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Le DSKpédia, résumé de trois mois de feuilleton judiciaire

Les faits supposés, la procédure, la guerre des fuites, les protagonistes, les à-côtés... Résumé de l'affaire DSK, dans laquelle le dirigeant français a vu les charges contre lui levées mardi 23 août.

Temps de lecture: 25 minutes

Arrêté le 14 mai pour agression sexuelle et tentative de viol contre Nafissatou Diallo à l’hôtel Sofitel de Manhattan, Dominique Strauss-Kahn a vu toutes les charges contre lui abandonnées le mardi 23 août dans le volet pénal de l’affaire. Les avocats de la femme de chambre ont demandé à ce que le procureur de New York soit dessaisi de l’affaire au profit d’un procureur spécial. La demande a été refusée par le juge; les avocats ont fait appel, sans succès.

Si le volet pénal de l'affaire est donc terminé, le volet civil ne fait que commencer, avec une action intentée le 8 août par les avocats de Nafissatou Diallo.

Dans ce DSKpédia, Slate fait le point sur les éléments dont dispose le grand public, aussi bien sur l'affaire elle-même que sur ses nombreuses implications ou encore sur la personnalité et le parcours des protagonistes.

» Tous les documents produits et rendus publics par la justice américaine

 

COMMENT S'EST DEROULEE LA PROCEDURE?

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Les différentes étapes

Le 14 mai, Dominique Strauss-Kahn est placé en garde à vue pour agression sexuelle à la suite de son interpellation à l’aéroport JFK. Le 15, il est reconnu lors d’un «tapissage» (une présentation au milieu d’officiers de police) par Nafissatou Diallo, sa victime présumée, et une plainte contre lui est officiellement déposée par le bureau du procureur.

Le 16, il se voit notifier les chefs d’accusation par la juge Melissa Jackson et est incarcéré malgré une demande de remise en liberté sous caution. Le 19, il est officiellement inculpé après examen des chefs d’accusation par un grand jury mais libéré par le juge Michael Obus sous caution de 1 million de dollars, un dépôt de garantie de 5 millions et plusieurs conditions restrictives (remise de son passeport, assignation à résidence à New York, port d’un bracelet électronique). Le 6 juin, il plaide non-coupable et l’affaire est renvoyée au 18 juillet.

Mais le 30 juin, le procureur Cyrus Vance, chargé de l'enquête, envoie à ses avocats une lettre détaillant des éléments potentiellement disculpants: une audience convoquée le 1er juillet aboutit à sa remise en liberté sur parole, toutes les conditions étant levées sauf celle touchant au passeport. Toujours fixée au 18 juillet, l’audience suivante est reportée au 1er puis au 23 août. Le 22 août, le bureau du procureur remet une motion to dismiss (réquisitions de levée des charges) qui est acceptée par le juge le 23. En parallèle, une demande de nomination d'un procureur spécial par les avocats de Nafissatou Diallo est rejetée, décision dont ils font appel. L'appel est rejeté lui aussi dans la même journée.

Qui sont les juristes impliqués dans la procédure?

A l'exception de la première, les audiences ont été dirigées par le juge Michael Obus, qui a formellement inculpé DSK tout en le remettant en liberté sous caution le 19 mai, puis en liberté sur parole le 1er juillet, puis a levé les charges qui pesaient sur lui le 23 août.

Elu fin 2009, le procureur de New York Cyrus Vance était lui chargé de prouver la culpabilité de l'ancien directeur général du FMI, qu’il a finalement renoncé à renvoyer devant un tribunal.

La défense de ce dernier est menée par l'avocat new-yorkais Benjamin Brafman et son homologue de Washington William Taylor: le premier, qui a défendu plusieurs clients médiatiques (des membres de la mafia, les rappeurs P.Diddy et Jay-Z ou Michael Jackson), a commencé à s'occuper de DSK avec ce dossier, tandis que le second était son avocat à Washington avant les faits présumés.

La plaignante est elle défendue, dans la perspective d'un éventuel procès civil, par Kenneth Thompson, du cabinet Thompson, Wigdor & Gilly, spécialiste de l'obtention de dommages et intérêts. Celui-ci a fait appel à l'avocat français Thibault de Montbrial afin de trouver d'éventuelles autres victimes en France, déclenchant une procédure déontologique du barreau de Paris, qui a finalement jugé cette mission conforme.

Quels étaient les motifs d'inculpation de Dominique Strauss-Kahn?

Ils étaient au nombre de sept: «acte sexuel criminel au premier degré» à deux reprises (deux fellations forcées), «tentative de viol au premier degré» (une tentative d'imposer un rapport vaginal), «agression sexuelle au premier degré» (contact sexuel non consenti par la force), «emprisonnement illégal au second degré» (séquestration), «attouchements non consentis» et «agression sexuelle au troisième degré» (contact sexuel non consenti).

Les peines maximales encourues allaient de 3 mois à 25 ans de prison selon les chefs d'accusation. Contrairement à la France (où DSK aurait été au final passible de 15 ans de prison pour viol), les éventuelles peines pouvaient théoriquement se cumuler, pour atteindre un maximum de 74 ans et trois mois. Un plafond théorique car elles sont souvent confondues quand les chefs d'accusation concernent des faits survenus au même moment.

