994, c’est le président Aleksandr Loukachenko qui détient tout le pouvoir politique; l’homme est d’ailleurs souvent qualifié de «dernier dictateur d’Europe». Les élections (y compris les présidentielles de 2010, au terme desquelles Loukachenko a été «réélu» pour un quatrième mandat) sont régulièrement entachées de graves et nombreuses irrégularités. On ne dénombre aucun député d’opposition à l’Assemblée législative (entièrement acquise au régime), et les autorités ont recours à la violence policière (entre autres formes de harcèlement) contre l’opposition politique et les médias indépendants.

Il faut être muni d’un passeport interne pour voyager d’une région à l’autre, et un nouveau décret présidentiel oblige les propriétaires de cybercafés à garder une trace des activités en ligne de chaque utilisateur; deux mesures restreignant encore un peu plus la liberté de mouvement et d’expression des citoyens. Au lendemain des élections frauduleuses de 2010, le gouvernement de Loukachenko a durement réprimé les manifestations antigouvernementales, emprisonnant près de 700 personnes (dont sept des neuf candidats à la présidentielle).

Tchad

Des rebelles gardent deux Tchadiens à l'arrière d'un pick-up, après leur capture. REUTERS/Andrew Winning

Le président Idriss Déby, ancien instigateur d’un coup d’État, s’est emparé du pouvoir en 1990; depuis, les conflits politiques et ethniques ont déplacé plusieurs centaines de milliers de personnes. Le pays est riche en or et en uranium, et tire profit de son nouveau statut d’État exportateur de pétrole, acquis en 2003. La corruption et la mauvaise gestion sont cependant monnaie courante dans le pays, et la population demeure extrêmement vulnérable. On recense nombre de meurtres et d’actes de torture commis en toute impunité par les forces de sécurité et les groupes rebelles.

Un nouveau projet de loi visant les médias rend passible de lourdes peines toute personne «incitant à la haine raciale et ethnique et cautionnant la violence». Les autorités ont également interdit les groupes musulmans accusés d’inciter à la violence. Longtemps retardées, les élections législatives et municipales, qui devaient avoir lieu à la fin 2010, ont été à nouveau reportées jusqu’au début 2011. L’élection présidentielle d’avril dernier a été entachée par des doutes quant aux véritables raisons du faible taux de participation; doutes qui ont poussé l’opposition à affirmer que la victoire de Déby n’était pas légitime.

Chine

Manifestants masqués demandant le suffrage universel et la baisse des prix de l'immobilier. REUTERS/Tyrone Siu

Au lendemain des révoltes qui ont touché le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ces six derniers mois, les autorités chinoises ont intensifié les mesures de répression de l’opposition. La censure d’Internet et les emprisonnements des militants pour les droits de l’homme et la démocratie se sont intensifiés; d’éminents avocats spécialistes des droits de l’homme ont été harcelés, radiés du barreau, et ont «disparu». De nouvelles réglementations ont compliqué l’obtention de financements de la part de bailleurs de fonds étrangers par les organisations issues de la société civile.

Mais cette récente vague de répression n’est qu’une version plus intense de la réalité chinoise de ces dernières décennies. Selon les classements établis par Freedom House, dans le monde, plus de la moitié des personnes n’étant «pas libres» vivent aujourd’hui en Chine. Le Parti communiste chinois contrôle étroitement le pouvoir politique, privant par là même les citoyens chinois du droit d’élire leurs dirigeants, d’organiser une opposition politique, ou de demander des comptes à leur gouvernement en cas de faute.

La Chine emprisonne plus de journalistes et plus d’internautes que tout autre pays. On estime aujourd’hui que plusieurs dizaines de milliers de personnes sont emprisonnées (ou ont «disparu») à cause de leurs opinions politiques ou de leurs convictions religieuses.

