Monde

Les 25 meilleurs «bushismes» de tous les temps

Neuf années de faux-pas verbaux de l'ancien président américain.

Temps de lecture: 7 minutes

J'ai commencé à recueillir les faux-pas verbaux [Bushismes] de Bush en couvrant sa première campagne présidentielle.  Nous avons publié le premier dans Slate en octobre 1999 - «La question importante, c'est combien de mains est-ce que j'ai serré (sic)?» («The important question is, how many hands have I shaked?») — le développement de cette collection est devenu mon plaisir principal, peut-être mon seul plaisir, en observant cet homme.

Depuis, j'ai recueilli, avec l'aide des lecteurs de Slate, plus de 500 Bushismes. Ce qui suit est la liste de mes 25 préférés.  Il y en a beaucoup, mais à mon avis, le meilleur Bushisme a été prononcé le 5 août 2004, quand le président a déclaré : «Nos ennemis sont innovants et ingénieux, et nous aussi.  Ils n'arrêtent jamais de penser à de nouveaux moyens pour nuire à notre pays et à notre peuple, et nous aussi. »  («Our enemies are innovative and resourceful, and so are we. They never stop thinking about new ways to harm our country and our people, and neither do we.»)

On pense souvent que, puisque j'ai passé les neuf dernières années à rassembler ces Bushismes,  je déteste George W. Bush. Au contraire, ce sont les Bushismes qui me donnent de l'affection pour cet homme — et pas seulement parce qu'ils étaient une source inépuisable de revenus.  Je trouve le Bush qui massacre les mots, à la différence de celui qui massacre la politique, un personnage plutôt sympathique. Plutôt qu'un vilain, il devient un bouffon irrésistible, comme Mrs. Malaprop, Archie Bunker, ou Homer Simpson.

Bush traite les mots comme il traite les chefs d'états européens récalcitrants : quand ils ne font pas ce qu'il veut, il fait pression sur eux jusqu'à ce qu'ils cèdent. Avec son langage volontariste, improvisé et maladroit, il infléchit (légèrement) son gouvernement volontariste, improvisé et maladroit. Vous ne pouvez pas, après tout, détester quelqu'un qui regrette qu'à cause de l'augmentation du prix de l'assurance professionnelle, «trop de gynécologues et obstétriciens ne peuvent exercer leur amour avec des femmes dans le pays.»  («[t]oo many OB/GYNs aren't able to practice their love with women all across the country.»)

Bush, comme Yogi Berra, sait mettre les rieurs de son côté. C'était évident depuis le premier banquet des correspondants à la Maison Blanche, en mars 2001, quand le nouveau président a lu des extraits du premier recueil des Bushismes, qu'il a comparé au «Petit livre rouge» de Mao, sauf qu'il n'était pas en chinois. «Alors, mesdames, messieurs, il faut admettre que je vais, dans mes phrases, là où aucun homme n'est allé auparavant.»  («Now, ladies and gentlemen, you have to admit that in my sentences I go where no man has gone before.»)  Bien évidemment, il avait fait un discours décousu, en déclarant qu'il avait inventé le terme «incompris» («misunderstood»). Même là, il s'est trompé car le néologisme auquel il faisait référence était «mal-sous-estimé» (»misunderestimated»).

La capacité à rire de ses erreurs est une qualité rare pour un dirigeant. C'est une chose que George W. Bush sait faire, à la différence de Bill Clinton. Malheureusement, en disant adieu au Bushismes, nous devons bien reconnaître que c'est surtout de nous qu'on s'est moqué.