Pourquoi le parquet a-t-il renoncé à un procès pénal?

Le bureau du procureur n’a pas pu déterminer avec certitude si les faits allégués par Nafissatou Diallo avaient ou n’avaient pas eu lieu: il a simplement jugé qu’il ne pouvait pas faire confiance à son principal témoin en raison de sa crédibilité entachée. Or, la crédibilité des témoins –surtout dans un procès parole contre parole– est cruciale dans le système pénal américain. C’est au procureur de prouver la culpabilité de l’accusé «au-delà d’un doute raisonnable», sans quoi le jury ne peut pas juger (à l'unanimité) l’accusé coupable. Habituellement, c'est la défense qui cherche à créer ce doute raisonnable pour obtenir un acquittement (ce que Benjamin Brafman a fait dans ses précédents procès, et qu’il avait commencé à faire dans des déclarations médiatiques sur l’affaire DSK), mais ici l’initiative est venue du bureau du procureur.

Que reprochent les avocats de Diallo au procureur?

Dans leur demande de récusation du procureur et de nomination d’un procureur spécial, rejetée donc le 23 août, les avocats de Nafissatou Diallo dénoncent «abus de confiance, traitements injustes, biais et préjugés» envers leur cliente de la part d’un procureur qui aurait «saboté» l’instruction et aurait «manqué de respect» à la jeune femme.

Ils reprochent notamment aux autorités de ne pas avoir tenté, pendant plusieurs heures, d’interroger DSK lors de son placement en garde à vue avant qu’il ne réclame à parler à son avocat, de ne pas avoir réfuté des articles du New York Post qui ont présenté Nafissatou Diallo comme une prostituée ou de ne pas avoir été transparents sur la situation du couple Agnifilo (un homme associé du cabinet Brafman et sa femme occupant un poste élevé au sein du bureau du procureur, et qui s'est récusée). Me Thibault de Montbrial a également regretté que le procureur n'ait pas formulé de demande d'entraide à la France, comme il l'avait promis selon lui, pour entendre la romancière Tristane Banon, qui a porté plainte contre DSK en France pour tentative de viol.

Au niveau du manque de respect, les avocats dénoncent notamment des enquêteurs qui auraient crié sur Nafissatou Diallo, ou encore des propos de la procureure adjointe Joan Illuzzi-Orbon, qui aurait déclaré le 9 juin que «personne doté ne serait-ce que de la moitié d'un cerveau ne l'amènerait à la barre». 

Y'aura-t-il un procès au civil, et DSK peut-il le perdre?

Annoncée fin juillet, une action civile a finalement été officiellement intentée par Nafissatou Diallo le 8 août auprès de la Cour du Bronx, généralement plus favorables aux plaignants que d'autres cours de New York. Le 25 juillet, Kenneth Thompson, l'un de ses avocats, affirmait au New York Times:

«Elle va intenter une action pour affirmer sa dignité de femme. Dominique Strauss-Kahn l'a profanée en tant que femme, et il n'avait pas le droit de faire ça.»

Le dossier déposé par la plaignante affirme que la confrontation entre DSK et Nafissatou Diallo «a laissé la vie de Mme Diallo et de sa jeune fille en miettes», avec des dommages physiques, émotionnels et psychologiques, et demande des compensations et une amende, ainsi que le règlement des frais d'avocats.

Dans ce volet civil de l’affaire, contrairement au pénal, DSK sera appelé à la barre. Il peut décider de rentrer en France et de ne pas se présenter aux audiences, mais il sera alors jugé par défaut, en son absence. La femme de chambre peut tout à fait gagner son procès au civil même si les poursuites ont été abandonnées contre DSK au pénal (elle aurait d’ailleurs pu le gagner même si DSK avait été innocenté au pénal).

CE QUI S'EST PASSÉ AU SOFITEL

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Ce dont on est sûr

DSK était dans la chambre 2806

Dominique Strauss-Kahn occupait la suite 2806 de l'hôtel Sofitel situé au 45, West 44th Street à New York, près de Times Square. Une suite composée d’une entrée, d’une salle de réunion, d’une chambre à coucher, d’une salle de bains et d’un salon. Son prix normal est de 3.000 dollars (2.116 euros) la nuit mais DSK l’a payée 525 dollars selon le FMI et a réglé la somme lui-même.

Il occupait les lieux depuis le 13 mai pour un déplacement privé avant de partir pour Paris puis Berlin, où il devait rencontrer le 15 mai la chancelière allemande Angela Merkel, avant une réunion des ministres des Finances de la zone euro le 16 mai à Bruxelles et le Forum économique de Bruxelles le 18 mai.

DSK et Nafissatou Diallo ont eu une relation sexuelle

Dans sa motion to dismiss (réquisitions de non-lieu), le bureau du procureur Cyrus Vance affirme qu’il y a eu une «rencontre sexuelle précipitée» entre Dominique Strauss-Kahn et Nafissatou Diallo. Une tache de sperme retrouvée sur le tapis de la chambre contenait de l’ADN de l’accusé et de la victime. L’un des avocats de DSK, Benjamin Brafman, avait d’ailleurs implicitement reconnu ce fait depuis plusieurs semaines en affirmant que les «éléments médicaux légaux» n’étaient «pas cohérents avec une relation forcée».