Côte d’Ivoire

Un soldat pro-Ouattara à Fengolo, dans le village de Duekoue. REUTERS/Luc Gnago

La Côte d’Ivoire compte aujourd’hui parmi les sociétés les plus répressives de la planète: l’élection présidentielle (longtemps reportée) de novembre 2010 a provoqué de violents conflits, et a plongé le pays dans l’impasse politique. Le président sortant, Laurent Gbagbo, a refusé de quitter le pouvoir et de reconnaître la victoire du candidat d’opposition, Alassane Ouattara. Au fur et à mesure que la violence s’est intensifiée, un couvre-feu a été imposé, la présence de représentants de la presse internationale a été interdite, et les frontières de Côte d’Ivoire ont été fermées.

Selon les estimations, plus de 3000 personnes auraient perdu la vie dans les affrontements. Mais la corruption était un problème grave bien avant cette dernière explosion de violence, et les criminels faisaient rarement l’objet de poursuites. Les juges, qui sont nommés par le pouvoir, sont souvent susceptibles d’être influencés et soudoyés. En 2010, plusieurs grèves ont été durement réprimées, et les diverses factions armées du pays ont commis une série de viols.

Cuba

Une femme étend son linge dans son appartement à Cuba. REUTERS/Desmond Boylan

Dirigé par l’ancien président Fidel Castro pendant 49 ans, et aujourd’hui par son frère, Raúl, Cuba demeure un État à parti unique. Le Parti communiste ne tolère aucune opposition. En mars dernier, le gouvernement a enfin libéré les derniers prisonniers politiques emprisonnés à la suite du «Printemps noir» de 2003, vague de répression qui avait visé les journalistes indépendants et les dissidents; malgré tout, les journalistes continuent d’être victimes d’une grave répression.

Les libertés de mouvement, de choix du lieu de résidence et de travail sont sévèrement limitées, et il est interdit de quitter le pays sans autorisation, sous peine de poursuites. En 2010, l’Église catholique romaine y a inauguré son premier séminaire depuis la révolution de 1959. Cependant, certaines activités religieuses (comme celles concernant l’éducation ou l’édition) sont étroitement limitées par le gouvernement. Les défenseurs des droits de l’homme et les prisonniers politiques sont victimes d’actes de torture et de conditions d’emprisonnement déplorables.

Laos

Des réfugiés Hmong dans un camion de la police lors d'une opération de déportation vers le Laos. REUTERS/Sukree Sukplang

Le Parti révolutionnaire populaire lao (PRPL) conserve le monopole du pouvoir politique au Laos, qui compte parmi les derniers pays communistes de la planète. Le gouvernement, dirigé par le président Choummaly Sayasone, contrôle presque tous les aspects de la vie de la population; les fonctionnaires ont donc souvent l’occasion d’exiger des pots-de-vin. Toutes les terres appartiennent à l’Etat, et le pouvoir accorde souvent des terrains à des citoyens disposants de relations au sein du gouvernement, ou en échange de sommes d’argent.

En 2009, 300 fermiers laotiens ont été arrêtés pour avoir prévu de s’opposer aux confiscations de terre décidées par le gouvernement; neuf d’entre eux étaient encore emprisonnés à la fin de l’année 2010, et personne ne sait où ils sont aujourd’hui. La liberté de culte est strictement limitée, et le PRPL contrôle le clergé et les temples bouddhistes; les fonctionnaires locaux emprisonnent les chrétiens, ou les expulsent de leurs villages pour prosélytisme. Des milliers de personnes habitant les montagnes ont été déplacées lorsque le gouvernement a tenté d’anéantir divers groupes appartenant à l’ethnie hmong, qui avaient pris part à une rébellion de faible échelle contre le pouvoir depuis 1975.

Arabie Saoudite

Le Ministre de l'Intérieur saoudien Mohammed bin Nayef lors d'une démonstration de combat des soldats. REUTERS/Fahad Shadeed

L’Arabie Saoudite est une monarchie autoritariste: la famille royale détient l’essentiel du pouvoir politique. La Constitution du pays est uniquement constituée du Coran et de la Sunna (les lignes directrices inspirées des actes et des paroles du prophète Mohammed). La famille royale interdit la création de partis politiques, et l’opposition politique organisée n’existe qu’à l’extérieur du pays.

