Le gouvernement américain a révélé que le budget total de ses services de renseignements se monte à 80,1 milliards de dollars (j’ai été très surpris de voir l’ampleur de la part militaire de ce budget -27 milliards. Je suppose qu’une grande partie est consacrée aux satellites, qui sont sans doute la part du budget de la défense la plus négligée par les journalistes). Cela signifie que le service des renseignements dans sa totalité gère la 61ème économie du monde, plus importante que celle de chacun des pays suivants, si l’on se réfère aux estimations du FMI des PIB nominaux pour 2009:
- l’Angola
- la Croatie
- l’Irak
- la Libye
- l’Équateur
- le Soudan
- la Syrie
- le Luxembourg
- la Biélorussie
- la Slovénie
- la Bulgarie
- la République dominicaine
- le sultanat d’Oman
- la Tunisie
- la Serbie
- le Sri Lanka
- le Guatemala
- la Lituanie
- le Liban
- le Myanmar
- l’Ouzbékistan
- l’Éthiopie
- l’Uruguay
- le Kenya
- le Costa Rica
- la Lettonie
Peut-être la CIA et la NSA [l'agence de sécurité nationale, ndlr] devraient-elles
demander leur propre siège à l’Onu, comme Staline l’avait fait pour
certaines républiques soviétiques après la Seconde Guerre mondiale. Mais
alors la DIA [l'agence du renseignement pour la défense, ndlr] en réclamerait un
aussi…
Les dépenses du service des renseignements militaires des États-Unis
sont à elles seules supérieures aux économies du Panama, du Yémen ou
de la Jordanie -ce qui me rappelle la vieille plaisanterie qui a cours chez
les journalistes, selon laquelle ce dernier pays est une filiale détenue en
propriété exclusive par les renseignements américains.
Plaisanterie mise à part, j’ai l’intime conviction que nous pourrions réduire
de moitié les dépenses des services de renseignements sans y perdre
beaucoup en termes de sécurité. La question étant: quelle moitié sacrifier?
Thomas E. Ricks
Traduit par Bérengère Viennot