Le procureur a par ailleurs expliqué que Nafissatou Diallo, qui a décrit lors de ses premières auditions DSK comme «l’homme aux cheveux blancs», n’était pas au courant du séjour du directeur général du FMI dans l’hôtel et n’avait donc pu «orchestrer» leur rencontre.

DSK a déjeuné avec sa fille après avoir quitté l’hôtel

D’après sa demande de libération sous caution, DSK a quitté l’hôtel à 12h28 le samedi 14 mai, puis a déjeuné à 12h45 avec sa fille (selon le New York Times, chez McCormick & Schmick's Seafood Restaurant, un restaurant de poissons) pendant une heure et demie. Il est parti pour l’aéroport JFK à 14h15.

Il a été intercepté avant son départ dans un avion

Vers 16h45, le dirigeant du FMI était dans le vol 23 d’Air France, dont l’arrivée était prévue à 6 heures dimanche à Paris, quand il a été arrêté.

On a d’abord entendu dire que Dominique Strauss-Kahn était parti en urgence avec un billet acheté à la dernière minute. Mais William Taylor, l’un de ses avocats, a présenté lors de la deuxième audience sur sa libération sous caution l’itinéraire du voyage prévu par DSK en Europe, et un billet Air France acheté le 11 mai, en affirmant:

«Ces deux preuves réfutent de façon claire la notion que M. Strauss-Kahn était paniqué et tentait de rentrer sur un vol international pour éviter d’être détenu à New York.»

Le procureur a répondu lors de cette même audience que «cela […] ne change pas le fait que son départ de l’hôtel presque immédiatement après cet incident était inhabituellement hâtif. Même s’il avait peut-être déjà prévu de quitter le pays, son départ de la scène du crime suggère certainement que quelque chose s’est passé dans cette chambre».

C’est en tout cas dans cet Airbus A330 que Dominique Strauss-Kahn a été interpellé par deux officiers de la Port Authority of New York and New Jersey, responsable des transports de la région. Les autorités savaient où il était car il avait lui-même appelé le Sofitel pour dire qu'il y avait oublié un de ses portables. Selon un de ses proches cité par le JDD, «les policiers ont rusé», pour l'attirer hors de l'avion:

«Autant Dominique était en voyage privé lors de ses vingt-quatre heures à New York, dès lors qu'il avait passé le ckeck-in, avec un billet d'avion réservé et payé par le FMI pour se rendre en Europe, il était à nouveau en exercice, couvert par son immunité diplomatique.» 

» Le compte rendu de l'arrestation [PDF]

Ce qui est encore incertain

La relation sexuelle était-elle consentie?

Dans son récit aux enquêteurs, tel que rapporté par le bureau du procureur, Nafissatou Diallo raconte qu’elle est entrée dans la suite et que DSK a surgi nu de la chambre, l’a attrapée par les seins, a fermé la porte de la suite et l’a poussée sur le lit, où il aurait tenté de lui insérer son pénis dans la bouche. Il l’aurait ensuite poussée dans la suite à travers un petit couloir avant de passer sa main sous ses sous-vêtements et de lui agripper la zone vaginale. Il l’aurait alors forcée à s’agenouiller et lui aurait inséré son pénis dans la bouche, la forçant à lui pratiquer une fellation jusqu’à éjaculation.

Dans son rapport, le bureau du procureur indique que la durée supposée de la rencontre entre Nafissatou Diallo et DSK —ses relevés de carte magnétique indiquent qu’elle est entrée dans la chambre à 12h06 puis dans une autre chambre à 12h26, tandis que DSK a appelé sa fille à 12h13 et a quitté l’hôtel à 12h28— tend à rendre «improbable» le consentement de la jeune femme. Mais les enquêteurs n’ont pas trouvé d’autres indices en ce sens: aussi bien la douleur à l’épaule dont s’est plainte Nafissatou Diallo lors d’examens médicaux que les accrocs sur ses sous-vêtements ou la rougeur notée sur sa zone vaginale n’ont pu être reliés avec certitude aux faits allégués. Tout repose donc sur son témoignage, contesté.

Qu'a fait Nafissatou Diallo après les évènements présumés?

Dans ses réquisitions de non-lieu, le bureau du procureur explique que la plaignante «a livré au procureur et au grand jury un compte-rendu des évènements qui sont suivi l’agression qui était faux».

Dans un premier temps, elle a raconté être allée au bout du hall du 28e étage et y être restée, apeurée, jusqu’à ce que son supérieur hiérarchique la retrouve.