Les médias nationaux sont étroitement contrôlés par le pouvoir: le gouvernement a la mainmise sur la presse écrite régionale et la télévision par satellite, et bloque l’accès à plus de 400.000 sites Internet. En 2010, le rédacteur en chef du journal Watan a démissionné sous la pression du pouvoir après avoir publié un article critiquant les croyances islamiques conservatrices.

Selon la loi, tous les Saoudiens se doivent d’être musulmans, et le gouvernement interdit la pratique de toute autre religion. Le vent de révolte qui ébranle le Moyen-Orient a, pour l’essentiel, épargné le royaume, mais des Saoudiennes ont récemment décidé de prendre le volant pour braver la loi leur interdisant de conduire une automobile.

Ossétie du Sud

Sergei Bagapsh, leader de l'Abkhazie, et Eduard Kokoity, leader de l'Ossétie du Sud, lors de célébrations à Tskhinvali en Ossétie du Sud. REUTERS/Kazbeg Basayev

Lorsque l’«État» d’Ossétie du Sud a fait sécession de la Géorgie en août 2008, il a déclenché une guerre brutale entre la Géorgie et la Russie; une guerre qui a fait des centaines de victimes, et qui a déplacé des milliers de personnes. En dépit des critiques de la communauté internationale, Moscou a reconnu l’indépendance de l’Ossétie du Sud, avant de procéder à une prise de contrôle politique et économique.

Après la guerre, le président d’Ossétie du Sud, Eduard Kokoity, a remplacé la majeure partie de son gouvernement par des représentants russes, et les forces russes ont empêché les citoyens issus de l’ethnie ossète d’entrer en Géorgie. Le conflit a déplacé 26.000 personnes environ; des Géorgiens de souche, pour la plupart.

Les Ossètes du Sud doivent aujourd’hui faire face à une élite hautement corrompue et financée par la Russie. Toutes les ONG du pays travaillent sous la surveillance étroite du gouvernement. En 2010, des accusations de corruption ont été portées contre le président Kokoity et le premier ministre Vadim Brovtsev (soutenu par Moscou).

Sahara occidental

Des Sahraouis devant l'explosion d'une mine lors d'une démonstration de la République démocratique arabe sahraouie montrant les dangers des terrains minés. REUTERS/Juan Medina

Ce territoire gouverné par le Maroc est au centre d’un conflit vieux de plusieurs décennies, opposant le gouvernement marocain aux rebelles du Front Polisario, soutenus par les Algériens. Les deux pays ont entamé des pourparlers en 2010; il s’agissait alors de déterminer s’ils autoriseraient un référendum sur l’indépendance. Peu de progrès ont été réalisés. Le Maroc contrôle les élections locales, restreint sévèrement la liberté de réunion, et interdit aux nomades du Sahara (ou Sahraouis) de créer des organisations politiques ou des ONG indépendantes.

Les militants sahraouis et les défenseurs des droits de l’homme (entre autres) sont victimes de harcèlement, de détentions arbitraires et d’actes de torture. Les Marocains usent souvent de la force en réprimant les manifestations et les émeutes dans les villages sahraouis. Trois militants sahraouis ont été arrêtés au Maroc en octobre 2009; après le report de leur procès, ils ont été maintenus en détention durant toute l’année 2010, et n’ont finalement été libérés sous caution qu’en avril dernier.

Freedom House

Freedom House est une organisation non gouvernementale indépendante qui soutient l'expansion des libertés dans le monde. L'organisation soutient le changement démocratique, surveille l'état de la liberté dans le monde et défend la démocratie et les droits de l'Homme.

Traduit par Jean-Clément Nau

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