Santé / Monde

En Floride, une orpheline de 16 ans, jugée «pas assez mûre», est privée d'IVG

Une décision confirmée en appel malgré les réticences de l'un des juges.

La jeune femme avait pourtant étayé sa demande en affirmant qu'elle ne se sentait pas prête à avoir un bébé, qu'elle n'avait pas d'emploi et que le père n'était pas susceptible de l'aider. | Zhivko Minkov <a href="https://unsplash.com/photos/tHs82PkN5rg">via Unsplash</a>
La jeune femme avait pourtant étayé sa demande en affirmant qu'elle ne se sentait pas prête à avoir un bébé, qu'elle n'avait pas d'emploi et que le père n'était pas susceptible de l'aider. | Zhivko Minkov via Unsplash

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur USA Today

Il y a des décisions judiciaires qui semblent s'inscrire au-delà de toute logique, et celle-ci n'est hélas ni la première, ni la dernière. En Floride, une juge vient en effet de bloquer une demande d'interruption volontaire de grossesse émise par une Américaine âgée de 16 ans, au motif que celle-ci ne serait «pas assez mûre» pour avorter.

En raison de son âge, explique USA Today, l'adolescente avait besoin de l'avis de la justice pour pouvoir obtenir une IVG dans un cadre légal. Mais la juge du comté floridien d'Escambia, Jennifer Frydrychowicz, lui a refusé ce droit; une décision confirmée par la cour d'appel du premier district de Floride, composée de trois juges (deux hommes et une femme).

Dans le compte-rendu de la décision, on peut lire que l'ado «n'a pas établi de façon claire et convaincante la preuve qu'elle était suffisamment mûre pour pouvoir décider de mettre un terme à sa grossesse». L'un des trois juges de la cour, Scott Makar, s'est cependant désolidarisé de ses deux collègues et a demandé à ce que le cas de cette jeune Américaine soit reconsidéré.

«Le jugement a rejeté la demande mais a explicitement laissé la porte ouverte à d'autres procédures en affirmant que “la cour pense [la mineure] capable, ultérieurement, d'articuler sa demande de façon adéquate, et pourrait alors réévaluer sa décision”», écrit Makar. Une déclaration avec laquelle les deux autres juges, Harvey Jay et Rachel Nordby, ne sont pas en phase.

Esseulée et endeuillée

Scott Makar précise en outre que l'adolescente n'a ni père, ni mère, et vit chez d'autres membres de sa famille, qui sont ses responsables légaux. «Elle prépare actuellement un GED [diplôme de type bac, ndlr] et fait partie d'un programme de conseil et de soutien éducatif aux jeunes femmes ayant vécu un traumatisme, écrit-il encore. Elle venait de vivre un autre traumatisme, la mort d'un ami, peu avant de demander l'interruption de sa grossesse.»

La jeune femme avait pourtant étayé sa demande en affirmant qu'elle ne se sentait pas prête à avoir un bébé, qu'elle n'avait pas d'emploi et que le père n'était pas susceptible de l'aider. Selon Scott Makar, son erreur, qu'il juge «inexplicable», est d'avoir refusé d'être accompagnée d'un avocat, ce qui ne lui aurait rien coûté. Mais qui sait dans quel état de désorientation peut se trouver une adolescente de 16 ans, enceinte, esseulée et endeuillée, sans parents à qui demander de l'aide ni petit ami capable de la soutenir?

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