Dans une deuxième version, elle a expliqué s’être rendue dans la chambre 2820 et y avoir passé l’aspirateur et nettoyé les tapis, avant de s’être rendue dans la chambre 2806 pour la nettoyer, puis de rencontrer son superviseur en allant chercher des fournitures. Alors qu’elle lui demandait de manière «hypothétique» si les clients pouvaient «imposer quelque chose » à un employé, il lui aurait posé des questions précises, provoquant ses aveux. Cette version a été démentie par le fait que la plaignante, d’après les relevés de sa carte magnétique, aurait en fait pénétré dans les deux chambres dans la même minute, à 12h26.

Dans un troisième temps, Nafissatou Diallo est donc revenue à la première version en affirmant n’être entrée dans la chambre 2820 que pour récupérer des fournitures, et que ses propos aux enquêteurs avaient été mal traduits ou compris.

Ce qui est sûr, c’est qu’elle a raconté les faits à son supérieur immédiat, puis au supérieur de celui-ci, qui ont ensuite alerté la sécurité et la direction de l’hôtel, qui ont prévenu le NYPD. Elle a été interrogée par eux puis transportée à l’hôpital pour examen.

» La lettre du parquet [PDF]

QUI EST L'ACCUSATRICE DE DSK?

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Nafissatou Diallo a 32 ans et est installée depuis plusieurs années aux Etats-Unis, où elle détient une carte verte. Selon le bureau du procureur, elle travaillait à l’époque des faits depuis trois ans au Sofitel, où elle était décrite comme une «employée modèle» et n’avait pas de casier judiciaire.

Selon un portrait détaillé du New York Times, elle est née «dans une case en terre dans un hameau isolé sans eau ni électricité, à dix minutes de marche de la route la plus proche. Elle a été mariée à un cousin éloigné à l’adolescence, a eu une fille puis est devenue veuve». Fille d’un commerçant appartenant à l’ethnie peule, originaire de la région de Labé, en Guinée, elle a élevé seule sa fille de 15 ans dans le Bronx. Elle a de la famille à Harlem, notamment sa sœur, mariée à un homme d'affaires guinéen opérant dans l’import-export.

Ses mensonges sur son passé

D’après le bureau du procureur, Nafissatou Diallo a menti dans son dossier de demande d’asile en 2004. Elle y avait déclaré avoir fui la Guinée à cause des persécutions du régime, avec notamment un passage à tabac par des soldats et l’emprisonnement, la torture et la mort de son mari en prison. Elle serait donc partie pour les Etats-Unis, craignant pour sa propre vie.

Mais lors d’interrogatoires menés pour l’affaire DSK, elle a admis que ces informations étaient fausses, et qu’elle avait mis au point cette version des faits en mémorisant une cassette audio résumant tous ces points.

Lors de ces interrogatoires, Nafissatou Diallo a également dit qu’elle avait été victime d’un viol en réunion de la part de soldats en Guinée, en présence de sa fille de deux ans. Mais elle a ensuite admis que ce viol en réunion n’avait jamais eu lieu et qu’elle avait menti pour se conformer au scénario qu’elle avait mémorisé pour sa demande d’asile, dont elle avait retiré le viol à la dernière minute. Elle déclare désormais qu’elle a bien été violée en Guinée, mais pas selon les détails qu’elle avait donnés, et le bureau du procureur n’a pu vérifier ce point.

Ses mensonges sur son train de vie

Le bureau du procureur note que Nafissatou Diallo a omis de déclarer ses revenus du Sofitel pour obtenir un logement à loyer réduit. Surtout, elle a reçu sur un compte en banque 60.000 dollars en liquide déposés par des individus dans quatre Etats différents. Un fait qu'elle a justifié par sa volonté de rendre service à son fiancé, Amara Tarawally, actuellement détenu au pénitencier d'Eloy (Arizona) pour trafic de drogue: arrêté pour possession de 180 kg de marijuana, il aurait utilisé son compte pour déposer de l'argent, qu'elle retirait parfois pour le remettre à son partenaire d'affaires new-yorkais. Elle a affirmé qu'elle pensait qu'il s'agissait d'un business de vêtements.

Ses mensonges sur ses motivations

Selon le bureau du procureur, Nafissatou Diallo a téléphoné à Amara Tarawally dans les 24 heures qui ont suivi sa rencontre avec Dominique Strauss-Kahn. Au cours de cette conversation, qui a été enregistrée et traduite séparément par deux interprètes, elle aurait évoqué l'intérêt qu'il y aurait à maintenir ses accusations contre DSK afin de lui soutirer de l'argent, alors qu’elle avait affirmé devant les enquêteurs que personne ne pourrait «l’acheter». Une version démentie par ses avocats, selon qui «elle a dit à cette personne que "quelqu'un a essayé de me violer et c'est quelqu'un qui a du pouvoir, un homme important"».

SES INTERVENTIONS DANS LES MEDIAS

Nafissatou Diallo est sortie du silence fin juillet en trois temps: d'abord une interview au magazine américain Newsweek dans les bureaux de ses avocats, parue lundi 25 juillet, puis une interview à la chaîne de télévision ABC News, diffusée dans la même journée, et enfin une conférence de presse retransmise en direct et organisée par United African Congress, une organisation communautaire africaine de New York.

Elle raconte à Newsweek comment DSK, qui lui est apparu comme un «homme fou», est sorti nu de la salle de bains alors qu’elle croyait la chambre vide, comment elle a tenté de l’effrayer en affirmant que son «superviseur [était] juste là!» puis a réussi à se libérer.