1. «Nos ennemis sont innovants et ingénieux, et nous aussi.  Ils n'arrêtent jamais de penser à de nouveaux moyens pour nuire à notre pays et à notre peuple, et nous aussi.» («Our enemies are innovative and resourceful, and so are we. They never stop thinking about new ways to harm our country and our people, and neither do we.») - Washington, DC, le 5 août 2004.
2. «Je sais combien il est difficile pour vous de mettre de la nourriture sur votre famille.» («I know how hard it is for you to put food on your family.») - Greater Nashua, N.H., Chambre de Commerce, le 27 janvier 2000.
3. «Rarement on se pose la question: est-ce que nos enfants apprend (sic)?» («Rarely is the question asked: Is our children learning?») - Florence, SC, le 11 janvier 2000.
4. «Trop de bons toubibs quittent le métier. Trop de gynécologues et obstétriciens ne peuvent exercer leur amour avec des femmes dans le pays.» («Too many good docs are getting out of the business. Too many OB/GYNs aren't able to practice their love with women all across the country.)» - Poplar Bluff, Mo., le 6 septembre 2004.
5. «Ni en français, ni en anglais, ni en mexicain.» («Neither in French nor in English nor in Mexican.») — lors de son refus de répondre aux questions des journalistes au Sommet des Amériques à Québec le 21 avril 2001.
6. «Vous apprenez à votre enfant à lire, et il ou la (sic) sera capable de réussir un examen qui teste sa capacité de lire et d'écrire.» («You teach a child to read, and he or her will be able to pass a literacy test.») - Townsend, Tenn., le 21 février 2001.
7. «Je suis le décideur, et je décide ce qui est le meilleur. Et ce qui est le meilleur pour Don Rumsfeld, c'est de rester secrétaire à la Défense.» («I'm the decider, and I decide what is best. And what's best is for Don Rumsfeld to remain as the secretary of Defense.») -Washington, D.C., le 18 avril 2006.
8. «Vous voyez, dans mon métier, il faut se répéter encore et encore pour que la vérité finisse par rentrer, pour balancer de la propagande.» («See, in my line of work you got to keep repeating things over and over and over again for the truth to sink in, to kind of catapult the propaganda.») - Greece, N.Y., le 24 mai 2005.
9. «J'ai entendu qu'on l'appelle le caniche de Bush. Il est plus grand que ça». («I've heard he's been called Bush's poodle. He's bigger than that.»), en parlant de l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, cité dans le journal le Sun, le 27 juin 2007.
10. «Et donc, Général, je veux vous remercier pour votre service. Et j'apprécie beaucoup le fait que vous ayez saisi la défaite des mâchoires de ceux qui essayent de nous battre en Irak.» («And so, General, I want to thank you for your service. And I appreciate the fact that you really snatched defeat out of the jaws of those who are trying to defeat us in Iraq») lors une réunion avec le général Ray Odierno, Washington, D.C., le 3 mars 2008.
11. «On devrait monter le gâteau» («We ought to make the pie higher.») - le débat républicain en Caroline du sud, le 15 février 2000.
12. «Il y a un vieux proverbe dans le Tennessee - je sais que cela se dit au Texas, sans doute aussi dans le Tennessee — qui dit, trompe-moi une fois, honte sur ... honte sur toi. Trompe-moi — tu ne peux pas te tromper de nouveau.» («There's an old saying in Tennessee — I know it's in Texas, probably in Tennessee — that says, fool me once, shame on-shame on you. Fool me-you can't get fooled again.") - Nashville, Tenn., 17 septembre 2002.
13. «Et il y a de la méfiance à Washington. Je suis surpris, franchement, du niveau de méfiance qui existe dans cette ville.  Et je suis désolé que cela soit le cas, et je vais vraiment travailler pour essayer de le faire monter.» («And there is distrust in Washington. I am surprised, frankly, at the amount of distrust that exists in this town. And I'm sorry it's the case, and I'll work hard to try to elevate it.») - sur National Public Radio, le 29 janvier 2007.
14. «Nous allons laisser nos amis être les soldats de la paix et le rôle de ce grand pays qu'on appelle l'Amérique sera celui d'un pacemaker.» («We'll let our friends be the peacekeepers and the great country called America will be the pacemakers.») - Houston, le 6 septembre 2000.
15. «Il est important pour nous d'expliquer à notre nation que la vie est importante. Il ne s'agit pas uniquement de la vie des bébés, mais aussi de la vie des enfants qui habitent, vous savez, dans les sombres donjons de l'Internet.». («It's important for us to explain to our nation that life is important. It's not only life of babies, but it's life of children living in, you know, the dark dungeons of the Internet.») - Arlington Heights, Ill., le 24 octobre 2000.
16. «Une des choses merveilleuses avec les livres, c'est que parfois il y a des illustrations fantastiques.» («One of the great things about books is sometimes there are some fantastic pictures.») - U.S. News & World Report, le 3 janvier 2000.
17. «Des gens demandent “qu'est que je peux faire pour aider dans cette guerre contre la terreur?  Comment est-ce que je peux battre le mal ?”. Vous pouvez le faire en servant comme tuteur pour un enfant, en visitant un malade qui reste confiné chez lui pour lui dire je t'aime. » («People say, 'How can I help on this war against terror? How can I fight evil?' You can do so by mentoring a child; by going into a shut-in's house and say I love you.» - Washington DC, le 19 septembre 2002.
18. «Alors, je pense que si vous dites que vous allez faire quelque chose et vous ne le faites pas, ça c'est la fiabilité.» («Well, I think if you say you're going to do something and don't do it, that's trustworthiness.») - chat sur CNN, le 30 août 2000.
19. «Je suis impatient de bien dormir sur la terre d'un ami.»  («I'm looking forward to a good night's sleep on the soil of a friend») -  à l'occasion d'un projet de visite au Danemark, Washington DC, le 29 juin 2005.
20. «Je pense qu'il est très important pour ce grand Etat de baseball de tendre la main aux gens de tous les milieux pour s'assurer que le sport soit intégrateur. Le meilleur moyen, c'est de convaincre les petits enfants comment  - la beauté de jouer au baseball.» («I think it's really important for this great state of baseball to reach out to people of all walks of life to make sure that the sport is inclusive. The best way to do it is to convince little kids how to-the beauty of playing baseball.») - Washington, DC, le 13 février 2006.
21. «La famille est le lieu de l'espoir pour notre nation, là où les ailes rêvent» («Families is where our nation finds hope, where wings take dream.») - LaCrosse, Wisconsin, le 18 octobre 2000.
22. «Vous savez, quand j'ai fait la campagne ici en 2000, j'ai dit : je veux être un président de guerre.  Aucun président ne veut être un président de guerre, mais je le suis.» («You know, when I campaigned here in 2000, I said, I want to be a war president. No president wants to be a war president, but I am one.») - Des Moines, Iowa, le 26 octobre 2006.
23. «Il y a une grande confiance autour de moi.  Je le sens chaque jour, quand les gens que je rencontre me disent : “Ne me décevez pas, une fois de plus”. » («There's a huge trust. I see it all the time when people come up to me and say, “I don't want you to let me down again.”») - Boston, 3 octobre 2000.
24. «Ils m'ont mal-sous-estimé.» («They misunderestimated me.») - Bentonville, Arkansaw, le 6 novembre 2000.
25. «Je serai bien loin avant que quelqu'un d'intelligent ne se rende compte de ce qui s'est passé dans ce Bureau ovale.» («I'll be long gone before some smart person ever figures out what happened inside this Oval Office.») - Washington, D.C., le 12 mai 2008.

Jacob Weisberg

Cet article, traduit par Holly Pouquet, a été publié sur Slate.com le 12 janvier 2009

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