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En Chine, une femme interpellée pour avoir porté un kimono

La police l'a soupçonnée de vouloir «troubler l'ordre public».

À retenir pour votre prochain voyage en Chine: le hanfu oui, le kimono non. | Satoshi Hirayama <a href="https://www.pexels.com/fr-fr/photo/trois-geisha-marchant-entre-les-batiments-1325837/">via Pexels</a>
À retenir pour votre prochain voyage en Chine: le hanfu oui, le kimono non. | Satoshi Hirayama via Pexels

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Guardian

À Suzhou, ville située à l'ouest de Shanghai, une Chinoise a été interpellée par des officiers de police parce qu'elle portait un kimono japonais. Selon les policiers, il s'agit d'une raison suffisante pour suspecter cette femme de vouloir créer «un trouble à l'ordre public». C'est une accusation fourre-tout, fréquemment employée par les autorités chinoises à l'encontre des dissidents politiques, des journalistes et des activistes.

Des passants ont pu filmer la scène où l'on voit un des officiers s'emporter contre la jeune femme: «Si vous étiez venue ici en portant un hanfu [tenue traditionnelle chinoise, ndlr], je ne vous embêterais pas, mais vous osez porter un kimono en tant que Chinoise!»

La femme pensait être simplement déguisée en héroïne manga de la série populaire Summer Time Rendering lorsque les agents l'ont embarquée au poste de police où elle a été interrogée pendant cinq heures, rapporte un article du Guardian.

À cette occasion, son téléphone a été fouillé et son kimono confisqué. La jeune Chinoise a déclaré par la suite que les policiers l'ont fortement incitée à ne pas ébruiter l'altercation sur les réseaux sociaux. La police de Suzhou n'a pas souhaité répondre aux questions des journalistes.

Le kimono, victime d'une hostilité persistante

Dans un contexte de montée du nationalisme en Chine, la vidéo a été visionnée par des dizaines de millions d'individus qui se sont déchaînés sur les réseaux sociaux chinois. Selon certains commentateurs, la jeune femme aurait consciemment voulu attirer l'attention sur elle, en décidant de porter un kimono à une date qui se rapproche de l'anniversaire de la capitulation japonaise.

«Le kimono ne doit pas être proscrit dans notre société chinoise. Toutefois, si une personne décide de le porter, elle doit faire attention à l'environnement qui l'entoure et éviter ainsi des controverses inutiles», pense Hu Xijin, ancien rédacteur en chef du Global Times.

D'autres internautes ont estimé que le traitement réservé à la jeune femme était excessif. Ils sont allés jusqu'à demander aux «ultra-nationalistes» de se «calmer» et en ont profité pour rappeler qu'il était courant que des touristes chinois louent des kimonos au Japon –en tout cas avant la pandémie de Covid-19.

Les tensions entre la Chine et le Japon subsistent depuis des décennies, notamment en raison de leur histoire commune. Des événements tels que la visite de responsables politiques japonais au sanctuaire Yasukuni provoquent toujours l'indignation des Chinois. L'hostilité notoire entre les deux pays s'est par ailleurs très largement accrue ces derniers temps en raison des choix géopolitiques du gouvernement japonais, qui s'est allié aux États-Unis en soutenant Taïwan face à l'expansionnisme chinois.

Dans la foulée de la médiatisation de l'arrestation de la jeune femme, la CCTV (Télévision centrale de Chine, sous contrôle de l'État) a promu un hashtag du réseau social Weibo... qui encourage les Chinois à porter le hanfu.

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