«Diallo n’est pas séduisante» écrit le magazine, qui raconte que la femme de chambre a pleuré à plusieurs reprises pendant l’interview, «et qu’à certains moments ses larmes semblaient forcées». Ses réponses sur son passé sont restées «vagues», mais son récit se fait très précis au moment d’aborder l’incident du Sofitel.

Dans l’interview à l’émission Good Morning America de ABC, elle lance par ailleurs:

«Je veux la justice. Je veux qu’il aille en prison. Je veux qu’il sache qu’il y a certains endroit où on ne peut pas utiliser son argent, utiliser son pouvoir pour faire une chose pareille.»

Enfin, lors de la conférence de presse, elle a affirmé pleurer «tous les jours» avec sa fille, tout en remerciant les personnes qui la soutiennent:

«Je suis ici aujourd'hui pour dire à chacun d'entre vous à quel point j'ai souffert, tout comme ma fille. Je suis ici aussi parce des gens m'ont insultée, m'ont traînée dans la boue. Toutes les choses qui ont été dites à mon encontre sont fausses.»

En s’adressant aux médias, Nafissatou Diallo a pris un gros risque, celui de donner des versions différentes de celle qu’elle a raconté aux enquêteurs et d’affaiblir son témoignage. Selon un expert judiciaire américain cité à l’époque par l’agence Associated Press, parler dans les médias est inhabituel et risqué à cette étape du dossier:

«D’un côté, cela pourrait encourager le procureur à poursuivre le dossier. De l’autre, il y a le risque que tout ce qu’elle dit peut être utilisé contre elle dans un procès civil ou criminel, surtout s’il y a des incohérences.»

Après cette interview, le tabloïd New York Post a d’ailleurs joué au jeu des 5 différences. Par exemple, la femme de chambre a dit à ABC News que DSK lui avait parlé pendant l’agression, lui disant notamment qu’elle «n’avait pas à s’excuser» (son réflexe quand elle est rentrée dans la chambre et l’a vu nu), qu’elle «était belle» et qu’elle «ne perdrait pas son emploi». Or, le rapport écrit par un membre du personnel de l’hôpital où elle a été admise le 14 mai affirme que la patiente a expliqué  «qu’il ne lui avait rien dit lors de l’incident».

 

COMMENT LES AUTORITÉS FRANÇAISES ONT-ELLES ÉTÉ PRÉVENUES?

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La première trace d'un Français prévenu de l'affaire se trouve sur Twitter. Le 14 mai, à 22h59 heure française (l'affaire sortira dans la presse à 0h33, dans le New York Post), Jonathan Pinet, un jeune militant UMP, écrit sur le réseau social: «un pote aux Etats-Unis vient de me rapporter que #DSK aurait été arrêté par la police dans un hôtel à NYC il y a une heure». Un peu plus tard, le web-entrepreneur Arnaud Dassier, proche de l'UMP et actionnaire minoritaire du site Atlantico, écrit: «Apparemment #dsk a NY c'est du tres tres lourd». Il expliquera ensuite avoir échangé avec Jonathan Pinet, qui lui a dit que son information était fiable: selon le Nouvel Observateur, il la tenait d'un certain Boris, un ami stagiaire au Sofitel, qui ne travaillait pas ce jour-là mais avait été prévenu par un de ses collègues.

Propriétaire de la chaîne d'hôtels, le groupe français Accor (dont les actionnaires principaux sont les fonds Colony Capital et Eurazeo) s'était refusé à tout commentaire sur le dossier lors de son assemblée générale à Paris, fin mai. Début juillet, il a été accusé par le député PS de l'Eure François Loncle d'avoir eu un comportement où «tout n'est pas clair», avec de possibles «connexions» avec «certaines officines françaises». Accor a alors nié «formellement» toute implication et a estimé que certains propos tenus pouvaient être «diffamatoires».

Selon des sources proches du dossier citées par l'AFP le 3 juillet puis par Europe 1 le 4, la direction de l'hôtel a en fait prévenu Accor vers 23h45. René-Georges Querry, un «ancien grand flic» reconverti en responsable de la sécurité du groupe, a alors appelé Ange Mancini, coordonnateur national du renseignement à la présidence de la République, «un de ses vieux amis». Ce dernier aurait immédiatement alerté Christian Fremont, le directeur de cabinet du président. En revanche, on ne sait pas avec certitude si Nicolas Sarkozy a été prévenu immédiatement ou à son réveil: un article du Point paru mi-juin évoquait les deux versions.

Interviewé par le magazine «Sécurité et stratégie» du Club des directeurs de sécurité des entreprises, René-Georges Querry s'est contenté de déclarer que le groupe n'avait pas eu un «rôle dynamique» à Paris. Interrogé le 8 juin sur Europe 1, Claude Guéant avait lui assuré sur Europe 1 qu'il était «absolument impossible» que Paris ait été consulté avant l'interpellation par le Sofitel ou la police de New York, dont le grand patron, Ray Kelly, a été décoré par Sarkozy en 2006.  

