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Comment les dinosaures s’accouplaient-ils?

[L'EXPLICATION] Difficile de le savoir vu les fossiles disponibles, mais on dispose tout de même de quelques éléments de réponse.

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Samedi 14 avril, le Muséum d’histoire naturelle de New York inaugure une exposition sur les plus grands dinosaures ayant existé. Ceux qui auront la chance d’y aller se demanderont peut-être comment ces immenses créatures réussissaient à se nourrir à la mesure de leur taille. Mais pour ce qui est du Jurassique, l’explication a l'esprit mal tourné, d’où cette question: comment ces monstres réussissaient-ils à copuler?

Par derrière, sans doute. En fait, les paléontologues savent bien peu de choses sur l’accouplement des dinosaures, car les fossiles dont ils disposent correspondent très rarement à des tissus mous. (On a su déterminer le sexe des dinosaures il y a quelques années seulement: les femelles étaient dotées d’un réservoir de calcium aidant à la formation des œufs.)

Pénétration ou «baiser»?

Les dinosaures avaient très probablement un cloaque (chez la plupart des oiseaux et reptiles, c’est une poche située à l’extrémité du tube intestinal et qui constitue le réceptacle commun aux excrétions des voies digestives et aux produits des voies génitales). En somme, un orifice pour uriner, déféquer et se reproduire.

En partant de cette hypothèse, on peut penser que le mâle et la femelle alignaient leur cloaque de façon à ce que le pénis du mâle puisse ressortir et pénétrer dans le cloaque de la femelle (ou peut-être les dinosaures n’avaient-ils pas de pénis, auquel cas, à l’instar de certains oiseaux, le mâle répandait son sperme directement dans le cloaque de la femelle.) Les ornithologues et les herpétologues modernes appellent cette pratique un «baiser cloacal».

Le reste n’est que pure spéculation. Les paléontologues se contentent de deviner les positions sexuelles, la durée des rapports et les comportements des dinosaures. L’hypothèse la plus répandue: les mâles imposants, comme le mamenchisaurus (énorme dinosaure au cou de près d’un mètre, qui sera exposé à New York), montaient sur les femelles par derrière, comme le font les girafes et les éléphants.

Se faisaient-ils la cour?

Les mâles se livraient sans doute à un rituel de séduction des femelles, notamment en mettant en avant des parties de leur corps. L’an dernier, un groupe de paléontologues a démontré que les énormes queues ou ailerons des ptérosaures ou des pélycosaures avaient très certainement pour fonction d’attirer leur partenaire, parce que ces parties du corps des dinosaures semblent avoir grossi de plus en plus au fil des générations.

De même, certains chercheurs estiment que les sauropodes, tels que l’apatosaure (anciennement appelé brontosaure), ont vu leur cou s’allonger pour des raisons de reproduction plus que pour manger des feuilles situées très en hauteur. Par ailleurs, les tricératops, qui luttaient cornes contre cornes, le faisaient peut-être pour gagner le droit de s’accoupler.

Et la taille du sexe?

Hélas, nous ignorons presque tout des parties les plus intimes des dinosaures. Le rapport entre la taille du pénis et la taille du corps est tellement variable d’une espèce à l’autre qu’il est difficile de faire des estimations fiables à ce sujet. Certaines espèces de canards, par exemple, ne font qu’une soixantaine de centimètres et sont dotés d’un pénis allant jusqu’à 2,13 mètres 17,7 centimètres. Tandis que des crocodiles qui peuvent atteindre 4,5 mètres à l’âge adulte n’ont qu’un membre de 10 centimètres. Si on applique ces ratios aux tyrannosaurus rex, dont le corps mesure une douzaine de mètres, on obtient un pénis qui pourrait faire n'importe quelle taille entre 25 centimètres et 3,7 mètres.

Les positions font débat

Les paléontologues se sont longuement interrogés sur les positions sexuelles des dinosaures, mais peu d’éléments font l’unanimité. Par exemple, même si les rapports sexuels des gros dinosaures au cou très allongé devaient s’apparenter à l’accouplement des girafes, les chercheurs ne s’accordent pas sur la position de la tête du mâle. Certains scientifiques affirment qu’avec la tête positionnée à une hauteur importante par rapport au sol, l’afflux sanguin vers son cerveau aurait été insuffisant. Il devait donc plus certainement avoir un équilibre bassin élevé-cou baissé. D’autres disent que, dans ses quelques moments de gloire, il pouvait tout à fait élever fièrement la tête vers le ciel.

Puis, il y a la question du poids. Si les éléphantes sont parfaitement capables de supporter une bonne partie du poids d’un mâle de 7 tonnes, les dinosaures les plus lourds pouvaient peser jusqu’à 45 tonnes. Pour cette raison, un petit nombre de paléontologues pense que les espèces géantes devaient s’accoupler dans l’eau, où la flottaison du mâle soulageait la femelle.

Certains scientifiques sont totalement opposés à la théorie de la «levrette» (celle selon laquelle le mâle monte sur la femelle par derrière). Ils soulignent par exemple que, contrairement aux dinosaures, ni les éléphants ni les girafes n’ont de longues queues épaisses pour empêcher les mâles de les saillir. D’autres encore font remarquer que les épines, piques et autres plaques osseuses, parfois très volumineuses, qui surmontent le dos de certaines femelles auraient rendu une telle position inconfortable voire impossible.

Ces paléontologues suggèrent que les dinosaures devaient s’allonger côte à côte et copuler ventre contre ventre. Ou alors, le mâle et la femelle se collaient l’un à l’autre en se donnant le dos, et effectuaient un mouvement de va-et-vient. Selon une ultime hypothèse, le mâle posait trois pattes sur la femelle et plaçait sa queue sous la sienne pour joindre leurs cloaques.

Brian Palmer

Traduit par Micha Cziffra

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