LA GUERRE DES FUITES 

L’affaire a été scandée par de nombreux scoops et fuites dans la presse. Citons entre autre l’annonce par le New York Times de l’effondrement potentiel du dossier, l’article du Daily Beast sur un possible arrangement financier entre les parties, la publication par L’Express du rapport médical de la plaignante… Des fuites qui ont alimenté les tensions entre les deux camps: sur le rapport médical par exemple, les avocats de DSK ont critiqué «son utilisation par les avocats de la plaignante pour confirmer ou renforcer les accusations contre M. Strauss-Kahn» de manière «trompeuse et malhonnête», alors que ce rapport «est basé presque exclusivement sur les propos [de la femme de chambre] qui a prouvé de manière répétée qu'elle n'était pas crédible.» Les avocats de Nafissatou Diallo ont eux reproché les fuites du bureau du procureur vers la presse.

 

L'AFFAIRE BANON-DSK

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Le 4 juillet, l’avocat de la romancière et journaliste Tristane Banon, David Koubbi, a déposé une plainte contre Dominique Strauss-Kahn pour tentative de viol en février 2003, crime pour lequel le délai de prescription est de dix ans. Une procédure qui a immédiatement déclenché l’annonce d’une plainte pour dénonciation calomnieuse par la défense de DSK. Le 8 juillet, le parquet de Paris a décidé d'ouvrir une enquête préliminaire à la suite de la plainte, confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). Elle aboutira à la saisine d'un juge d'instruction ou à un classement sans suite, hypothèse la plus probable selon l'agence Reuters. Si les faits étaient requalifiés en agression sexuelle, ils seraient prescrits, le délai étant de dix ans.

Qu’a dit Tristane Banon en 2007 à la télévision?

Agée de 32 ans et auteure de quatre livres, Tristane Banon racontait en février 2007, sur le plateau de l’émission 93 Faubourg Saint-Honoré de Thierry Ardisson, la tentative de viol dont elle affirme avoir été victime de la part de DSK, «un chimpanzé en rut» —le nom de l'ancien ministre, dont la deuxième épouse Brigitte Guillemette était la marraine de Tristane Banon, avait été «bipé». Elle expliquait l'avoir rencontré dans le cadre de son essai Erreurs avouées (au masculin):

«Il m'a proposé qu'on se voie, il m'a donné une adresse que je ne connaissais pas […] Il a voulu que je lui tienne la main pour répondre parce qu'il m'a dit: "Je n'y arriverai pas si vous ne me tenez pas la main." Et puis après, de la main, c'est passé au bras et puis, c'est passé un peu plus loin. […] On a fini par se battre quand même, ça s'est fini très très violemment. On s'est battu clairement, au sol [...]. Moi, j'ai donné des coups de pieds. Il a dégrafé mon soutien-gorge, il a essayé d'ouvrir mon jean.»

Elle expliquait alors ne pas avoir porté plainte pour ne pas être «jusqu'à la fin de [ses] jours "la fille qui a eu un problème avec un homme politique"». 

Comment l'affaire a ressurgi

La mère de Tristane Banon, Anne Mansouret, élue PS de Haute-Normandie et ex-candidate à la primaire socialiste de 2011, l’avait  dissuadée de porter plainte. Révélé par L’Express, le chapitre d’Erreurs avouées sur DSK (dans lequel l’auteure ne raconte pas d’agression, mais seulement une tentative de séduction) ne figurait pas dans la version finale. En octobre 2008, la jeune femme a accordé une interview au site Agoravox au moment de l’affaire Piroska Nagy, poussant DSK à affirmer dans un communiqué, sans la nommer, qu’il ferait «poursuivre judiciairement avec détermination» tous ceux qui relaieraient des «rumeurs malveillantes». Dans la biographie qui lui a été consacrée par Michel Taubmann, il se disait «stupéfait» par ces accusations reposant sur des faits «imaginaires». 

Le 16 mai 2011, soit deux jours après l’arrestation de DSK aux Etats-Unis, David Koubbi annonçait son intention de déposer une plainte, puis réservait sa décision sur le sujet afin d’éviter une «instrumentalisation» par la justice américaine, avant de finalement confirmer le dépôt d’une plainte, que sa cliente a justifiée dans un entretien accordé à L’Express.

Qui a été entendu?

Depuis le début juillet, les enquêteurs de la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) ont entendu toutes les personnes supposées avoir reçu les confidences de Tristane Banon: c’est notamment le cas la mère de la plaignante, Anne Mansouret, de sa marraine, Brigitte Guillemette (ex-épouse de DSK) et de la fille de cette dernière, Camille Strauss-Kahn, ainsi que des responsable socialistes Stéphane Le Foll et Aurélie Filippetti ou des journalistes Patrick Poivre d’Arvor et Olivia Cattan (responsable de l’association Paroles de femmes). Le journaliste Philippe Vandel doit lui être entendu fin août. Surtout, la BRDP a entendu le 20 juillet François Hollande, candidat à la primaire socialiste. Le 20 mai, il avait déclaré n’avoir «jamais eu connaissance des faits de la gravité qui ont été à un moment évoqués», mais n’avait pas nié l’existence de «rumeurs». Le 4 juillet à Fort-de-France, il précisait: «Moi, je ne conseille, ni ne déconseille à personne de porter plainte quand il se passe un événement de nature de violence personnelle.»

Anne Mansouret contre Brigitte Guillemette

Le 17 juillet,  L’Express révélait le contenu de l’audition d’Anne Mansouret par les enquêteurs de la BRDP quelques jours plus tôt, où elle confiait avoir eu une relation sexuelle «consentie mais clairement brutale» avec DSK. Elle déclarait également aux enquêteurs avoir appelé son amie Brigitte Guillemette peu après l’incident, qui lui aurait alors confié «qu'elle savait qu'il avait eu plusieurs fois un comportement déplacé vis-à-vis d'étudiantes, mais que jamais elle n'aurait pensé qu'il irait jusque-là».

Deux jours après les révélations de l’Express, Brigitte Guillemette annoncçait qu’elle allait porter plainte pour diffamation contre Anne Mansouret, démentant catégoriquement avoir été informée d’un incident entre DSK et une étudiante. Selon l’avocat de Guillemette, Tristane Banon aurait parlé de la tentative de viol présumée à son amie d’alors Camille Strauss-Kahn. La fille de DSK en aurait informé sa mère,  qui aurait alors appelé Anne Mansouret.

Quel est le lien entre les affaires française et américaine?

Les deux procédures pour viol et tentative de viol à l’encontre de DSK, l’une pour des faits ayant eu lieu en mai 2011 à New York, l’autre pour des faits remontant à février 2003 à Paris, n’ont a priori rien à voir l’une avec l’autre.

Pourtant, le fait que l’avocat de Tristane Banon, David Koubbi, annonce pour la première fois son intention de porter plainte contre DSK deux jours à peine après l’arrestation de l’ancien patron du FMI à New York a donné lieu à des interrogations sur les motivations de l’écrivaine et de son avocat.

Ce timing contrastait aussi avec les déclarations de David Koubbi, qui affirme qu’il ne veut pas «être instrumentalisé par la justice américaine». Il n’avait ainsi pas répondu à l’appel de Kenneth Thompson, l’avocat de l’accusatrice américaine de DSK, qui demandait le 7 juin à d’éventuelles autres victimes de DSK en France ou en Afrique de le contacter.

Quand David Koubbi a annoncé une deuxième fois, le 4 juillet, qu’il va porter plainte contre DSK au nom de Tristane Banon, c’est encore quatre jours à peine après la libération sur parole de DSK à la suite de la révélation d'éléments remettant en cause la crédibilité de son accusatrice américaine. Mais l’avocat se défend encore de vouloir lier les deux affaires:

«Je n'ai pas agi en fonction du contexte. Avec ma cliente, nous avions pris notre décision avant ce rebondissement du 1er juillet, à savoir dès la mi-juin. J'ai pris le temps nécessaire parce je ne voulais pas être instrumentalisé par la justice américaine. Je ne souhaitais pas, si le dossier contre M. Strauss-Kahn n'était pas suffisamment charpenté aux Etats-Unis, que la parole de ma cliente soit liée à celle de Nafissatou Diallo –dont je rappelle que si elle a menti sur certains aspects, cela ne veut pas dire qu'elle n'a pas été violée.» 

Les deux affaires se sont véritablement retrouvées liées de manière concrète le 19 juillet quand David Koubbi a rendu une visite surprise aux procureurs de Manhattan en charge de l’enquête américaine, accompagné de Kenneth Thompson et de son associé Douglas Wigdor.

A lire aussi sur Slate.fr: Sept façons de vérifier la version de Tristane Banon (et celle de DSK)

DSK ET LES FEMMES

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DSK a-t-il forcé une employée du FMI à avoir une relation sexuelle avec lui?

A peine un an après sa prise de fonction à la tête du FMI, DSK a été la cible d’une enquête interne du FMI pour abus de pouvoir autour de sa liaison avec Piroska Nagy, une économiste hongroise de l’institution. DSK a publiquement reconnu la liaison et Nagy a notamment écrit dans une lettre aux enquêteurs:

«M. Strauss-Kahn a abusé de sa position pour entrer en relation avec moi. […] Je crains que cet homme n'ait un problème qui, peut-être, le rend peu apte à diriger une organisation où travailleraient des femmes.»

DSK a finalement été blanchi par le FMI. Le Conseil d'administration de l'institution s’est contenté de pointer du doigt une «grave erreur de jugement» de sa part.

DSK était-il client du service d’escort girls de Kristin Davis à Manhattan?

Kristin Davis, qui était à la tête d’un réseau de call girls jusqu’à son emprisonnement en 2008 et qui avait notamment dénoncé l’ancien gouverneur de New York Elliot Spitzer comme un de ses clients, a affirmé le 19 mai dans les médias britanniques qu’elle a fourni des jeunes femmes à DSK en 2006 alors qu’il était candidat aux primaires socialistes. Selon elle, DSK aurait demandé une «Américaine typique plutôt brune», et le tarif était de 1.200 dollars de l'heure.

«Manhattan Madam», comme elle est surnommée, a également déclaré au Figaro vouloir témoigner en cas de procès de Dominique Strauss-Kahn:

«Je ne veux plus protéger un homme qui abuse des femmes, j'espère que notre système judiciaire, qui est juste, le condamnera à hauteur des faits qui lui sont reprochés».

Impossible de savoir si ce que dit Davis est vrai, tout dépend de la crédibilité qu’on lui accorde. Mais quoiqu’il en soit, Le Figaro souligne que dans l’affaire DSK, «à moins de faits précis et de témoignages clairement identifiés, la vie sexuelle passée de l'accusé ne peut, en théorie, être utilisée au tribunal».

DSK fréquentait-il le club échangiste Les Chandelles?

Dans le livre Sexus Politicus paru en 2006, les journalistes Christophe Deloire et Christophe Dubois rapportent des informations qui circulaient au sein de la police:

«A peu près à la même époque [en 2003], d'autres policiers s'intéressent à ses allées et venues; en l'occurrence, des fonctionnaires du "groupe cabarets" de la brigade de répression du proxénétisme. Des informateurs leur susurrent depuis quelque temps que DSK va parfois boire un verre aux Chandelles, une boîte libertine située dans le Ier arrondissement de Paris [...], c'est là que le candidat à la présidentielle vient parfois dîner. Un jour, un fonctionnaire du "groupe cabarets" décide d'aller vérifier de ses propres yeux. Ce soir-là, Strauss-Kahn dîne en effet à la table d'à côté. Rentré au bureau, le policier rédigera un rapport, qu'il transmettra à sa hiérarchie de la préfecture de police"

Des informations qui n'ont jamais été confirmées.

D'autres femmes se sont-elles plaint de DSK?

Lors d’une conférence de presse organisée à Paris le 23 août, Douglas Wigdor, l’un des avocats américains de Nafissatou Diallo, a affirmé avoir été «contacté par de nombreuses femmes qui ont témoigné dans le monde entier» contre DSK. Même son de cloche du côté de son avocat français Thibault de Montbrial:

«Des gens se sont rapprochés de mon cabinet, qui travaillent dans l'industrie du transport, dans l'hôtellerie, dans l'organisation de congrès et même des journalistes, tout ce petit monde a cherché à savoir comment aider [...] mais parallèlement [a] exprimé de grandes craintes. […] La plupart des femmes qui ont fait l'effort se sont montrées trop craintives pour continuer.»

L’avocat a déposé une plainte auprès du tribunal de Pontoise pour tentative de subornation de témoin contre un adjoint au maire de Sarcelles, François Pupponi, qui aurait exercé des pressions sur une jeune femme de la ville.

A lire aussi sur Slate.fr: Le libertinage parisien, la chandelle par les deux bouts

DSK ET LA POLITIQUE

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DSK peut-il participer à campagne

La possibilité d'un retour de DSK dans la bataille politique française dépend de l’issue judiciaire de l’affaire, mais aussi de la façon dont elle est perçue. Le 1er juillet, Stéphane Rozès, président de la société de conseil CAP, expliquait à Slate que tout dépendait de la manière dont pourrait être blanchi DSK:

«S'il est formellement établi que son accusatrice a menti sur les faits incriminés, la popularité de Dominique Strauss-Kahn va remonter et sera même sans doute dopée par un effet de victimisation. En revanche, si la plaignante a certes menti sur son passé, mais qu'il reste des zones d'ombre sur les accusations du Sofitel, la situation sera plus compliquée pour Dominique Strauss-Kahn car il y aura toujours une incertitude néfaste.» 

Lire la suite de notre article «Reviendra? Reviendra pas?»

DSK se sentait-il menacé?

Très vite après l'annonce des faits, des politiques de gauche ou de droite se sont mis à évoquer un complot ou un piège ciblant le patron du FMI, le futur candidat à la présidentielle ou simplement un homme riche: «complot international» (Michelle Sabban), possible ou vraisemblable «piège» (Christine Boutin et le ministre de la Coopération Henri de Raincourt), «peau de banane» (le borlooiste Dominique Paillé), «manipulation» (l'essayisteJacques Attali, cofondateur de Slate.fr), évocation du «feu nucléaire» promis par la droite en cas de candidature (Jean-Christophe Cambadélis)...

Fin avril, DSK avait eu plusieurs déjeuners à Paris avec des journalistes de trois rédactions classées à gauche, Libération, le Nouvel Observateur et Marianne, et avait imaginé auprès des premiers le scénario d'«une femme [qu'il aurait] violée dans un parking et à qui on promettrait 500 000 ou un million d'euros pour inventer une telle histoire...». Le même week-end, il avait, selon Le Monde, rencontré François Pupponi, son conseiller personnel Ramzy Khiroun et le dirigeant socialiste Claude Bartolone, des hommes à qui il avait fait part de ses soupçons sur les Russes qui voudraient le faire «tomber», notamment Vladimir Poutine, «proche de Sarko». 

Cécile Dehesdin, Grégoire Fleurot et Jean-Marie Pottier

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